PAR DOMINIQUE MEYLAN
D’un côté, la voie de chemin de fer, de l’autre, la route des Arsenaux... Sur un terrain, à quelques minutes de la gare de Fribourg, se sont installées la pinte à fondue de Marie-Cécile Kolly et Jean-Luc Giller, la Tour vagabonde, la caravane de l’association Anyma et quelques autres installations mobiles. Une sculpture monumentale de la galerie Y’a q’A, à Chavannes-sous-Orsonnens, marque l’entrée du site.
Un festival, qui mêle des manifestations à caractère culturel, social, scientifique ou gastronomique, commence demain sur cette friche industrielle. Cette première saison durera deux mois, jusqu’au 14 octobre. Les organisateurs en ont présenté hier la programmation.
Cela fait plusieurs années que la Tour vagabonde, une installation mobile construite sur le modèle du théâtre du Globe, à Londres, prend ses quartiers d’hiver sur ce terrain. «A l’époque, raconte Jean-Luc Giller membre de la Fondation la Tour vagabonde, le terrain appartenait à la Banque cantonale. Nous entretenions de bons rapports. La BCF a même organisé sa réunion annuelle dans la tour.»
Inoccupé pendant trois ans
Depuis le 1er janvier 2012, cette friche industrielle appartient au canton. De nouveaux bâtiments, destinés aux Hautes Ecoles de santé et travail social, devraient être construits à cet emplacement. Le chantier ne commencera pas avant plusieurs années. Le canton a donné l’autorisation à plusieurs institutions culturelles d’occuper cette friche jusqu’au printemps 2015. La Fondation la Tour vagabonde s’est donc jointe à l’association Anyma – qui vogue quelque part entre l’art, la science et la pédagogie – pour animer cet espace.
Apprivoiser ce terrain à l’abandon n’a pas été une mince affaire. «Nous avons bénéficié d’aides privées, témoigne Jean-Luc Giller. Avant notre arrivée, c’était une forêt vierge. L’endroit était difficile d’accès.» Des passages ont été aménagés. De la terre végétale a été amenée. La friche abrite désormais un grand jardin, qui constitue le décor de cette oasis culturelle éphémère.
Lieu culturel alternatif
Cette île s’appelle le jardin aux betteraves. Cette allusion à une pièce de théâtre de Roland Dubillard témoigne de la volonté des organisateurs de ne pas trop se prendre au sérieux. La pièce originale porte un regard ironique sur les grandes maisons de la culture.
La programmation est éclectique. Le mercredi est consacré à la photographie. Les images sont projetées sur grand écran. Parmi les artistes invités, Caroline Wagschal, une voisine de la friche, a immortalisé l’évolution du site Cardinal. Nicolas Brodard travaille pour sa part sur les lieux culturels de Fribourg, qui ont disparu au gré des projets immobiliers.
Le jeudi est dédié au cinéma, avec des projections à l’extérieur ou à l’intérieur de la Tour vagabonde, en cas de mauvais temps. Le premier film programmé est une réinterprétation de La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt par un réalisateur sénégalais.
Les soirées de vendredi et samedi sont vouées à la musique. La plupart des groupes sont fribourgeois. Pony del Sol, Kassette ou Dorothy Brown sont quelques-uns des artistes d’ores et déjà programmés.
Un étang et des canards
Réfléchir à la manière de vivre en ville constitue le fil conducteur des ateliers organisés tous les dimanches. Cette semaine, le biologiste Jacques Perritaz fait l’inventaire des différentes plantes et animaux qui se trouvent sur la friche. Un étang s’est constitué spontanément près des voies de chemin de fer. Un couple de canards a choisi d’y nicher.
A plusieurs reprises, l’association Anyma organisera encore des émissions de télévision, filmées sur la friche. Le budget de ce festival est limité. Les associations ont déposé une demande de subvention auprès de la ville de Fribourg et de la Loterie Romande. En attendant la réponse, les artistes seront rémunérés au chapeau. Leur cachet dépendra de la générosité des spectateurs.
La pinte à fondue amènera son esprit de convivialité. C’est elle qui a permis d’établir une partie de la programmation. Au gré de leurs voyages, ses tenanciers ont rencontré de multiples artistes, dont certains viennent aujourd’hui se produire à Fribourg. Quant aux légumes du jardin, ils seront cuisinés sur place et proposés sous forme de tapas.
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