PAR CHRISTOPHE DUTOIT

Tout a commencé le 1^er octobre dernier. Ce soir-là, une centaine de citoyens de Charmey se penchent au chevet de leurs remontées mécaniques. Mais, avant d’accorder finalement un crédit complémentaire de 200000 francs pour soutenir Télécabine Charmey-Les Dents-Vertes en Gruyère SA, une multitude de questions sont posées durant l’assemblée communale extraordinaire.
Le chef d’entreprise Thierry Moret est le premier à se lancer: «A-t-on réfléchi, par exemple, à vendre des espaces publicitaires sur les pylônes du nouveau télésiège? Je suis persuadé que des entreprises de la région seraient prêtes à jouer le jeu!» Le Conseil communal prend note de la remarque, qui ne tombe pas dans l’oreille de tous les sourds.
A l’issue de la soirée, Thierry Moret reçoit l’appui informel de Jean-Philippe Ayer, directeur des Editions de l’Hèbe et jeune retraité du Conseil communal. Il trouve l’idée excellente…
A tel point qu’elle aboutira, deux mois plus tard, à la création de l’Association des entrepreneurs, commerçants et artisans de Charmey, aussi dénommée CharmECA. Au terme de l’assemblée constitutive, le 27 novembre, elle comprend une dizaine d’entrepreneurs charmeysans, pour la majorité des quadras dynamiques. Mais elle est naturellement ouverte à accueillir de nouveaux membres… A noter que la finance d’entrée est fixée à 2500 francs pour les entreprises et 500 francs pour les particuliers et que la cotisation annuelle se montera à 5000 francs (en espèces ou en contre-prestations) pour chaque membre.
«L’idée de cette association n’était absolument pas préméditée, sourit aujourd’hui Thierry Moret. Ma remarque est venue du cœur lors de l’assemblée communale. Quand Jean-Philippe Ayer m’en a parlé, on s’est dit qu’il fallait vraiment aller vers le pragmatique.»

Dans ses buts, CharmECA se veut «porteur d’un projet concret en faveur du tourisme et de l’économie dans la région, qui répond à des critères précis de faisabilité, de financement et de concrétisation».

Energies positives
«Avec cette association, nous espérons focaliser les énergies positives de la vallée de la Jogne, explique Thierry Moret, connu notamment pour son activité au sein de Gruyère Cycling Tour. Il faut voir les choses simplement et ne pas vouloir d’emblée déplacer des montagnes.»
Pour l’instant, l’association et son comité n’ont pas de projet tout ficelé dans l’immédiat. «Mais nous avons envie que notre action soit constructive, car tout le monde a à y gagner. La critique est souvent facile de la part des gens qui ne sont jamais allés au front. Dans dix ans, on ne pourra pas dire: “On aurait fait quelque chose, si on avait su!” Il faut commencer par mener à leur terme des petites actions. Car les petits ruisseaux font les grandes rivières.»
Très clairement, CharmECA n’entend pas se focaliser sur les remontées mécaniques charmeysannes. «Pour l’idée des pylônes publicitaires, par exemple, nous allons comme tout le monde attendre les résultats de l’analyse en cours. C’est surtout une question de marketing, poursuit Thierry Moret. Quoi qu’il en soit, si l’on cherche des partenaires, il faut déterminer quelles sont les contreparties qu’on peut leur offrir.» Et de citer l’exemple de Fribourg-Gottéron, qui bénéficie d’un soutien exceptionnel des entreprises régionales. «Il faut savoir susciter l’intérêt du monde de l’économie. Ça peut marcher si les entreprises s’identifient à la région, qui représente chez nous un potentiel extraordinaire.»

Mener la discussion
Dès l’annonce de sa création, rendue publique hier dans L’Echo val de Charmey, les réactions étaient plutôt enthousiastes. «Je trouve que c’est une excellente idée, car un grand nombre de sujets importants pour l’avenir de notre village devront bientôt être discutés, se félicite Félix Grossrieder, syndic de Charmey. Il est important que des groupes d’influence émergent afin de pouvoir mener les débats. Il est temps qu’il se passe quelque chose à Charmey.»
Même son de cloche du côté de l’Office du tourisme de Charmey. «C’est très positif de fédérer les gens. Les entrepreneurs, commerçants et artisans montrent que c’est possible, se réjouit Christophe Valley, son directeur. Il faut maintenant que nous trouvions ensemble des synergies et des collaborations, pour rendre leurs objectifs plus tangibles. Il est nécessaire à Charmey que chacun apporte sa contribution pour pérenniser les acquis. Dans ce sens, il est très bien de mettre les gens autour d’une même table.»