PAR CHRISTOPHE DUTOIT
Une scénographie subtile et intuitive
Pour mettre en valeur les 1200 objets exposés dans la nouvelle exposition permanente, le Musée gruérien a développé une scénographie «subtile et intuitive», selon les termes des conservateurs, adaptée aux exigences des visiteurs et aux technologies actuelles. Explication en sept points.
L'itinéraire
«Dans cette nouvelle exposition, on assume le fait de tracer un itinéraire. On donne le moyen au visiteur de s’accrocher à un fil rouge, tout en ayant la liberté de couper dans les virages, s’il ne veut pas faire les détours qu’on lui propose», explique Isabelle Raboud-Schüle, directrice du Musée gruérien. Formée de pastilles métalliques incrustées dans la moquette, la ligne pointillée trace au sol un cheminement en forme de 8. «Nous avons voulu tirer parti de l’espace, avec ce grand escalier qui débouche au centre du sous-sol.» Le visiteur circule ainsi à travers les sept chapitres de l’exposition. «Parfois, il peut avoir l’impression de sauter du coq à l’âne, sourit Isabelle Raboud-Schüle. Mais l’itinéraire est là pour le rassurer et lui dire qu’il est sur la bonne piste…»
Les sous-titres
Au sol, l’itinéraire franchit régulièrement des pastilles plus grandes, où est inscrit le sous-titre du secteur. Dès que le visiteur enjambe ce mot clé, il déclenche un détecteur qui augmente l’intensité lumineuse de la zone alentour. «Ce système d’éclairage évolutif permet au spectateur de découvrir progressivement l’exposition», souligne la directrice. Cette «mise en lumière» sélective des objets a également l’avantage de baisser l’intensité de lumière lorsque personne ne circule dans l’exposition, afin d’éviter que les objets soient insolés par une trop grande quantité d’ultraviolets. Naturellement, elle permet également des économies d’énergie…
Les tiroirs
«Ceux qui me connaissent vont rigoler, car j’ai déjà utilisé ce système de tiroirs dans d’autres musées», note Isabelle Raboud-Schüle. Incrustés dans des vitrines,
85 tiroirs servent d’écrins à des documents en deux dimensions, qui permettent d’approfondir la connaissance de la thématique en regard. «Les tiroirs permettent de montrer des documents rares et précieux en toute sécurité, comme un parchemin de la main des comtes de Gruyères.» Là aussi, la source lumineuse s’enclenche lors de l’ouverture (et se déclenche à la fermeture). Certains tiroirs lancent même une bande-son, comme la lecture à haute voix lorsque l’écriture est difficilement lisible…
Les postes audiovisuels
Peu de gens s’en souviennent, mais l’ancienne exposition permanente disposait déjà d’un impressionnant diaporama avec trois écrans, à la pointe de la technologie… en 1978. Aujourd’hui, neuf postes audiovisuels diffusent des extraits du Cinéjournal, d’émissions de télévision, de documents radio en rapport avec le chapitre dans lequel ils se trouvent. La plupart figure dans le DVD qui accompagne les catalogues de l’exposition intitulés La Gruyère dans le miroir de son patrimoine.
Les objets à toucher
Nouveauté de l’exposition, les visiteurs (petits ou grands) ont le droit de toucher certains objets. Ils peuvent arranger des vaches à la suite d’une désalpe, poser des tavillons sur un pan de toit, démonter la maquette d’une ferme. Certains postes sont clairement destinés aux enfants, comme un jeu de mémorisation sur la ville de Bulle ou un puzzle magnétique sur les armoiries des villages.
Les vitrines chronologiques
A plusieurs endroits du musée, le visiteur rencontre des vitrines chronologiques. «Elles permettent de différencier le passé, de dire qu’il n’y a pas qu’un seul passé.» De –1800 à 2001, elles montrent des objets emblématiques de certaines époques. «Elles ont pour but de fixer des dates. De dire que les Romains étaient là avant le comte de Gruyères…»
l l’usage de la photographie
Depuis l’acquisition, en 2002, des fonds Glasson et Morel, le Musée gruérien dispose d’une importante collection de photographies. «Certaines images ont été utilisées comme illustrations dans les vitrines, pour avoir davantage de présences humaines dans le musée», explique Isabelle Raboud-Schüle. Toutes les images sont également reproduites, dans leur cadrage original, dans plusieurs albums à consulter durant la visite.
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Ce week-end, l’institution sera ouverte gratuitement au public (sa 10 h-17 h, di 13 h 30-17 h). Des visites guidées de la nouvelle exposition permanente seront proposées par les conservateurs, ainsi que des rencontres et des dédicaces avec les auteurs du catalogue La Gruyère dans le miroir de son patrimoine. Plusieurs animations seront également à disposition des enfants.
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