PAR JEREMY RICO
«Hé! Bob! comment ça va?» A l’autre bout du fil, Jean-Pierre Macherel est interrompu dans ses explications par des touristes genevois. Avec la diffusion de l’émission Mon village a du talent, sur RTS1, l’employé communal est devenu la star de la commune. Quelques salutations plus tard, il savoure sa nouvelle notoriété. «C’est très agréable d’être reconnu dans la rue. Il m’arrive même de recevoir des lettres de félicitations, de la part de téléspectateurs.»
Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Hier soir, Morlon, représenté par son ambassadeur, a remporté la deuxième saison du concours. Avec 59 points, le Petit Poucet de la compétition devance Ayent/Anzère, Avenches et Tavannes. Le village a obtenu les meilleurs votes de la part des six autres finalistes. Mais il a surtout conquis de nombreux téléspectateurs. «L’émission a beaucoup plu, se réjouit Valérie Rusca, productrice à la RTS. Même en concurrence avec les jeux Olympiques, nous avions régulièrement 30% de parts de marché.»
Une fin en apothéose
Diffusée hier soir sur la RTS, la finale de Mon village a du talent a été tournée à la fin du mois de mai. A tour de rôle, chaque chanteur a interprété un dernier morceau. Pour Morlon, Jean-Pierre Macherel a pris le micro sur la scène du casino-théâtre de Rolle. «J’ai chanté La montagne de Jean Ferrat. J’étais très ému parce que ce morceau me rappelle toute mon enfance. J’ai vraiment ressenti quelque chose de spécial au moment d’entrer sur scène face à 400 spectateurs. Il y avait même Alain Morisod dans la salle.»
Satisfait de sa prestation, l’ambassadeur de Morlon a tout de même dû s’avouer vaincu lors du concours de chant. La victoire est revenue au cadet de l’épreuve, Jérôme Achermann, de Tavannes. «J’étais plus un ambassadeur qu’un vrai chanteur. Mais j’ai quand même tenu à relever le défi.»
La solidarité fait mouche
Invités à découvrir Morlon lors du cinquième épisode de l’émission, les représentants des villages finalistes ont été impressionnés par l’implication totale des habitants. «Nous étions la plus petite commune du jeu, explique Jean-Pierre Macherel. Pourtant, tout le monde a participé. Toutes les maisons étaient décorées. Pour nous, l’émission représentait une fête, un prétexte pour se retrouver tous ensemble.»
Mais, au-delà de la fête, participer à Mon village a du talent demande surtout un investissement total. «Les téléspectateurs ne voient qu’une émission de 52 minutes, mais le tournage de notre épisode a duré près d’une semaine. Certains habitants n’ont d’ailleurs pas hésité à prendre congé pour nous aider. C’est cette solidarité que nous voulons surtout retenir.»
D’abord un refus
Morlon fêtait hier aux Laviaux le titre de village le plus talentueux de Suisse romande. Et pourtant, il aura fallu toute la détermination de Jean-Pierre Macherel et de Pascal Lauber pour que la commune gruérienne puisse participer à l’émission. «Jean-Pierre avait déjà postulé lors de la première saison, se souvient le syndic. Mais le village avait été recalé. Pour la deuxième saison, j’ai décidé de présenter de nouveau notre candidature. Je ne savais pas à ce moment-là que Jean-Pierre avait déjà fait de même. Finalement, on voit que la persévérance a payé.»
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De la télé à la réalité
Morlon a remporté hier la deuxième saison de Mon village a du talent. Mais la commune gruérienne pourrait bien retirer un autre bénéfice de sa récente médiatisation. Depuis le début de l’émission, Pascal Lauber voit arriver une vague de téléspectateurs, devenus touristes, au bord du lac de la Gruyère. «J’ai discuté récemment avec les principaux établissements du village, explique le syndic. Tous voient passer de temps en temps des visiteurs qui nous ont découverts grâce à la RTS. Nous avons également reçu plusieurs félicitations pour notre prestation.»
Une tendance confirmée par Jean-Pierre Macherel. «L’autre jour, j’ai même été contacté par une famille belge, qui prévoit de venir en Suisse. Ils veulent absolument découvrir Morlon.»
Cet afflux touristique, Cugy, vainqueur l’an dernier, en avait déjà fait l’expérience. Mais cette soudaine notoriété devrait petit à petit se calmer. «C’est surtout le côté sympathique et convivial que les gens retiennent, explique Valérie Rusca, productrice de l’émission. Nous nous sommes rendu compte que la plupart des villages gardent contact les uns avec les autres, même après la diffusion.» JR
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