PAR CHRISTOPHE DUTOIT
C’est peu dire que les responsables de Groupe E se réjouissent de voir le bout des travaux actuels sur le barrage de Montsalvens! Depuis une dizaine de jours, Jean-Claude Kolly – responsable des barrages pour Groupe E – et son équipe veillent tant bien que mal à la santé de la Jogne en aval du chantier. Explications.
Depuis la fin août, le niveau du lac de Montsalvens a été peu à peu abaissé pour atteindre la cote 779, nécessaire aux travaux. «Il y a dix jours, une crue importante (environ 55 m3/s) a charrié beaucoup de sédiments dans le lac», explique Jean-Claude Kolly. En quelques jours, ces alluvions ont fini par boucher la vanne de fond du barrage et elles ont obstrué le débit de dotation (130 litres/seconde) qui se déverse au minimum dans la Jogne.
«Dans la notice d’impact de la mise à l’enquête des travaux, l’installation de deux pompes de surface était prévue pour parer à cette situation et pour assurer un débit minimal de 80 l/s», poursuit le responsable de Groupe E. Un premier incident est intervenu jeudi, lorsque la foreuse a déclenché tous les fusibles alentour et a mis hors service les pompes durant une heure.
«Jeudi après-midi, notre centre de conduite avait pour mission d’abaisser le lac jusqu’à la cote 779, explique Jean-Claude Kolly. On ne descend jamais aussi bas et notre indicateur est resté bloqué juste avant cette cote. Le turbinage à Broc a continué alors qu’il aurait pu être adapté.» Du coup, les pompes de surface sont descendues trop bas, elles se sont désolidarisées de leurs tuyaux et elles ont cessé de fonctionner. «Soudain, on s’est rendu compte qu’on n’arrivait plus à alimenter la Jogne, qui ne recevait plus que l’eau provenant des affluents des gorges.»
Branle-bas de combat
En quelques minutes, branle-bas de combat sur le chantier. «Il fallait trouver de l’eau!» Finalement, ce sera chose fai-te à la hauteur de la ferme Rétornaz, à Châtel-sur-Montsalvens. «Avec l’aide de Gruyère Energie, nous avons pu réoxygéner la Jogne avec un débit de 400 litres/minute. Nos équipes ont travaillé d’arrache-pied. «Nous avons subi une suite d’événements défavorables, mais nous avons à chaque fois essayé d’être proactifs.» Ainsi, l’une des deux pom-pes a pu être remise en service samedi après-midi. Et la seconde le sera d’ici à ce mardi matin.
Après avoir averti le Service de la pêche, une délégation a effectué une vision locale, vendredi après-midi. «Samedi, quelques poissons morts, notamment des perches et des chevesnes, auraient été observés», note Jean-Claude Kolly, qui rappelle que «les travaux menés actuellement sur le barrage visent à doter la Jogne d’un débit résiduel de 500 litres/seconde.»
Hier, une nouvelle visite a été effectuée par le Service des forêts et de la faune. Car le chantier a provoqué une deuxième conséquence sur la Jogne: une grande quantité de sédiments se sont accumulés dans son lit. Un problème, anticipé dans la notice d’impact, qui devrait être réglé à partir de la mi-octobre. «Depuis 2008, nous avons acquis l’expérience de purges partielles, explique Jean-Claude Kolly. Ainsi, dès que le niveau du lac sera remonté, nous ouvrirons la vanne de fond (actuellement bouchée par les alluvions). Ensuite, nous “mélangerons” ce torrent de boue avec de l’eau claire tirée du lac. Ainsi, nous pourrons nettoyer le lit de la Jogne, dans une sorte de crue maîtrisée.»
Enfin, en cas de fortes pluies ces prochains jours, Groupe E a mis en place plusieurs scénarios. «L’usine de Broc peut turbiner jusqu’à 26 m3/s. Si on subit une très forte crue (jusqu’à 49 m3/s, maximum mesuré sur les dix derniers mois de septembre), on a trois heures pour réagir et poser un bouclier étanche sur le trou de la future conduite, détaille Jean-Claude Kolly. Ou, après que le tuyau sera posé, le plan prévoit de le boucher de manière étanche.»
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