Michal Barinka, la baraka d’une armoire à glace

| jeu, 02. fév. 2012
Michal Barinka et les Dragons ont six matches à disputer jusqu’aux play-off. Il s’en est fallu de peu pour que le colosse tchèque périsse dans le crash aérien du Lokomotiv Yaroslavl. Champion du monde en 2010, l’homme se présente.

PAR THIBAUD GUISAN


«C’est encore très dur. J’ai perdu beaucoup d’amis. Sur ce coup, Dieu était avec moi et ma famille en m’envoyant dans un autre pays.» Michal Barinka est conscient d’avoir eu la baraka.
Car le défenseur tchèque de Fribourg-Gottéron, 27 ans, aurait bien pu se trouver dans le crash d’avion qui a fait périr l’entier de l’équipe de Lokomotiv Yaroslavl, le 7 septembre dernier. Michal Barinka évoluait dans le club russe de KHL l’an dernier. Et il avait reçu une offre de prolongation de contrat. «J’en ai passé du temps dans cet avion, souffle-t-il, encore ému. J’ai de la peine pour les familles des joueurs. Comment expliquer à un enfant de 6 ans qu’il a perdu son papa? Cette tragédie restera toujours dans ma tête.»
Alors, depuis, Michal Barinka relativise. Que ce soit la piqûre de tique qui l’a handicapé en début de saison ou sa blessure aux adducteurs qui l’a éloigné des patinoires durant six semaines, jusqu’à la mi-janvier. «Je me sens bien aujourd’hui, poursuit-il, jovial, dans un anglais quasi parfait. Il reste six matches de championnat avant le début des play-off. C’est toujours la meilleure partie du hockey. Les matches sont plus rapides et plus durs.»
En attendant, les Dragons se déplacent demain soir chez la lanterne rouge Rapperswil, avant de recevoir Genève samedi.


Fidèle à son poste
L’armoire à glace tchèque tentera une fois de plus d’imposer son impressionnant gabarit (1 m 92 pour 102 kg). Et sa sobriété. «Je suis un défenseur défensif. Mon rôle n’est pas d’aller soutenir les attaquants. J’aime jouer avec quelqu’un qui est plus mobile que moi.» En général, c’est Romain Loeffel.
Auteur d’un seul but cette saison, Michal Barinka n’en fait pas un complexe. «Je ne suis pas vraiment un top scorer, rigole-t-il. Mais avec vingt top scorers, une équipe ne fonctionne pas non plus… Quel que soit le pays où j’ai joué, je n’ai jamais changé mon style de jeu. En République tchèque, le niveau est similaire à celui du championnat de Suisse. En KHL, le jeu est tout aussi rapide, mais plus technique. La LNA est plus physique.»
Formé dans son pays, Michal Barinka a aussi connu la NHL avec les Chicago Blackhaws (34 matches de 2003 à 2006). La page est tournée. «Je ne considère pas que ce soit un pas en arrière d’être revenu en Europe.» En l’occurrence en Extraliga tchèque (1re division) jusqu’à la fin de la saison 2009-2010.
Entre-temps, le défenseur avait découvert la Suisse, en disputant les play-off avec Berne en 2007. «Ça m’avait plu. Avec ma femme, nous avions envie de retrouver la Suisse. En plus, je connaissais Dubé, Gamache et Rosa. Ça a pesé dans mon choix.»


Saison anniversaire
Installé à Neyruz, Michal Barinka fête cette année ses dix ans de hockey professionnel. A son palmarès, un titre de champion du monde (lire ci-dessous) mais, paradoxalement, aucun titre de champion national. «Le seul, c’est en juniors avec Budjovice, reconnaît-il. En fait, j’ai presque toujours terminé entre la quatrième et la deuxième place. L’année dernière avec Yaroslavl, nous avions été éliminés en demi-finale. Les places sur le podium, c’est bien, mais dès la saison d’après on ne se souvient plus que du nom du vainqueur.»
Fribourg a-t-il le potentiel d’un prétendant? «C’est l’objectif, sinon on ne joue pas au hockey. Pour être bons en play-off, il faut un groupe uni. Et c’est le cas à Fribourg.»


Retour sur terre
Les défaites subies contre Genève-Servette et Davos ont ramené les Dragons sur terre. «C’est vrai que c’était des leçons», reconnaît le défenseur. Le colosse reste toutefois évasif dans ses conclusions. La langue de bois est souvent celle des play-off. «Chacun doit s’améliorer, du gardien au top scorer.»
L’avenir de Michal Barinka n’est pas défini. «On verra à la fin de la saison, se contente-t-il de répondre. Ma femme est enceinte, nous attendons un deuxième enfant. De toute façon, quand on est hockeyeur professionnel, il est très difficile de dire ce qu’on fera dans une année ou deux.» Titre ou pas, Barinka espère que la baraka le portera.

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La surprise de Cologne
Michal Barinka garde un souvenir impérissable de Cologne. Et plus pour sa patinoire que pour sa dôme. Le 23 mai 2010, le défenseur y était sacré champion du monde avec la République tchèque. La victoire finale était arrachée 2-1 face à la Russie du sélectionneur Slava Bykov. «C’était d’autant plus un exploit que nous alignions presque une équipe B. La plupart de nos stars de NHL n’étaient pas là. Contre la Russie d’Ovetchkine, nous ne partions pas favoris.» Le défenseur de Fribourg-Gottéron a disputé quatre des neuf matches de son équipe: les trois rencontres de qualification, puis la première partie du tour intermédiaire… perdue face à la Suisse! «Il n’empêche, entendre l’hymne national debout sur la ligne bleue, c’était très fort! Les milliers de personnes qui nous attendaient à l’aéroport de Prague, c’était aussi très impressionnant.»
Le défenseur a également disputé les championnats du monde 2007 (7e place) et 2009 (6e). «L’an dernier, j’avais un problème de hanche. Mais j’espère encore avoir ma chance.» L’homme est suivi à la trace par le sélectionneur national, Alois Hadamczik. Qui n’est autre que son beau-père! «Il était entraîneur de 2005 à 2008 et il a repris l’équipe au printemps 2010. Il est déjà venu trois fois en Suisse. Il suit aussi les Tchèques de Davos et Petr Vampola à Genève.» TG
 

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