En dialogue avec l'espace

| sam, 17. mar. 2012
André Kuipers se trouve pour six mois dans l'ISS
Les apprentis de la base aérienne de Payerne vont s’entretenir ce 21 mars avec un astronaute de la Station spatiale internationale. Dix minutes de conversation, le temps pour la navette de survoler la Suisse. Claude Nicollier soutient l'opération.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Mercredi, de 9 h 39 à 9 h 49, la Station spatiale internationale (ISS) survolera le ciel suisse. Rien de plus banal. De nuit, par temps clair, on peut même l’apercevoir, point lumineux qui file sur l’horizon. Mais ce passage restera inoubliable pour les 32 apprentis polymécaniciens et électroniciens de la base aérienne de Payerne. Ils vont dialoguer pendant quelques minutes avec André Kuipers, un astronaute néerlandais qui travaille dans la station.
C’est grâce à un équipement de radio amateur que cette liaison est possible. Des antennes ont été installées à côté du Musée de l’aviation militaire Clin d’ailes à Payerne. Elles font écho à d’autres antennes, placées sur la station dans le cadre du programme ARISS (Amateur Radio on International Space Station). Le dispositif est simple. L’impression finale est celle d’une communication téléphonique. Une gageure, si l’on sait que la station se déplace à 28000 km/h, à une altitude d’environ 350 km.


Pas d’hésitation
Par contre, la durée est limitée. Ces dix minutes correspondent à l’arrivée de la navette dans l’horizon suisse, son passage au-dessus du pays, puis sa disparition. L’opération est minutée. «Les questions doivent bien partir, sans hésitation», souligne Claude Nicollier, président de la fondation du Musée de l’aviation militaire de Payerne.
Les apprentis ont été soutenus par le premier Suisse à avoir été envoyé dans l’espace. Claude Nicollier sera également présent mercredi, pour lancer la communication. Il faut dire qu’André Kuipers est l’un de ses amis proches. «Un homme chaleureux, d’une grande richesse intérieure», estime Claude Nicollier. Le Néerlandais, médecin de formation, a décollé fin décembre de Baïkonour au Kazakhstan. Il doit rester jusqu’au début de l’été dans la Station spatiale internationale, où il travaille avec trois Russes et deux Américains.
Vingt questions lui seront posées, en anglais. «Les apprenants en ont imaginé une centaine. Nous avons choisi les meilleures», souligne Reto Ramseier qui s’occupe de formation sur la base aérienne de Payerne. Leur teneur exacte n’a pas été dévoilée, mais elles concernent la vie dans la navette. «Les jeunes ont préparé de très bonnes questions», se félicite Claude Nicollier.


Tombé à Bellegarde
Ce projet n’est pas récréatif, il est accompagné d’un enseignement. C’est à cette condition qu’un contact avec l’ISS peut être planifié. En plus de cette conversation avec André Kuipers, les jeunes ont réalisé un travail lié à l’espace.
Un ballon stratosphérique, qui contenait différents équipements techniques, a été lancé jeudi. Grâce à une caméra vidéo, sa montée a été filmée. Le paysage au sol a été photographié, les températures mesurées. Météosuisse s’est associé à cette opération. Après avoir explosé à 32500 mètres d’altitude, le ballon est retombé près du village de Bellegarde, sur un arbre. La sonde a pu être récupérée et les données seront exploitées par les étudiants.


Depuis près de trente ans
Les liaisons de radio amateur entre l’ISS et la terre sont régulières. C’est l’astronaute Owen Garriott qui emmena le premier équipement de ce type dans la navette Columbia au début des années 1980. «Il voulait parler avec ses copains texans», rigole Herbert Aeby, président du groupe radio amateurs du Musée Clin d’ailes.
Depuis, le projet s’est développé. Ses principaux objectifs sont de sensibiliser, éduquer et susciter de l’intérêt pour la science auprès des jeunes. Mais cet équipement constitue aussi un réseau d’urgence pour les occupants de l’ISS. Des radios amateurs existent aux quatre coins du globe. Les chances sont grandes qu’un appel au secours puisse être intercepté.
Le Musée Clin d’ailes n’en est pas à sa première. Par son intermède, des étudiants du Gymnase intercantonal de la Broye avaient pu dialoguer avec l’astronaute Thomas Reiter, en 2006. «Une aventure extraordinaire qui n’a laissé personne indifférent», témoignent les radioamateurs impliqués.

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