PAR THIBAUD GUISAN
Le même petit gabarit, mais pas le même statut. Andreï Bykov déclare 173 cm pour 70 kg, Sandro Brügger 170 cm pour 68 kg. Le premier est une pièce maîtresse de Fribourg-Gottéron, le second un joueur en devenir. L’attaquant de Marly (24 ans) et celui d’Alterswil (20 ans) espèrent être à la fête, ce mardi à domicile lors de l’acte III du quart de finale contre Lugano (coup d’envoi à 19 h 45).
Samedi au Tessin, les deux attaquants ont marqué l’acte II chacun à leur manière. Auteur, comme jeudi dernier, d’un but et d’un assist, Andreï Bykov a porté ses coéquipiers vers une victoire 4-2. Sandro Brügger se souviendra du match pour une autre raison: c’était sa première partie de play-off en LNA. «Je n’étais que le treizième attaquant, mais c’était cool», glisse celui qui était surnuméraire lors de l’acte I.
Le Singinois, qui vit sa première saison en LNA, a dû se contenter de trois apparitions durant le premier tiers-temps. D’abord associé à Sprunger et à Bykov, ensuite aux côtés de Dubé et de Gamache, puis avec Knoepfli et Jeannin. «On a même eu une occasion de marquer lors de mon premier shift, savoure le néophyte. L’ambiance était incroyable. Sur la glace, le jeu est encore plus rapide qu’en saison régulière. Et il y a beaucoup de checks.»
Les deux premières rencontres ont permis à Fribourg et à Lugano de finir de s’apprivoiser. «Nous nous ressemblons, estime Andreï Bykov. Les deux équipes alignent des routiniers et des jeunes. Lugano est très homogène. On l’a vu lors des deux premiers matches: ses troisième et quatrième lignes ont marqué. Notre atout, c’est peut-être d’avoir un gardien plus expérimenté. Mais Conz (n.d.l.r.: le gardien luganais) est excellent depuis le début de la série.»
Sandro Brügger rebondit: «Lugano est rapide. Nous savions que la série serait dure. Ce sont surtout nos supporters qui sont redescendus sur terre.»
La clé de Bykov
A coup sûr, Andreï Bykov détient une des clés de cette série: le rendement de la triplette qu’il compose avec Julien Sprunger et Benjamin Plüss. Ensemble, les trois attaquants ont inscrit près du tiers des 156 buts marqués en saison régulière: 8 pour Bykov, 15 pour Plüss et 27 pour Sprunger. «J’ai la chance de jouer avec deux “maximalistes” qui vont à leur limite, glisse Andreï Bykov. Nous sommes très différents dans notre style de jeu et nous nous complétons bien. Julien est un buteur pur et il voit très bien le jeu. Beni est un gros travailleur, en plus très adroit devant le but adverse.»
De son côté, Sandro Brügger espère simplement renouer l’expérience sur la glace. «C’est moins stressant qu’en tribune», sourit le jeune homme.
Junior élite la saison dernière, Sandro Brügger a déjà réussi son championnat, en disputant 38 matches de saison régulière. «Je suis super content. Quand j’ai signé pour cette saison, il était prévu que je joue en LNB. J’ai bien travaillé durant la préparation cet été et l’entraîneur Hans Kossmann m’a donné ma chance. C’est une belle récompense.»
Le style Kossmann semble également plaire à Andreï Bykov. «Le système a changé. Il favorise le jeu de notre ligne. A titre personnel, j’ai plus de responsabilité.»
Sous contrat jusqu’en 2014, Andreï Bykov n’en dira pas plus sur lui. Le Marlinois se lâche par contre lorsqu’on évoque son jeune coéquipier. «Sandro ne manque pas de culot. Pour sa première saison en LNA, il montre une belle assurance. Il a une bonne vision du jeu et de la vitesse. On l’a vu dès cet été quand il nous a rejoints. Et il a du sang-froid. Même quand le score est serré, il montre une certaine routine.»
Engagé pour une saison, Sandro Brügger a prolongé son contrat de deux ans cet automne. «J’essaie d’exploiter mon patinage. En juniors, j’étais un buteur. Mais je veux prendre du poids. Je vais travailler la force l’été prochain pour être plus solide sur la glace», promet-il.
Avant de glisser à propos de son aîné: «J’ai suivi le parcours d’Andreï depuis ses débuts avec la première équipe. Il a le même gabarit que moi: en le voyant, je me suis dit qu’il était possible de s’imposer en LNA.» Dont acte.
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René Matte aime la route
FR-Gottéron voyage bien. Hors de leur patinoire, les Dragons ont présenté la meilleure défense du pays en saison régulière, avec 57 buts concédés en 25 matches.
Les déplacements, c’est aussi le truc de René Matte, l’entraîneur-assistant. Et avec 311 km entre Fribourg et Lugano, le Canadien est comblé. «Après les matches, je prépare toujours un montage vidéo pour le lendemain. Mon travail se termine vers 2 h du matin. L’avantage avec les longs déplacements, c’est que, quand je descends du car, j’ai fini à 90% mon travail.» Le défi? Proposer un résumé d’une dizaine de minutes. «Après les matches, je reçois directement un DVD de la ligue. Il y a entre 350 et 400 séquences à trier. Le lendemain, je visionne d’abord les images avec Hans Kossmann, puis nous les montrons aux joueurs, juste avant l’entraînement sur la glace. Le rituel ne change pas en play-off.»
Les enseignements des deux premiers duels face à Lugano? «Nous n’avons vu notre équipe que lors du deuxième match. Il y avait une bonne implication physique, des mises en échec, de la rapidité et du mouvement dans le jeu. C’est tout ce qui nous a manqué jeudi dernier…» TG
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