«Arlindo a la rage, il est né pour le sport de combat»

| sam, 10. nov. 2012
Arlindo Borgès
Arlindo Borgès est devenu champion de Suisse. Avec son entraîneur, le Bullois s’est donné quatre ans pour viser une qualification olympique. Nerveux et bagarreur, l’homme a canalisé sa rage sur la surface de compétition.

Par Karine Allemann


Quand Arlindo Borgès a demandé à son ancien entraîneur de taekwondo de reprendre du service, Cédric Barras lui a demandé ses objectifs. «Les jeux Olympiques!» a lancé le combattant, un brin frondeur. Ce à quoi son coach a répondu: «Ne ris pas, parce qu’on va se préparer pour.» Vu ce que le coach a «infligé» à son élève, cette promesse avait plutôt valeur de
menace: quinze heures d’entraînement par semaine depuis sept mois, avec notamment les escaliers du funiculaire, à Fribourg, qu’il s’agit de monter, redescendre, monter, redescendre, et monter encore une fois. Objectif: devenir le meilleur combattant de sa catégorie – 58 kg.


Le premier challenge des deux hommes a été atteint le week-end dernier à Yverdon-les-Bains. Le Bullois y est en effet devenu champion de Suisse. Pour les deux complices, cette aventure est loin d’être terminée. C’est ce qu’ils espèrent en racontant leur histoire entamée il y a six ans. Une histoire d’amitié, de confiance et d’ambition.


Cédric Barras (Avry-sur-Matran) était auréolé d’un titre de vice-champion du monde de taekwondo glané en 2000 quand, dans la salle qu’il a ouverte à Romont, il accueille Arlindo Borgès. Nous sommes en 2006, le jeune menuisier a 21 ans. «Dès le deuxième entraînement, je lui ai demandé s’il en avait déjà fait, se souvient l’entraîneur. Il donnait des coups de pied et se déplaçait comme une ceinture bleue. Et il avait la rage, c’était dans ses gènes. Arlindo est né pour le sport de combat.» Une première compétition disputée et remportée à Marly ne le fera pas mentir.


De son côté, Arlindo Borgès a eu le coup de foudre. «J’ai été très impressionné. Car plein de choses se passent en l’air, ça vole beaucoup à l’entraînement! Et puis, la connexion s’est tout de suite faite avec l’entraîneur.»


Mais les élèves de Romont sont de mauvais payeurs, alors Cédric Barras ferme sa salle et redirige Arlindo vers le Club de Riviera, chez un entraîneur très réputé. Le Bullois le suivra d’ailleurs à Malley dès 2010, avant d’ouvrir sa propre salle dans l’ancienne usine Saint-Gobin, à La Tour-de-Trême, dans les locaux de K’Danse. Une dizaine d’enfants et cinq adultes s’y entraînent deux fois par semaine. «Pour m’entraîner moi, j’avais besoin de quelqu’un de plus expérimenté. Alors, j’ai été rechercher Cédric.»


Jeune homme explosif, voire bagarreur, Arlindo Borgès a appris la maîtrise de soi. «J’étais petit, gringalet, et noir. Bon, ça, je le suis toujours», rigole le jeune homme, arrivé du Cap Vert à l’âge de 6 ans. «J’étais super nerveux, je compensais comme je pouvais. A l’école, je partais au quart de tour.»


Beaucoup plus assagi dans la vie – «avoir deux enfants, ça calme» – Arlindo Borgès a aussi dû apprendre à canaliser son explosivité en compétition. «Quand le combat se passe mal, tu as juste envie de sauter sur ton adversaire tête baissée. Mais c’est la dernière chose à faire. Aujourd’hui, je suis donc beaucoup plus posé et j’écoute ce que me disent les plus anciens.»


En février dernier, l’athlète a obtenu son meilleur résultat: une victoire lors de l’Open de Belgique, un tournoi relevé. Puis il a entamé sa préparation avec son nouvel entraîneur, en qui il a mis toute sa confiance. «J’ai élaboré un programme pour lui donner de la force, de la déten-te et de l’explosivité, souligne Cédric Barras. Moi aussi, j’ai confiance en mes compétences d’entraîneur. Actuellement, il n’est qu’à 80% de ses capacités.»


Bonne image de papa


La victoire du week-end dernier à Yverdon-les-Bains a-t-elle été une surprise? «Pas vraiment, estime le coach. Ils n’étaient que sept dans sa catégorie, car certains ont privilégié le Swiss Open de ce week-end (lire ci-dessous). Par contre, je pense que la façon dont Arlindo a survolé la compétition a dû en étonner plus d’un.»
S’investir autant requiert un investissement personnel et le soutien des familles, ce dont bénéficie le duo. Ainsi qu’une motivation sans faille. «Cette idée qu’il faut beaucoup de travail pour mériter quelque chose me plaît énormément, souligne Arlindo. Avec ce défi, j’ai aussi envie de montrer une bonne image de papa. Pour que mes enfants sachent qu’on peut arriver à tout dans la vie.»

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses