PAR VALENTIN CASTELLA
A quelques heures du premier acte des play-off qui oppose, ce soir à 19 h 45, les Fribourgeois aux Luganais, l’ambiance de la séance hebdomadaire d’entraînement semble plutôt bon enfant. Pourtant, «la guerre», comme le décrit l’attaquant Christian Dubé, va bientôt commencer. Dire que les hommes d’Hans Kossmann s’en vont à l’assaut de ces quarts de finale la fleur au fusil serait usurpé. Non, ils ont tout simplement confiance en leurs moyens. Comment ne pas l’être lorsqu’une formation termine à la troisième place du classement, le tout en ponctuant un championnat sans histoire et même de manière très régulière?
Sauf que l’adage est bien connu dans le monde du hockey et Christian Dubé n’oublie pas de le mentionner: «Tout est à refaire. Les play-off, ça commence à 0-0.» A quoi doivent alors s’attendre les Fribourgeois face à des Tessinois qui ont alterné le bon et le moins flamboyant tout au long de l’exercice? Tous les deux anciens pensionnaires de la Resega, Christian Dubé et Tristan Vauclair décortiquent leurs adversaires du jour et présentent une confrontation qui s’annonce plus indécise qu’il n’y paraît.
Deux portiers de talent
Les derniers remparts sont la base du succès d’une série de play-off. Et, ce soir, les spectateurs auront tout loisir d’observer deux gardiens reconnus dans le championnat de Suisse. Si une génération les sépare, Cristobal Huet et Benjamin Conz devront assumer un rôle tout aussi primordial. Beaucoup plus expérimenté, le Français part avec un avantage certain malgré des play-off manqués la saison dernière. Au Tessin, Benjamin Conz a parfois été abandonné par sa défense. Mais il prouve depuis deux ans qu’il fait partie des meilleurs. «Si Langnau s’est qualifié pour les play-off l’hiver dernier, c’est en grande partie grâce à lui»,
reprend Christian Dubé. Tristan Vauclair confirme: «Lors de son arrivée à Lugano, il a dû faire face à plus de pression. Aujourd’hui, il a trou-vé ses marques.» Ce jeune talent fera-t-il barrage aux ambitions fribourgeoises? «Bien sûr, il a quelques points faibles. Mais je ne vais pas les dire dans les journaux», sourit Christian Dubé. «Pour marquer, il faudra absolument qu’il soit gêné par le trafic devant le but, explique son coéquipier. Sinon, ce sera très difficile.»
Le système de jeu
Autre obstacle pour les hommes d’Hans Kossmann: le système défensif tessinois, bien plus performant ces derniers mois: «L’arrivée de Larry Huras a fait beaucoup de bien à cette équipe, analyse le Québécois. Je le connais pour avoir joué sous ses ordres durant deux saisons. C’est un entraîneur qui prône le jeu défensif. Et ça semble bien fonctionner à Lugano.» Sauf que les Tessinois ont tout de même encaissé 150 buts en 50 matches, soit une moyenne de trois par rencontre, ou 30 de plus que les Fribourgeois. «Pour les battre, nous devrons utiliser notre principal atout qui est la vitesse, se projette le numéro 96. Car nous connaissons cette équipe et nous savons qu’elle va nous attendre pour profiter des moindres espaces.»
Du talent
Si la défense a souvent été décriée, le talent des Luganais n’a jamais été remis en cause. L’effectif de l’entraîneur canadien abonde de joueurs capables de faire la différence à tout instant, comme le confirme Tristan Vauclair, qui évoluait encore la saison dernière sous les couleurs tessinoises. «Les Luganais ont toujours bénéficié de grandes aptitudes techniques. Et, pour avoir joué avec la plupart d’entre eux, je peux vous dire qu’ils ne manquent pas de talent. Il faudra absolument éviter les pénalités. Le power-play est une de leurs grandes forces.» Pour cela, Christian Dubé espère que son équipe aura les moyens de reproduire ce qu’elle a fait de mieux cette saison, à savoir «donner le tempo au match et prendre le jeu à son compte».
L’impact physique
Brett McLean (33 ans), Jaroslav Bednar (35 ans), Hnat Domenichelli (36 ans), Kimmo Rintanen (38 ans et actuellement convalescent) ou Petteri Nummelin (39 ans): autant de personnalités qui se sont montrées décisives cette saison. Des joueurs d’expérience, certes, mais également à la carrière déjà bien entamée. Est-ce un avantage pour les Fribourgeois? «L’âge n’a pas beaucoup d’importance, surtout lors des premiers matches, assure Christian Dubé, du haut de ses 34 ans. C’est peut-être seulement sur la longueur que cet aspect peut avoir un petit rôle. Par contre, nous aurons un avantage certain en ce qui concerne l’impact physique. Nous sommes meilleurs et nous devrons en profiter.»
L’état d’esprit
A les voir travailler fort, mais également s’amuser ensemble sur la glace lors des séances d’entraînement, les joueurs de Fribourg-Gottéron semblent pouvoir s’appuyer sur un esprit irréprochable. Et qu’importe si les play-off commencent dans quelques heures: «Je ne ressens pas encore trop de tension dans les vestiaires, confie Tristan Vauclair. Tout le monde est serein et semble impatient de commencer enfin ces play-off.» Une force qui peut faire la différence? «Oui, peut-être, ajoute le Jurassien. La saison dernière à Lugano, l’état d’esprit n’était pas flamboyant. Mais nous étions en play-out. Maintenant, j’imagine que tout va mieux et que le groupe est également soudé. Le fait que Lugano aligne plusieurs joueurs de caractère n’est pas un gage de mauvaise ambiance. En début de saison, certains imaginaient cette situation à Fribourg. Et le résultat a été tout autre.»
L’avantage de la glace
«Je peux vous affirmer que, lorsque je joue ici à Fribourg, je préfère nettement défendre les couleurs de Gottéron, sourit Christian Dubé. En tant qu’adversaire, ce n’est jamais facile de venir dans cette patinoire.» Jeudi, les protégés d’Hans Kossmann commenceront la série à la maison. De quoi se montrer aussi confiants que vigilants: «Nous avons battu plusieurs fois de suite les Tessinois et je suis certain qu’ils nous attendent au tournant, prévient Tristan Vauclair. Ils vont arriver comme des fous pour tenter de créer l’exploit dès le premier acte.» Cette rencontre a d’autant plus d’importance qu’elle lance la série: «Nous ne devons pas calculer, imaginer tel ou tel scénario, anticipe Christian Dubé. La seule façon de l’emporter, c’est de développer notre hockey sans nous projeter plus loin que la fin d’un tiers. Nous jouons à la maison pour commencer. A nous de profiter de cet avantage. La suite, nous l’envisagerons samedi.»
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«Des débats équilibrés»
Hans Kossmann entame ce soir ses premiers play-off en tant que coach principal. Le Canado-suisse sera privé de Pavel Rosa, toujours freiné par des douleurs aux adducteurs. Il manquera les deux premiers matches de cette série. Excepté l’attaquant tchèque, l’entraîneur pourra compter sur l’entier de son effectif. De quoi se montrer serein.
Hans Kossmann, les play-off arrivent enfin…
Oui, les choses sérieuses commencent. Ces derniers jours, j’ai senti un changement dans l’équipe. A l’entraînement, les joueurs sont beaucoup plus concentrés. Je vois bien qu’ils ont hâte de commencer.
Peut-on considérer Lugano comme un bon tirage?
Certes, nous avons cette saison un bilan positif face aux Tessinois. Mais cette équipe n’est pas facile à jouer. A mon avis, les débats seront très équilibrés. Et on sait tous que le premier tour des play-off est toujours difficile à gérer. Les équipes sont encore fraîches et chaque match se transforme en une bataille.
Fribourg-Gottéron est pourtant considéré comme le favori, contrairement aux années précédentes…
Oui. Mais ce changement de statut ne devrait pas avoir d’incidence, car nous jouons les premiers rôles depuis le début de la saison. La mentalité des joueurs a changé. Ils sont maintenant habitués à gagner. Ils entament ces play-off avec l’intention d’aller en demi-finale, contrairement à l’année dernière, lorsqu’ils semblaient déjà résignés avant même de commencer.
Vous affronterez Larry Huras, avec qui vous avez collaboré à Berne. Avez-vous eu des contacts avec lui ces derniers jours?
Il m’a téléphoné pour me féliciter de la saison accomplie. Ensuite, il m’a demandé en rigolant si je pouvais lui transmettre plusieurs de mes tactiques avant le premier match (rires).
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