PAR DOMINIQUE MEYLAN
Ce nouveau centre n’est ni un caprice ni une tentative de supplanter les trois autres piliers de l’économie: il résulte d’une nécessité. C’est le message délivré hier par les responsables des TPF, qui ont présenté leur projet de centre industriel de maintenance et d’exploitation. Le complexe, estimé à près de 100 millions de francs, devrait être construit le long de la ligne ferroviaire à Givisiez.
Ce centre constituera la base arrière des TPF dans le Grand Fribourg. Leur stratégie consiste à rassembler sur un seul site les ateliers, l’exploitation, la technique et l’administration, ce qui permettra d’exploiter des synergies et de gagner en efficience. «Le gain en productivité sera énorme», estime encore Christian Castella, président du conseil d’administration des TPF. Paradoxalement, cet important investissement devrait donc permettre d’épargner.
L’argent ainsi économisé couvrira indirectement une part des 80 à 100 millions de francs nécessaires pour construire ces infrastructures. L’investissement est principalement à charge des TPF.
Un nouveau siège
Le siège de Fribourg, encore relativement neuf, sera également transféré à Givisiez. «Les bureaux ont été ajoutés au projet par intelligence d’investissement», explique Christian Castella. Le volet administratif représente une toute petite part du complexe, dont la vocation première serait bel et bien industrielle.
Dans le Grand Fribourg, les infrastructures pour l’entretien des bus se répartissent en neuf endroits. Vétustes, elles ont pour la plupart entre trente et quarante ans. Les surfaces actuelles ne permettent pas de développement. Avec la ville qui s’agrandit, des dépôts, en particulier celui de Chandolan, se retrouvent au milieu de quartiers d’habitation.
Ces structures disparates compliquent le travail. Par exemple, pour changer les pneus d’un bus, il faut actuellement quarante minutes à l’atelier de Chandolan, ne serait-ce que pour rassembler le matériel. A Givisiez, cinq minutes devraient suffire.
«Il fallait un terrain industriel grand, pas trop éloigné de Fribourg, avec un accès routier et une connexion au réseau ferroviaire», explique Vincent Ducrot, directeur des TPF. Cela résume toutes les difficultés à trouver la parcelle adéquate. Sans compter que le futur centre est appelé à fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre: les habitations étaient à proscrire dans ses environs immédiats.
Après de longues recherches, les TPF ont sélectionné un terrain dans la zone industrielle de Givisiez, qui réunit toutes ces exigences. Le consortium de la nouvelle zone industrielle du Grand Fribourg (CIG), ainsi que l’entreprise de planification générale Sapco SA, constituent leurs partenaires dans ce projet. La route est encore longue avant l’inauguration de ce centre, prévue, ou du moins espérée, en 2018.
Calendrier ambitieux
En 2013, le projet sera développé. Actuellement, les plans se limitent à des esquisses, qui pourraient encore changer. Un premier bâtiment (B) devrait contenir des infrastructures légères de nettoyage et des pompes à essence. En sous-sol, trois kilomètres de stationnement seront aménagés pour les bus. Dans un second édifice (A), 25 pistes d’entretien permettront la maintenance «lourde». Dans le même complexe, près des voies de chemin de fer, les ateliers et les dépôts des trains seront installés. La partie administrative se répartira sur deux étages, en hauteur.
Les TPF espèrent une mise à l’enquête en 2014. Si tout se déroule sans anicroche, le permis de construire pourrait être délivré en 2015. Le chantier s’étalera alors de 2015 à 2017. Les TPF ont d’ores et déjà accompli un premier pas: les terrains ont été réservés.
Un centre, où transitent de nombreux bus et trains, génère du trafic. Les TPF soulignent que leurs véhicules entreront et sortiront en dehors des heures de pointe. Et, concernant le passage à niveau de Givisiez déjà passablement chargé, des réflexions sont en cours. Le projet des TPF devrait intégrer les idées du canton pour résoudre ce problème.
Le siège actuel situé à la gare de Fribourg ne devrait pas être vendu. Rien n’a été fixé formellement. Christian Castella souligne toutefois qu’il s’agit d’un bon produit de location et d’une structure intéressante pour la promotion économique. La raison sociale des TPF sera déplacée de Fribourg à Givisiez.
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Le Sud ne sera pas déserté
L’objectif est de minimiser les transports à vide, expliquent les dirigeants des TPF. L’entreprise va maintenir sa présence dans les districts et conserver des garages proches du lieu d’engagement des véhicules. Pour les bus du Sud, les trajets à Givisiez seront réservés à des interventions lourdes, extrêmement techniques.
La Gruyère restera le deuxième centre stratégique des TPF. Le projet de délocaliser une partie des activités industrielles de la gare vers la zone de Planchy n’est absolument pas remis en cause. L’entretien «simple» des bus sera maintenu à Bulle, tout comme les dépôts. Tous les travaux sur les rames à voie étroite demeurent également en Gruyère. La tour de contrôle du réseau n’est pas menacée de délocalisation. Les TPF n’excluent pas quelques transferts d’employés, mais la dotation en personnel devrait rester stable dans le sud du canton. DM
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