PAR VALENTIN CASTELLA
Lorsqu’il a débarqué en juillet 2006 à Fribourg, l’entraîneur assistant de Gottéron René Matte était au bénéfice d’un contrat de neuf mois. Après plusieurs expériences en tant que coach dans les ligues juniors québécoises, le natif de Val-Bélair (40 ans) avait envie de découvrir ce qu’offrait le hockey européen. Il ne sera pas déçu. Six ans plus tard en effet, le Canadien propage toujours sa bonne humeur sur la glace de Saint-Léonard.
Une destinée qu’il n’aurait jamais imaginée lors de ses premiers mois en Suisse, lorsqu’il avait hésité à rentrer dans son Québec natal à plusieurs reprises. «La situation était difficile. Les résultats n’étaient pas très bons et le club souffrait financièrement.» Six ans plus tard, René Matte s’est adapté au mode de vie helvétique. Marié à une Suissesse et père d’une petite fille, l’ancien gardien de but de hockey et ancien joueur semi-professionnel de baseball se plaît dans son rôle d’homme de l’ombre.
René Matte, comment définiriez-vous votre rôle d’entraîneur assistant?
Je m’occupe de plusieurs domaines. Le principal concerne la vidéo. Après chaque rencontre, je consacre environ trois heures et demie à analyser le match à la vidéo. Je m’intéresse à chaque action, à chaque système. Je dissèque près de 300 séquences que je découpe et que je regroupe dans un montage pour le présenter à Hans (Kossmann) et aux joueurs. Puis, toujours grâce à la vidéo, je prépare les rencontres à venir. En règle générale, j’ai besoin de cinq à six heures pour tout savoir de la prochaine équipe que nous allons affronter. Ensuite, je m’occupe également de tout ce qui concerne la logistique et l’administration. Sans oublier la gestion des défenseurs en match.
Passer plusieurs heures sur une équipe, à entrevoir toutes les possibilités, à percer leurs secrets tactiques: cela doit être intéressant, mais usant…
Parfois c’est assez difficile lorsque nous avons trois matches par semaine. Mais cela fait partie de mon travail de tout savoir sur les onze autres équipes du championnat. Et puis, j’adore ça. Je me suis toujours intéressé au coaching. Petit, je participais aux discussions avec les entraîneurs. Et j’occupais le poste de receveur lorsque je jouais au baseball. J’étais celui qui devait analyser, placer les coéquipiers et définir des stratégies.
Ce rôle de coach vous était donc destiné?
A la base, j’ai étudié pour devenir enseignant. Transmettre fait donc partie de mon caractère. Et j’ai commencé à coacher très vite, vers 22 ans. Dès mes débuts, j’ai senti que c’était dans ce domaine que j’étais bon.
Quels sont vos rapports avec les joueurs et Hans Kossmann?
Je suis proche d’eux. Mon rôle est d’être le lien entre le coach et les joueurs. Je suis à leur écoute lorsqu’ils traversent des hauts et des bas. Quant à Hans, c’est un homme très exigeant. Il travaille beaucoup et il attend logiquement beaucoup de ses collaborateurs. J’aime sa manière de diriger. Avec lui, les zones grises n’existent pas. Il est toujours clair dans son discours. Le tout en restant ouvert à la discussion et en tenant compte de l’avis des personnes qui l’entourent.
Vous avez vécu une expérience d’entraîneur principal en février 2011 lorsque vous aviez remplacé Serge Pelletier. Souhaitez-vous un jour reprendre les rênes d’une équipe?
En 2011, j’avais pris cette responsabilité pour le bien de l’équipe. Bien sûr que c’est un objectif. Mais j’ai 40 ans et j’ai encore le temps. Ce n’est pas une course, ni un objectif à court terme.
Le fait que vous vous soyez bien trouvé à Fribourg n’est certainement pas étranger à cette réflexion…
Petit à petit, j’ai trouvé mes marques et j’apprécie énormément ma vie ici. Au Canada, les gens veulent tout de suite. Le fait que les magasins soient fermés le dimanche en Suisse m’avait d’ailleurs choqué. Chez nous, nous pouvons acheter n’importe quoi à n’importe quelle heure. Tout le monde est stressé dans cette société de consommation extrême. A Fribourg, j’ai appris à prendre le temps de vivre. Je me sens tellement bien que je pense rester ici encore bien des années si tout va bien au niveau des résultats.
Et puis, il plane un petit air de Québec dans les couloirs de Saint-Léonard avec la présence de Christian Dubé et de Simon Gamache…
Oui, c’est vrai. Mais je ne suis pas plus proche d’eux que des autres. Il est vrai que, souvent, nous nous comprenons plus vite. Et nous faisons même parfois exprès de parler dans notre jargon pour faire rire les autres (rires).
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Maintenir ce cap
Après cinq succès consécutifs, les Fribourgeois ont été vaincus mardi à Genève (5-1). Un revers face au leader du classement qui n’assombrit en rien la satisfaction de René Matte lorsqu’il revient sur la saison en cours: «Bien sûr, nous voulions gagner cette rencontre. Car on en veut toujours davantage, même après cinq victoires de rang. Mais nous sommes très contents de la performance d’ensemble de l’équipe. Lorsqu’on regarde le classement, on s’aperçoit que ce championnat est très serré. Notre troisième place est donc un très bon résultat.»
Petite ombre au tableau: le collectif fribourgeois commence à être chamboulé par les blessures, notamment celles de Rosa (qui a réintégré l’équipe), de Mauldin, qui s’est contenté de patiner mercredi matin lors de l’entraînement, ou de Dubé, qui n’a pas terminé la rencontre aux Vernets et qui était absent mercredi. «Oui, ça commence. Mais c’est normal. On ne peut pas tourner toute la saison avec un effectif complet. Et puis, l’année dernière, nous avons joué pendant plusieurs semaines avec trois joueurs étrangers. Nous avons l’habitude de cette situation.» Il reste quatre matches jusqu’à la pause de novembre. Je pense que nous avons les moyens de maintenir notre cap.» D’autant plus que, vendredi et samedi, les Dragons affronteront Ambri et Langnau, deux formations en queue de peloton.
Demain soir justement, ce sera le retour à Saint-Léonard d’un certain Serge Pelletier, qui a repris cette semaine les rênes de l’équipe tessinoise. «Je suis content qu’il soit de retour dans la ligue. Personnellement, ce sera un match comme un autre, même si nous avons travaillé cinq ans ensemble. J’imagine que les émotions seront plus intenses pour lui.» vac
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