"Les milieux touristiques ont besoin d’avoir une crédibilité"

| jeu, 05. avr. 2012
L’affaire du télésiège de Vounetz a révélé des tensions. Invité à démissionner de son poste de président, Raoul Girard répond. La réorganisation se précise. Décision mardi prochain.

PAR SOPHIE ROULIN


Les questions et les débats liés au dépassement budgétaire du télésiège de Vounetz ont fait apparaître des tensions dans les milieux touristiques qui sont remontées jusqu’au Grand Conseil. Dernière pique en date, celle du président de la société d’économie mixte Remontées mécaniques fribourgeoises SA, Philippe Menoud, qui a suggéré, sans le nommer, que Raoul Girard, président de La Gruyère Tourisme (LGT), démissionne de ses fonctions (La Gruyère de samedi dernier).
En cause, les positions exprimées par Raoul Girard, notamment dans le cadre de son mandat de député. En 2008, le Bullois ne s’était pas montré favorable à l’aide de 25 mio octroyé aux stations pour le renouvellement de leurs installations. Des positions que d’aucuns considèrent comme «schizophréniques» par rapport à son rôle de président de LGT et qui iraient à l’encontre des «idées majoritaires» dans la région. Raoul Girard, par ailleurs conseiller communal de Bulle, donne sa vision.

Comment répondez-vous à cette attaque contre vos positions?
Je ne vais pas répondre à l’attaque, mais je vais repréciser comment je conçois mon rôle. Les milieux touristiques dont j’ai la charge de faire la promotion ont besoin d’avoir une image de crédibilité totale. J’ai toujours travaillé dans cette direction. Il y a beaucoup d’intérêts personnels en jeu, mais je crois que la plupart des acteurs du milieu touristique travaillent dans cette même direction.
Et, quand il y a une zone d’ombre, je pars du principe que c’est mon devoir de poser des questions pour que cette image des acteurs du tourisme reste la plus favorable possible. Pour le dernier sujet en date, j’imaginais qu’il était important qu’on réponde à un certain nombre d’interrogations. Des réponses plus précises auraient permis de clarifier la situation et d’éviter tout doute.

Des doutes de quelle nature?
Le tourisme est un milieu où il y a des intérêts personnels et, en tant que président de LGT, je dois gommer tout cela en faveur de l’intérêt régional. Le tourisme est une branche économique qui, contrairement à d’autres, est soutenue par des collectivités publiques. Si on veut que cela soit encore le cas à l’avenir, il faut que la crédibilité ne soit jamais entachée.

Vous vous sentez donc toujours à votre place à la tête de cette organisation?
Le jour où je privilégierai des intérêts personnels plutôt que la crédibilité de la région, je me poserai la question. Mais là, je suis pile dans mon rôle de président. Je précise d’ailleurs qu’il n’y a pas de jetons de présence pour le comité de LGT, à la tête duquel j’ai été réélu l’année dernière pour cinq ans, et que je ne suis pas rémunéré pour ce travail. Je n’y ai aucun intérêt personnel, ce qui n’est pas le cas de tous.

Quelle est votre vision du tourisme en Gruyère?
Dans notre région, le tourisme est pluridisciplinaire, avec un nombre d’activités phénoménales. Qui passent par le tourisme de sites, de musées, par le sport – dont le ski et la randonnée – par les activités wellness et l’événementiel, avec Espace Gruyère notamment. Il n’existe pas une vision simple. D’autant que la région est énormément visitée grâce à l’attractivité de Gruyères. Il s’agit plutôt d’un équilibre à trouver.

Et les remontées mécaniques?
Elles sont un maillon important de tout cet ensemble et je ne l’ai jamais nié. Si on doit se passer ne serait-ce qu’un été du téléphérique du Moléson, c’est très pénalisant pour le reste de la région. Tout est lié: le jour où un pan de cet ensemble est en baisse, cela affectera les autres acteurs. C’est pour cela qu’il faut trouver un équilibre et que mon rôle est de travailler à cette globalité.

LGT fonctionne sur le modèle actuel depuis 2005. Ce modèle doit-il être revu?
Non, il faut continuer à vendre la Gruyère en tant que région. C’est ce nom qui est connu et qui est porteur pour tous. D’ailleurs, les prestataires sont satisfaits par les résultats atteints. Notamment en 2011, qui a été une année exceptionnelle. Mais il faut bien voir que l’offre est exceptionnelle. Quelle autre région propose dans un périmètre aussi restreint autant d’activités différentes à ses visiteurs? Le fonctionnement actuel a ajouté beaucoup de professionnalisme dans l’accueil et dans la promotion.

Qu’en est-il des critiques faites à La Gruyère Tourisme dont certains considèrent qu’elle ne s’investit pas assez dans les manifestations locales, notamment dans le SlowUp?
En l’état et avec les moyens qui sont les nôtres, on se concentre sur nos tâches: la promotion et la gestion des offices du tourisme. Vu les résultats obtenus, on ne doit pas faire trop faux. LGT ne peut pas être un sponsor et elle ne doit pas devenir l’organisatrice de la Corrida bulloise ou du Carnaval de Broc, mais elle doit participer à leur promotion. Pour le SlowUp, qui joue un rôle dans la promotion de la région, on s’investit depuis cette année davantage d’un point de vue administratif.

Les restructurations en cours à Charmey vous inquiètent-elles?
Que des réflexions soient menées dans un pôle ne me gêne pas. LGT a d’ailleurs participé à certaines discussions. Et, dans l’opérationnel, la direction principale, qui veut qu’on vende la région, sera maintenue.

N’empêche que le financement de LGT est mis en cause…
Non, pas le financement global. Mais deux conventions nous lient avec Charmey, l’une avec la commune et l’autre avec Charmey Tourisme Services SA. En cas de restructuration, ces conventions peuvent être remises en cause et rediscutées entre partenaires.

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Pour promouvoir la vallée
La restructuration du tourisme de la vallée de la Jogne se concrétisera mardi prochain. Date à laquelle la Société de développement tiendra son assemblée générale et se muera en une nouvelle association nommée Charmey Tourisme, déjà évoquée l’automne dernier. En feront partie les quatre communes de la vallée (les 4C pour Cerniat, Charmey, Châtel-sur-Montsalvens et Crésuz) et toutes les personnes physiques et morales qui verseront des contributions.
«La volonté est d’avoir une structure dévouée au tourisme plutôt qu’à l’opérationnel.» Félix Grossrieder, syndic de Charmey, l’a rappelé lundi soir durant une séance d’information organisée par les exécutifs des quatre communes concernées. C’est que la nouvelle structure nécessitera des ressources financières. Les assemblées des 4C se prononceront prochainement sur le budget transitoire de cette nouvelle structure, soit un total de 160000 francs, divisés selon une clé de répartition.
Pour étoffer le financement futur de cette structure, les exécutifs ont d’autres idées. D’une part, ils veulent introduire une taxe obligatoire sur le tourisme. D’autre part, ils suggèrent une hausse des taxes de séjour local, en les fixant au maximum légal. Sauf que, selon la convention qui lie actuellement les structures touristiques de la Jogne à La Gruyère Tourisme (LGT), 80% de cette taxe est reversée à cette dernière. «Il n’est pas question que cette hausse serve à financer La Gruyère Tourisme», a souligné Félix Grossrieder. Pour lui, la convention doit être rediscutée et LGT doit introduire une taxe régionale, possible selon la loi et appliquée dans les districts de la Veveyse, du Lac et de la Broye, pour se financer.
A l’heure des questions, c’est surtout le poids des communes dans la nouvelle association qui a fait discuter. Les édiles et les citoyens présents souhaitent en effet que les communes, principales bailleresses de fonds de la future Charmey Tourisme, restent maîtresses de la situation. SR
 

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