PAR PRISKA RAUBER
Quoi de plus agréable que de s’allonger nu sur une peau d’ours devant un feu crépitant, alors que dehors il fait –15°C? Pas grand-chose, pour autant que les pompiers ne s’invitent pas dans le scénario. Ce qui peut arriver plus facilement en période de grand froid – qui a heureusement touché à sa fin. Pratiquement pas un jour ne passe sans qu’un bâtiment soit la proie des flammes.
Entre le vendredi 3 février et hier, les services du feu ont en effet été sollicités 63 fois dans le canton de Fribourg (contre quelque 500 annuellement). Parmi les derniers, et les plus graves incendies en date, la ferme du Bourgo le 4 février à Gruyères, un chalet mardi 7 février à Rossinière et une ferme au Crêt, hier.
Les causes les plus fréquentes de ces incendies sont les feux de cheminée. «Plus il fait froid, plus les feux sont grands dans l’âtre», explique le lieutenant-colonel Guy Wicki, inspecteur cantonal des sapeurs-pompiers. Le problème vient du canal de cheminée, recouvert d’une couche de goudron, «qui se forme lorsque la combustion ne se fait pas bien, que l’on utilise du bois pas assez sec ou si l’on brûle des déchets. Ce goudron peut alors s’enflammer», précise le sapeur-pompier. D’où l’intérêt de faire régulièrement ramoner sa cheminée.
Dégeler au chalumeau
«Nous prenons ces enflammements très au sérieux, car cette couche de goudron gonfle en brûlant et forme un bouchon qui peut empêcher la chaleur de sortir, et le risque existe que le feu sorte du canal.» Et le lieutenant-colonel Wicki d’ajouter qu’en Gruyère, «il y a passablement de bornes aussi, que les anciens savent utiliser. Mais les jeunes un peu moins.» Mieux vaut ne pas y faire de trop gros feux, au risque de voir les poutres partir en fumée.
Une autre explication à l’augmentation du nombre d’incendies réside dans l’utilisation de méthodes inadéquates pour dégeler les conduites: chauffage électrique, voire carrément poste à souder et chalumeau. Mais le pompier prévient: «Je conseille d’utiliser de l’eau chaude, ou de faire appel à des spécialistes. Les conséquences de ces méthodes inadaptées peuvent être dramatiques…»
Appeler les pompiers
Sans compter que le risque n’est pas contenu au seul endroit où l’on chauffe la canalisation mais peut s’étendre, dans le cas où l’on utilise un poste à souder, à tout le système électrique. La surcharge alors occasionnée par le passage d’un courant électrique provoque bien souvent des destructions importantes dans l’installation électrique et, dans certains cas, l’incendie du bâtiment.
L’ECAB conseille de ne pas hésiter à composer le 118 au moindre départ de feu. «Même si l’on pense que l’on va pouvoir l’éteindre seul. Si les pompiers se déplacent pour rien, ils ne vont pas rouspéter ni faire des reproches, au contraire.» Même si en cette période de grand froid, les interventions sont nettement plus difficiles (La Gruyère du 7 février), puisque le matériel comme les pompiers gèlent, littéralement.
Sur l’incendie d’Ecuvillens d’ailleurs, les températures polaires ont donné des sueurs froides aux pompiers. L’emplacement de la ferme, isolée, les a notamment contraints à prendre l’eau à une borne éloignée de 700 mètres. Amplement suffisant pour geler l’eau dans les conduites.
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Dix génisses ont péri
Une ferme a brûlé, tôt mercredi matin au Crêt, au lieu-dit Les Obasseires. L’intervention rapide des pompiers a permis de préserver partiellement
la partie habitation. Personne n’a été blessé. En revanche, une dizaine de génisses ont péri dans les flammes.
La centrale d’engagement de la police cantonale a été informée à 3 h 40. «Immédiatement, plusieurs patrouilles de gendarmerie, le centre de renfort de Châtel-Saint-Denis et les pompiers de Semsales-La Verrerie se sont rendus sur place», communique la Police cantonale fribourgeoise. Les deux habitantes de la bâtisse ont été évacuées et conduites au centre de gendarmerie de Vaulruz. Deux poneys et douze génisses ont également pu être évacués. Mais l’incendie devenant trop menaçant, les intervenants n’ont pas pu sauver une dizaine de génisses qui ont péri dans les flammes.
Une enquête pénale a été ouverte pour déterminer les causes exactes de l’incendie. Pour l’heure, le montant des dégâts n’est pas connu. PR
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Sournois monoxyde
Un homme de 43 ans est décédé des suites d’une intoxication au monoxyde de carbone, mardi 7 février à Rossinière. Une femme, qui était aussi dans l’appartement, a été transportée dans un état critique aux HUG (où se trouve un caisson hyperbare).
L’intoxication au monoxyde de carbone est sournoise, «car c’est un gaz incolore, inodore, insipide et non irritant, ce qui le rend difficile à détecter par ceux qui y sont exposés», relève le chef des pompiers fribourgeois Guy Wicky.
Qui précise que toute combustion dégage du monoxyde. Ce gaz peut en effet se former quand on brûle du charbon, du mazout, du pétrole, de l’essence ou du bois. Pour prévenir les accidents, il est essentiel d’entretenir cheminées, chaudières et poêles. Quant aux signes d’intoxication, ils sont malheureusement peu détectables, car non spécifiques. Mais relevons les maux de tête, les vertiges et les nausées, ressentis notamment par plusieurs membres de la maison. PR
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