Ces «simples anonymes» qui ont dompté le Dakar

| sam, 26. Jan. 2013
L’équipe du Défi suisse est rentrée cette semaine sans encombre. Les pilotes Michel Pythoud et Philippe Cottet racontent leur périple. Une aventure qui a ouvert la région à ce rallye-raid.

PAR VALENTIN CASTELLA


Samedi 19 janvier. Sur leurs motos, les régionaux Philippe Cottet et Michel Pythoud se faufilent entre une foule immense venue fêter les rescapés du Dakar. Usés, mais le sourire aux lèvres, les deux motards, respectivement classés 74e et 96e, profitent des 630 derniers kilomètres pour se ressasser une aventure qu’ils vont terminer dans quelques heures, lorsqu’ils auront enfin atteint leur objectif: arriver à Santiago sur la moto.
Comme un éternel refrain, cette phrase a été leur leitmotiv depuis leur départ de Lima, deux semaines auparavant. Au Pérou, Philippe Cottet et Michel Pythoud ne savaient pas encore ce que leur réserverait ce rallye-raid. Alors, comme pour apprivoiser le périple à venir, ils sont partis ensemble à l’assaut des premières étapes. «J’avais besoin de Philippe pour apprendre certaines techniques», lance Michel Pythoud.


Vivre sa propre course
Ensemble, ils vont traverser les premières étapes avant de rouler chacun de leur côté. «Michel devait vivre sa propre course», commente Philippe Cottet. Séparés, les compères ont poursuivi leur route et ils ont dû vaincre, au fil des heures, l’usure que le Dakar fait ressentir. «Une étape est à la portée de beaucoup de pilotes, explique Michel Pythoud. C’est l’enchaînement des journées qui est difficile à gérer. Les liaisons étaient pafrois longues de 400 ou 500 km.»
Bien acclimatés à leur nouvel environnement, les membres du Défi suisse ont subi un coup dur lorsque Philippe Pythoud s’est retrouvé à terre, un métacarpe de la main droite cassé. «J’ai senti que quelque chose s’était brisé. Mais je ne suis pas allé voir le médecin, qui m’aurait peut-être forcé à abandonner.»
Cet incident illustre bien les galères que chaque participant doit endurer pour dompter un rallye-raid de cette difficulté. Intervient alors l’aspect primordial au succès: la force mentale. «On ne peut pas se permettre de perdre le fil rien que quelques minutes», décrit Philippe Cottet. «Et puis, il faut savoir gérer toutes ces émotions que sont la joie, la peur, l’euphorie, lance Michel Pythoud. On peut arriver au bivouac exténué, s’être pris 40°C dans la figure en une journée et débarquer avec le sourire, juste par satisfaction d’avoir réussi à terminer. Sur le moment, cette euphorie fait du bien.»
Ce sentiment permet également d’atténuer parfois les émotions ressenties, notamment lorsque la caravane du Dakar se retrouve en deuil, comme ce fut le cas à plusieurs reprises cette année: «Nous avons vu le motard de 25 ans tué quelques minutes après son accident, soupire Philippe Cottet. Ce n’était pas le premier mort que je croisais en course. Mais c’est à chaque fois bouleversant, car on se dit que cela peut nous arriver. Alors on se concentre encore davantage pour retrouver notre équipe en fin de journée.»


Des endroits magnifiques
Le Dakar ne se résume bien évidemment pas seulement aux galères. Ces dernières sont vite effacées par les innombrables instants qu’aucun ne pourra oublier. «Nous avons traversé des endroits magnifiques, décrit Philippe Cottet. En tant que Suisse, nous sommes nés avec des montagnes. Mais, dans la cordillère des Andes, c’est un autre monde. Tu peux grimper jusqu’à 4500 mètres d’altitude et te retrouver face à des sommets de 5000 ou 6000 mètres.» «Et puis, quelques jours plus tard, tu roules avec vingt ou trente degrés de plus face à des dunes énormes qui te donnent le vertige», poursuit Michel Pythoud. Le tout accompagné par une population enthousiaste: «Lors de la dernière étape, il y avait tellement de spectateurs que le road book n’était pratiquement pas nécessaire», se rappelle Michel Pythoud.
Durant deux semaines, les membres du Défi suisse ont vécu au rythme des étapes. Un périple qu’aucun ne regrettera, car tous ont réussi leur Dakar. De son côté, Philippe Cottet a décidé de clore le chapitre rallye-raid, alors que Michel Pythoud veut simplement savourer la réussite du projet.


Moto vendue aux enchères
L’histoire ne s’arrête toutefois pas là. En effet, l’une des motos, d’un prix de base de 15000 francs, sera vendue aux enchères dès lundi sur le site internet www.ricardo.ch: «Avant de partir, nous avions prévu de faire un don à la fondation de Nicole Niquille. Et puis, nous avons eu l’idée de mettre, en plus, une moto en vente pour offrir davantage. Nous bouclerons la boucle d’une belle manière.»

 

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Au camion avec les copains
Mercredi à l’aéroport de Genève, épouses, enfants, amis, banderoles, cloches…Tous avaient fait le déplacement pour accueillir une équipe de copains qui a réussi à «faire voyager» de nombreuses personnes, passionnées ou non. En effet, l’intérêt pour le Dakar n’a jamais cessé de se développer dans la région. «En course, nous sommes déconnectés du monde, explique Philippe Cottet. Mais on nous a fait sentir que le soutien en Suisse était phénoménal. Des gens se sont accrochés à notre histoire.» Michel Pythoud continue: «Voir ce que de simples anonymes ont pu générer est incroyable. Je pense que nous avons eu la chance de réaliser le rêve de beaucoup de personnes.»
Si cette équipe a attisé cet élan de sympathie, c’est parce que les petits Suisses, sans oublier le troisième pilote belge Mikael Despontin, ont réussi le pari de tenir tête aux équipes professionnelles. «Nous avons beaucoup travaillé avant le départ, reprend Philippe Cottet. Nous étions prêts. Et puis, chacun a été parfait dans son rôle. Tout était organisé, carré. Mais il régnait une ambiance particulière. Nous étions tellement contents, le soir, de retrouver les copains pour qu’ils racontent leur journée et les centaines de kilomètres qu’ils avaient parcourus. Chacun a eu la chance de vivre son Dakar, avec ses peurs et ses joies. Et c’est ma plus grande satisfaction.» vac

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