PAR THIBAUD GUISAN
La désillusion est terrible. A peine croyable, à tel point qu’il a fallu lire et relire le panneau d’affichage, situé juste au-dessus de la ligne d’arrivée. Triple champion du monde de contre-la-montre, Jean-Marc Berset (52 ans) a dû se contenter de la 5e place, hier, aux jeux Paralympiques de Londres.
«Je n’aurais jamais pensé à un tel résultat», souffle le Bullois, immédiatement après son arrivée, encore dégoulinant de sueur. Et sonné. « Je n’ai pas d’explication, ni d’excuse. Les sensations n’étaient pas bonnes. Je roulais bien, mais j’avais de la peine à accélérer. Je n’arrivais pas à me mettre dans le rouge.» Aucun pépin mécanique ni erreur de trajectoire n’explique donc cette énorme contre-performance.
Au terme de deux boucles de 8 km, la course a couronné le Suisse Heinz Frei, vainqueur en 26’52. Le Soleurois de 54 ans, tenant du titre depuis Pékin, remporte sa quatorzième médaille d’or aux jeux Paralympiques (!). Sur le podium de la catégorie H2 (paraplégiques sans abdominaux), il est accompagné de l’Autrichien Walter Ablinger (26’57) et de l’Italien Vittorio Podesta (27’01). L’autre Suisse, Lukas Weber, termine à la 4e place (27’27).
Du coup, Jean-Marc Berset termine moins bon Suisse! «ça veut dire que ce n’était vraiment pas une bonne course, soupire, le handbiker gruérien. C’est la preuve que rien n’est acquis. J’ai toujours dit que je serais le premier à aller saluer le vainqueur. Heinz Frei est incroyable. Il a l’art de réussir aux Jeux comme personne. Il y a quinze jours aux championnats de Suisse, je le battais de 43 secondes sur le contre-la-montre... Aujourd’hui, la course a été très disputée. Ça ne donne que plus de valeur aux performances des vainqueurs.»
Dernier des quatorze concurrents à s’élancer sous le soleil, mais dans le vent, Jean-Marc Berset était le grand favori du jour. Autour du circuit automobile de Brands Hatch, le Gruérien n’a pas réussi à mettre les gaz sur son bolide en carbone de 12 kg. «Avant la course, je n’étais pourtant pas tendu. J’ai bien dormi. J’étais hyperconfiant. Peut-être un peu trop...»
Un jour comme ça
Le parcours – une boucle de 8 km combinant courbes du circuit de course et routes de campagne – semblait pourtant taillé sur mesure pour le boulanger-pâtissier, avec une topographie vallonnée. «La boucle me plaisait énormément. A l’entraînement, de dimanche à mardi, tout s’est bien passé. Je pensais pouvoir faire la différence dans les montées. Finalement, tout au long de la course, j’étais moins rapide qu’à l’entraînement. C’est un jour comme ça. J’étais à côté. C’est la vie. On reste des athlètes, humains...»
Dans sa voiture suiveuse, le directeur sportif de l’équipe de Suisse René Savary n’a pas qu’assisté à la déconvenue. «Dans l’oreillette, je sentais d’après sa voix que les affaires n’étaient pas très bonnes», glisse Jean-Marc Berset, en esquissant un petit sourire. «J’ai toujours été en retard. Au mieux j’ai été troisième un moment. Pour la tête, ce n’était pas évident, forcément.»
Les encouragements des membres de son fans club lui ont fait chaud au cœur. « Même pendant la course, je les ai entendus.»
Deuxième chance vendredi
Le Gruérien, qui visait «au moins une médaille» à Londres, est donc loin d’avoir rempli sa mission. Il tentera de décrocher ce fameux métal, vendredi, lors de la course en ligne (huit boucles de 8 km). Après une journée de jeudi consacrée au repos.
«La course en ligne n’était pas l’épreuve que je visais en priorité. Là, on ne peut pas dire que je serai en grande confiance (rires). De toute façon, il va falloir aller au bout de soi-même. Après, on verra bien.»
Depuis le début de l’année, Jean-Marc Berset a roulé deux fois par jour, pour un total de plus de 20000 km au compteur. Il veut croire que ses ascensions régulières à Moléson-Village lui permettront d’atteindre le sommet.
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Un studio au village
Le public a répondu présent. Environ 7000 personnes avaient pris place au cœur du circuit de Brands Hatch. «D'une manière générale, l'engouement est très fort pour ces Jeux, remarque Jean-Marc Berset. Aux championnats du monde, il n'y avait jamais autant de monde. L'intérêt médiatique est aussi très important.» Le Gruérien, qui vit ses quatrièmes Jeux après Séoul, Barcelone et Atlanta, est arrivé samedi à Londres. Les journées de dimanche, lundi et mardi étaient dédiées à la reconnaissance. « On a roulé chaque fois environ 1 h 30. Après, le reste de la journée était surtout consacré aux massages.»
Au village olympique de Stratford, Jean-Marc Berset loge dans un studio. «Chacun est dans sa bulle, mais l'ambiance est excellente. Chaque discipline a son programme. Du coup, on reste surtout entre handbikers suisses.» TG
Commentaires
BRUEGGER EDITH (non vérifié)
jeu, 06 sep. 2012
Laurent Yerly -... (non vérifié)
mer, 05 sep. 2012
Edith Bruegger (non vérifié)
mer, 05 sep. 2012
véronique haymoz (non vérifié)
jeu, 06 sep. 2012
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