«Il faut agir comme face à des enfants et les punir»

| jeu, 08. nov. 2012
Au terme du 1er tour, le HC Bulle-la Gruyère est largué au classement. L’entraîneur Olivier Monney revient sur la situation. Une réaction est attendue rapidement, au risque que tout s’écroule.

PAR VALENTIN CASTELLA



Dix matches, dix défaites. Au ter­me de ce 1er tour du championnat de 1re ligue, le bilan comptable du HC Bulle-la Gruyère est misérable. Lanternes rouges du classement, les hommes d’Olivier Monney n’ont cessé d’alterner les défaites encourageantes et les performances indignes à ce niveau, à l’image de leur revers samedi dernier face à Star-Lausanne. L’entraîneur a même énoncé le terme de «tricheurs» en parlant de certains éléments de son groupe. Un mot fort qui étale au grand jour les difficultés de la première garniture régionale. Sincère, parfois dur avec ses protégés, mais avec une immense envie de faire changer les choses, Olivier Monney revient sur cette spirale négative qui ronge tout un club.

Olivier Monney, comment vivez-vous cette situation?
Tous les jours, les gens me parlent des résultats de l’équipe. Des collègues, des élèves… Je sens que le club est suivi, même si les spectateurs ne sont pas nombreux dans les gradins. Et cela me désole lorsqu’on présente un spectacle comme celui de samedi face à Star-Lausanne.

Justement, au terme de cette rencontre, vous avez déclaré que certains joueurs trichaient…
Oui, et je le maintiens. Dès la fin de la rencontre, j’avais l’impression que quelques éléments avaient déjà oublié la défaite. Que ce n’était qu’un échec de plus et pas si dramatique. Il n’y a pas de prise de conscien­ce, de remise en question. Certains joueurs ne comprennent pas qu’ils ont une responsabilité envers le club, les supporters et la région. Ils ne se procurent pas toutes les cartes en main pour réussir, alors qu’ils sont liés par un contrat et que les dirigeants se battent pour trouver de l’argent et tenter de construire une équipe compétitive. Ils reçoivent, mais ne donnent pas en retour. J’appelle ça des tricheurs.

Vos termes sont durs. On imagine que ce scénario n’est donc pas nouveau…
Lorsque je suis arrivé à Bulle, je savais que ce serait difficile. Mais jamais je n’aurais imaginé que le mal était si profond. Lors des premières journées de championnat, un but encaissé et le match était déjà perdu. En plus de cette mentalité défaitiste, l’attitude n’était pas bonne. Et elle perdure. Je ne suis pas sûr que quelques joueurs sont prêts à faire les sacrifices nécessaires pour évoluer en 1re ligue. On fait tous des erreurs. Mais le manque de conviction, de discipline et d’investissement n’est pas acceptable. Samedi avant ce match capital à Lausanne par exemple, seulement sept joueurs étaient à l’heure dans le vestiaire. Ce n’est pas normal. Des éléments ont pris la mauvaise habitude de se dire qu’à Bulle le contingent n’est pas énorme et qu’il n’est pas nécessaire de s’investir à 100% pour jouer. Ils profitent de la situation.

Comment inverser la tendance?
J’ai demandé aux dirigeants de prendre leurs responsabilités. Premièrement vis-à-vis de moi. De voir si je suis encore l’homme de la situation. S’il faut que je modifie mon style, mon système. Samedi, pour le bien de l’équipe, j’étais même prêt à donner ma démission. Mais je me suis dit ensuite que je ne devais pas abandonner. Jusqu’à présent, j’ai essayé de créer un groupe qui ne se connaissait pas. J’ai tenté de mettre en place un système basé sur le dialogue et la confiance. Cela marche très bien avec environ la moitié de l’équipe. Car il y a aussi des gars extraordinaires. Des personnes qui se donnent sans compter. Mais d’autres ne comprennent pas. Je pense qu’il faut toucher là où ça fait le plus mal: l’argent. Il faut agir comme face à des enfants et les punir s’ils ne font pas leur travail correctement. Et, dans ce cas-là, ce serait de casser les contrats et de mettre en place un système de prime aux points.

Cela ne devrait pas plaire à tout le monde…
Non, c’est certain. Mais, au moins, cette solution aurait le mérite de mettre en lumière les joueurs qui ne sont présents que pour leur propre plaisir et parfois pour l’argent. Ces gens-là s’en iraient rapidement. Et je préfère jouer à dix et deux blocs, avec des éléments prêts à mouiller le maillot, qui ont conscience qu’ils défendent les couleurs d’un collectif. Le HCBG a besoin de clubistes et non de joueurs qu’on doit supplier pour qu’ils viennent au souper de soutien ou à d’autres activités. Ce serait trop facile de poursuivre sur cette lancée.

Le mal semble profond. Ne serait-ce pas plus aisé de repartir sur de nouvelles bases?
Bien sûr, mais le travail est immense, que cela soit sur la glace ou en dehors. Si le club veut le faire, je suis prêt à relever le défi. Il ne faut juste pas commettre les erreurs du passé. Nous devons limiter la casse cette année et tenter de travailler à moyen terme. Mais tout cela ne sera pas possible sans des infrastructures acceptables (voir ci-dessous). Toutefois, ce sont aux joueurs de faire le premier pas. L’équipe doit démontrer qu’elle est capable de rivaliser avec ses adversaires. Il est clair que personne ne sera motivé à entreprendre de nouvelles choses si nous présentons un spectacle de mauvaise qualité.

L’équipe actuelle a-t-elle les moyens de sortir la tête de l’eau?
Oui. Car nous avons rarement été largués face à nos adversaires directs. Toutes ces défaites sont de notre faute. Car nous n’avons pas la volonté de certaines formations, peut-être moins talentueuses que nous sur le papier. Nous avons maintenant une semaine pour que tout le monde réagisse. Et il faut le faire maintenant. Après, ce sera trop tard.

 

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Les mesures attendront
Forcément, le président du HC Bulle-la Gruyère Claude Bovigny et son comité sont déçus par les résultats actuels. Eux qui ont augmenté cet été le budget de 10 à 15% (en 1re ligue, certains joueurs gagnent plusieurs milliers de francs par saison) pour, justement, éviter un nouveau camouflet. «On s’attendait à beaucoup mieux et surtout pas à terminer le 1er tour à la dernière place avec trois points.»
Comme son entraîneur, Claude Bovigny pointe plusieurs facteurs qui ont précipité son équipe en queue de classement. «Les performances ont été en dents de scie. C’est frustrant car, avec cette équipe, nous devrions avoir de meilleurs résultats. Je pense aussi que certains éléments n’ont pas répondu à nos attentes. Surtout au niveau du comportement. Chacun doit prendre conscience qu’il joue en 1re ligue et que cela demande un certain investissement.»
Pour le moment, le comité a décidé de redéfinir les objectifs et de fixer des échéances sur les trois ou quatre prochaines rencontres: «Cela devrait permettre aux joueurs de se responsabiliser. Ensuite, si les objectifs ne sont pas atteints, nous allons prendre des décisions.» La place de l’entraîneur est-elle menacée? «Nous avons parlé avec lui et, comme avec les joueurs, il aura des objectifs à tenir. Mais le comité lui fait confiance. Nous ne souhaitons pas changer pour changer. Car Olivier Monney fait du bon travail. Maintenant, il faut que tout le monde joue à 100% et pas seulement la moitié de l’équipe. Nous avons discuté avec les joueurs et nous leur avons dit que si certains n’étaient plus concernés, la porte était ouverte.»
La mesure préconisée par Olivier Monney, qui est de redéfinir les contrats et de fixer des primes aux points est une piste que les dirigeants pourraient suivre: «C’est une réflexion que nous avons eue, parmi d’autres. Mais, avant d’en arriver là, nous espérons que les joueurs prendront conscience de la situation et qu’ils réagiront. Car je suis certain que, si nous prenons chaque rencontre comme un match de play-off, nous avons les moyens de réduire l’écart par rapport à nos adversaires.» vac

Commentaires

Enfin un langage qui-n'est-pas-de-bois ! Bravo coach. Les 2 saisons précédentes étaient identiques. Cette année nouveau coach, 50% au moins de l'équipe a été renouvelé et le scénario reste inchangé. Le mal est donc effectivement profond et un coup de pied dans la fourmilière indispensable pour tenter de changer les choses. Et peut-être pas seulement au niveau des joueurs, ni du coach...
oups.. oublié de préciser : j'ai travaillé comme masseur et chef matériel 1,5 saison avec le HCBG

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