«J’ai hâte d’y être, après tant d’heures de transpiration»

| sam, 01. sep. 2012
Jean-Marc Berset est en lice cette semaine aux jeux Paralympiques de Londres. Champion du monde, le Bullois part à la chasse aux médailles. A 52 ans, il participe à ses quatrième Jeux.

PAR THIBAUD GUISAN


Son drapeau suisse et son drôle d’engin, les automobilistes les ont aperçus sur quasi toutes les routes de la région. L’homme est prêt. Après avoir avalé le bitume, Jean-Marc Berset – c’était donc lui – et son handbike s’envolent aujourd’hui pour Londres. Le Bullois participe jusqu’à samedi prochain aux jeux Paralympiques.
A 52 ans, le boulanger-pâtissier, paraplégique depuis un accident de voiture en 1983, vivra sa quatrième expérience paralympique (lire ci-dessous). Multiple champion du monde de handbike, il abordera les épreu­ves londoniennes avec le statut de grand favori de la catégorie H2 (paraplégiques sans abdominaux). Au programme:  le con­tre-la-montre mercredi, la cour­se en ligne vendredi et, nor­malement, la course de relais par équipe, samedi.

Jean-Marc Berset, vous êtes triple champion du monde de contre-la-montre (2009, 2010, 2011) et double champion du monde de la course en ligne (2010, 2011). Vous partez donc à Londres pour rouler sur l’or?
L’objectif est déjà de décrocher un podium sur l’une des deux courses individuelles. Je vise plus le chrono que la course en ligne. Après, si je monte sur la première marche du podium, ça risque bien de lâcher émotionnellement au moment de l’hymne suisse.

Ces Jeux, vous en rêvez la nuit?
J’en rêvais surtout sur la route (rires). A l’entraînement, j’y pensais presque tous les jours. Je savais que je souffrais pour quelque chose. J’ai hâte d’y être, après tant d’heures de transpiration.


Comme favori, ressentez-vous de la pression?
Non, le sentiment de confian­ce prédomine. J’ai déjà été trois fois aux jeux Paralympiques, ça aide. Je connais l’environnement. Peut-être que, la nuit précédant la course, je vais me réveiller une ou deux fois, mais ça reste du sport. Avec l’expérience et l’âge, on gère mieux les attentes.

Qui seront vos rivaux?
Nous sommes un petit groupe de prétendants. Parmi eux, mon coéquipier Heinz Frei est double champion paralympique en titre: il passe bien les bosses et, à 54 ans, il a beaucoup d’expérience. Sur la course en ligne, je n’aimerais pas me retrouver au sprint avec lui. Il faudra faire la décision avant. Je me méfie aussi du Français David Franek. Il a 37 ans, il roule bien. Après, il ne faudra surtout pas connaître de problème technique. Avec une crevaison, par exemple, on peut dire au revoir aux médailles. Ce n’est pas comme les cyclistes valides, dont on change une roue en quelques secondes.

La chute de Fabian Cancellera dans la course en ligne des jeux Olympiques vous fait-elle réfléchir?
Oui, ça me conforte dans l’idée qu’une course ne se gagne pas dans un virage. Je ne vais pas faire l’erreur de dépasser mes limites. C’est sur le faux plat qu’on peut faire la différence avec un gros braquet (n.d.l.r.: le handbike de Jean-Marc Berset a trois plateaux) ou en montant une bosse à 28 km/h de moyenne. Mais la course en ligne reste incertaine. Il y a toujours le risque d’être pris dans une chute. Il y a des feux follets. Dans le contre-la-montre, on sera suivis par une voiture. Si on m’annonce dans l’oreillette que j’ai dix secondes d’avance, ça va me donner des ailes. A l’inverse, si j’apprends que j’ai du retard, peut-être que je vais gamberger.

Quelles seront les caractéristiques du parcours?
C’est une boucle de 8 km à parcourir deux fois pour le contre-la-montre et huit fois pour la course en ligne. Le terrain est proche de celui de la Gruyère: il n’y aura pas 10 mètres de plat! Je sais ensuite qu’il y aura une bosse avec 300 mètres à 10% et un kilomètre à 5%. C’est là qu’il faudra être costaud. Mais quand je vois que j’arrive à rouler à 32 km/h de moyenne dans la région, je pars assez optimiste.

Avez-vous été reconnaître le circuit?
Non. Sur place, nous aurons deux jours de reconnaissance, lundi et mardi. Ça suffira. Aux championnats du monde, je n’ai jamais été voir le parcours avant. En plus, avec les deux autres Suisses en lice en H2, Heinz Frei et Lukas Weber, j’aurai de bons points de comparaison.

Comment avez-vous préparé ces Jeux?
Jusqu’au 1er août, j’ai roulé deux fois par jour (deux fois une heure trente), à raison de 80 à 90 km par jour. A ce moment-là, le gros du boulot était effectué. L’essentiel était ensuite de bien récupérer. J’ai pris deux semaines de vacances jusqu’au 15 août, où je n’ai roulé qu’une fois par jour. Après, je me suis entraîné à nouveau deux fois par jour, mais sur de plus petites distances, en privilégiant les accélérations. En compétition, j’ai couru cet été à Lobbach (2e d’une course en ligne de 40 km derrière Franek) et aux championnats de Suisse (1er du contre-la-montre et de la course en ligne).

Vous avez 52 ans. Quel sera votre avenir sportif après Londres?
Mes résultats ne vont pas changer ma vie, mais ils vont la diriger dans une certaine direction. Si ça se passe mal, je n’aurai pas envie d’arrêter là-dessus. Et si ça se passe bien, ce pourrait être bête d’arrêter en si bonne forme…
En clair, on vous voit mal arrêter du jour au lendemain. Les Jeux de Londres seront-ils votre dernière expérience paralympique?
En 2016, j’aurai 56 ans. Ça fait loin. Avant, il y aura des championnats du monde. Il est trop tôt pour en causer.

Avant le handbike, vous avez fait de l’athlétisme en fauteuil, puis du tennis en fauteuil (jusqu’à atteindre la 90e place mondiale). Pourriez-vous vous lancer dans un autre sport?
Non, en tout cas pas. Je ne suis pas saturé du handbike. Ça ne fait que trois ans que j’en fais. En comparaison, j’ai fait douze ans d’athlétisme, de 1984 à 1996. Je suis encore jeune en handbike. C’est le sport dans lequel je m’éclate. S’il y a une suite à ma carrière sportive, ce sera dans cette discipline.

Commentaires

Vas y Jean-Marc !!!!!

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