Expertises attendues sur la cause du sinistre

| ven, 31. aoû. 2012
Une explosion a fait un mort et quatre blessés sur le chantier des caves de la Tzintre, jeudi. Devant la situation complexe, le plan d’urgence cantonal a été décrété. La production estivale semble être intacte.

PAR SOPHIE ROULIN


Un Fribourgeois de 33 ans a perdu la vie au cours d’une explosion qui s’est produite jeudi à 13 h 46 sur le chantier des nouvelles caves à fromages de la Tzintre, à Charmey. Quatre autres hommes ont également été blessés, dont trois grièvement. Le gaz est à l’origine de l’explosion et de l’incendie qui a suivi. Devant la complexité de la situation, le plan d’urgence cantonal a été décrété.
Une quinzaine de personnes s’affairaient sur les lieux au moment du drame, essentiellement des employés d’entreprises œuvrant aux travaux de finition du bâtiment. Ce dernier, cons-truit pour abriter les caves de la Coopérative des producteurs de fromages d’alpage et la fromagerie de la Société de laiterie de Charmey, aurait dû être inauguré ce vendredi. Cette manifestation, comme les portes ouvertes de ce samedi, a été annulée.


Conditions difficiles
«Les opérations de secours ont été rendues difficiles en raison de la présence de gaz et de fumée. De plus, on ne savait pas combien de personnes se trouvaient à l’intérieur du local où a eu lieu l’explosion», expliquait jeudi en fin d’après-midi Martin Helfer, inspecteur cantonal adjoint des sapeurs-pompiers. «Nous avons décidé de déclencher le plan d’urgence pour resserrer la puissance des recherches.»
Les moyens engagés étaient importants: de nombreux policiers, les sapeurs-pompiers du corps local et du Centre de renfort de Bulle, quatre ambulances, dont une du Pays-d’Enhaut, et trois hélicoptères de la Rega étaient sur les lieux. Vers 16 h 30, le préfet de la Gruyère, Patrice Borcard, affirmait: «Nous avons la certitude maintenant qu’il n’y a plus personne à l’intérieur.»
Hier matin, la police communiquait que l’identité des victimes était désormais connue. Agé de 33 ans, l’homme décédé était un ressortissant fribourgeois. Son frère de 32 ans, établi dans le canton de Vaud, figure parmi les quatre blessés. Au nombre desquels on compte un Bernois de 35 ans et deux hommes de 35 et 49 ans, établis dans la région. Grièvement blessés, trois d’entre eux ont été héliportés vers les hôpitaux universitaires de Lausanne, Berne et Zurich.


Chauffage à gaz conforme
L’explosion s’est produite dans le local technique abritant le système de gestion du chauffage, alimenté au gaz. «Les contrôles de conformité avaient été effectués en début de semaine, il ne restait que le raccordement à réaliser», indique Jean-Paul Meyer, président de la commission de bâtisse. Ce que confirme l’entreprise Vitogaz: «Notre collaborateur, actuellement hospitalisé à Zurich, était sur place pour participer à la mise en service de la chaufferie», explique la société dans un communiqué.
Contacté hier par téléphone, Patrick Kocher, membre de la direction de Vitogaz Switzerland SA: «Le type de chaudière installé à Charmey n’a rien de particulier. Nous en faisons beaucoup de semblables.» L’entreprise attend les résultats de l’enquête pour en savoir plus sur les causes de ce sinistre.


Procédure ouverte
Chargé de l’affaire, le procureur Michel Favre est arrivé sur les lieux du drame jeudi en fin d’après-midi. Il a ouvert une procédure contre inconnu pour homicide par négligence, lésions corporelles graves par négligence et incendie par négligence. La police scientifique et les experts mandatés, notamment des spécialistes du domaine du gaz, se sont affairés jeudi et hier. L’estimation des dégâts reste encore difficile, puisque c’est essentiellement la partie technique du bâtiment qui a été endommagée.
«Des conduites ont fondu, de l’isolation a brûlé, de l’eau s’est infiltrée dans les sous-sols, les systèmes électriques ne fonctionnent plus…» Profondément touché, André Remy, président de la Coopérative, ne pouvait analyser davantage la situation. «Mais les conséquences matérielles ne sont rien en comparaison des dégâts humains.»

 

----------------

 

Emotion dans la région
Jeudi, sous une pluie battante, les employés des diverses entreprises et les passants sont longtemps restés à observer les secouristes. Pas par voyeurisme, mais parce que l’émotion était vive. «Toute la région est touchée», commentait le préfet Patrice Brocard. Il faut dire que le drame est survenu un jour avant l’inauguration des caves de la Coopérative des producteurs de fromages d’alpage. Un projet en discussion depuis bientôt vingt ans.
Hier, le bureau du Grand Conseil a fait part d’un message de soutien après le drame survenu. «Une pensée particulière est adressée aux responsables et aux collaborateurs de l’entreprise concernée.» Sans oublier les familles et les proches du défunt et des blessés.
De son côté, le père Jacques Le Moual, curé de Charmey, a célébré une messe en faveur de la victime et des blessés hier matin. «On sent beaucoup d’émotion, mais on ne sait pas grand-chose pour l’heure.» SR

 

-----------

 

Les fromages semblent intacts
L’explosion a eu lieu dans le local de chaufferie du bâtiment en cours de finition à la Tzintre. Un local commun à la Société de laiterie de Charmey et à la Coopérative fribourgeoise de producteurs de fromages d’alpage. Si l’inauguration était prévue ce week-end, la fromagerie ne devait pas entrer en fonction avant la fin septembre. Mais les caves, elles, étaient opérationnelles depuis juin, début de la saison d’estivage.
Au moment du sinistre, plus de 5000 meules de gruyère et de vacherin se trouvaient déjà sur les étagères des caves d’affinage. «On a eu très peur jeudi, d’autant qu’on ne pouvait pas accéder aux locaux, expliquait hier après-midi André Remy, président de la Coopérative. Mais il semble que les caves n’aient pas été atteintes par la fumée.»
Selon les normes en vigueur, un mur coupe-feu sépare les caves des corridors communs à la fromagerie et à la Coopérative. De plus, les caves sont fermées par des portes étanches. «Les corridors ont été bien aérés avant qu’on entre.» A l’intérieur, aucune trace de fumée ne semble se mêler à la forte odeur d’ammoniaque caractéristique.
«Nous avons pu rétablir l’électricité dans ce secteur», note Jean-Paul Meyer, président du comité de bâtisse. Le robot d’affinage a pu reprendre son travail, tout comme les employés des caves. Reste le système de ventilation, géré par informatique, qui n’a pas pu être rétabli. «Nous pouvons tenir quelques jours comme ça, note André Remy. Ensuite, il faudra trouver une solution, même temporaire.»
Pour estimer les dégâts, il faudra attendre l’expertise des spécialistes. «Ce sont les installations techniques, des gaines, des câbles, qui ont été endommagés. Il est difficile de voir ce qui est touché ou non.» La grande partie est en effet cachée dans les murs et les dalles. Quant aux fromages, ils auront aussi droit à une visite du service du chimiste cantonal. «On en saura plus à ce moment-là.» SR

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses