En volant, elle réalise le rêve de chacun

| jeu, 24. Jan. 2013
Vêtue de sa wingsuit, Géraldine Fasnacht effectuera quatre dé­monstrations ce week-end à Château-d’Œx. L’occasion de revenir sur les derniers exploits de la Vaudoise. Elle ouvre la voie à la nouvelle génération d’adepte de vol en wingsuit.


PAR VALENTIN CASTELLA


Au centre de la ville de Chamonix trône une statue. Celle-ci met en scène deux alpinistes qui pointent du doigt le massif du Mont-Blanc. Ces hommes, ces aventuriers du XVIIIe siècle, ont été des précurseurs de l’alpinisme. Ils ont ouvert la voie aux générations futu­res et à celle de Géraldine Fasnacht notamment.
Inspirée par la montagne depuis son enfance, celle qui a remporté, au début des années 2000, l’Xtreme de Verbier à trois reprises, peut être assimilée à ces alpinistes qu’on croyait fous lorsqu’ils s’attaquaient à des sommets maudits où les légendes interdisaient tout accès. Habitant justement à Chamonix, la Vaudoise de 32 ans est, elle aussi, parfois perçue com­me une inconsciente lors­qu’elle s’envole d’un sommet munie d’une combinaison à aile (wingsuit).
Ce week-end à Château-d’Œx, elle offrira d’ailleurs aux spectateurs présents au Festival international de ballons plusieurs prestations. L’occasion de mettre en exergue une activité qui inspire le respect, mais aussi une certaine inquiétude.

Géraldine Fasnacht, vous serez vêtue d’une nouvelle combinaison à Château-d’Œx. Une révolution qui entraînera de nouveaux exploits?
Oui, je l’ai reçue il y a un mois environ et elle est assez dingue. Depuis que j’ai commencé ce sport, l’évolution a été impressionnante. Auparavant, le rapport était de 1000 mètres de chute pour 1000 mètres de distance. Désormais, il est de 1000 mètres de chute pour 3000 mètres de distance. Et la finesse est incroyable. En 1912, des gens avaient cousu des ailes à leurs vêtements et sauté depuis la tour Eiffel sans parachute. Ils étaient persuadés de pouvoir voler. On les surnommait les «fous volants». Aujourd’hui, leur rêve est possible grâce aux progrès technologiques. Et peut-être que, dans quelques années, on pourra voler sans parachute sur les arêtes comme les oiseaux. Tout va tellement vite.

Les progrès vous ont permis d’ouvrir de nombreuses voies encore inédites, notamment dans les Alpes…
Cet été, nous avons connu un moment fantastique en s’élançant du sommet des Drus. Un endroit symbolique de l’alpinisme. Avec mon mari, nous y sommes montés à plusieurs reprises. On se disait que, peut-être un jour, nous pourrions sauter. Et, grâce aux nouvelles tech­nologies, nous avons réus­si. Lorsque nous avons touché terre, l’émotion était fantasti­que. Cela nous a donné la preu­ve que nous pouvions désormais rêver à d’autres endroits inaccessibles jusque-là.

Justement, lorsqu’on regarde les images de votre saut au sommet des Drus, on ne peut s’em­pê­cher de penser à la folie et aux risques pris. Les gens vous en parlent souvent?
Oui, bien sûr. La plupart des gens ne regardent que les sauts, que les images en vol. Mais je leur précise toujours qu’il y a une longue préparation auparavant. Pour les Drus par exemple, nous avons premièrement analysé les performances de la nouvelle combinaison lors de sauts d’entraînement effectués ailleurs. Et puis, en observant les statistiques, nous nous sommes rendu compte que c’était possible.  Ensuite, il a fallu réunir une équipe solide pour atteindre le sommet. Nous étions finalement quatre à partir. Après trois heu­res de montée et sept heu­res de grimpe, nous som­mes arrivés au sommet. Et, là encore, nous n’étions pas certains de pouvoir sauter. Car on ne veut prendre aucun risque. Nous nous entraînons tous les jours pour réaliser ce genre de performance. Rien n’est laissé au hasard, même si rien n’est jamais assuré en montagne.

A quelques secondes de sauter, vous y pensez, aux risques?
Je pense surtout à réaliser le départ parfait. Le risque fait partie de ma vie depuis toujours. Petite, je voulais voler et devenir une championne. J’ai réussi à réaliser mes rêves. A force, je suis devenue addicte à l’adrénaline. A chaque fois, j’ai l’impression de toucher la lune. J’ai une chance immense de pouvoir vivre des sensations que peu de gens auront l’occasion de ressentir une fois dans leur vie.

Pensez-vous défier les lois de la nature ou, au contraire, tentez-vous de vous en rapprocher au maximum?
Je n’oserai jamais défier la montagne. Une fois, une journaliste d’une télévision française m’a dit que je menais une vie dangereuse. Je lui ai répondu que la vie parisienne n’était pas plus tranquille avec les agressions, le métro, les cambriolages. Moi, je vis dans la nature et elle ne peut pas me faire de mal. Si elle m’en fait, c’est que je ne l’ai pas écoutée et que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.

Que pensez-vous transmettre aux gens au travers de vos différentes représentations, conférences, photos et vidéos?
Lorsque j’arrive au sol après un saut, je vois toujours de grands sourires, du bonheur. La plupart des gens qui me voient voler se souviennent tous qu’ils ont eux aussi rêvé de voler un jour. J’imagine alors que je leur ai apporté un peu de joie.

 

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Un spectacle inédit

Samedi et dimanche à Château-d’Œx, Géraldine Fasnacht se retrouvera sur une nacelle à 1000 mètres de hauteur. A quatre reprises (les deux jours à 11 h et à 15 h), elle s’élancera pour présenter un spectacle que peu de gens ont déjà eu l’occasion d’apprécier. «J’aime particulièrement cet événement, explique-t-elle. Regarder les ballons s’envoler avec tous ces aérostiers, c’est magnifique. Leur manière de voler correspond parfaitement à ma philosophie.»
C’est donc avec un réel enthousiasme que la Vaudoise va présenter un spectacle inédit: «Cela va demander un gros travail de coordination. On ne va pas sauter juste pour sauter. Un caméraman sera avec moi en l’air pour récolter les images. De plus, un drone, capable de prendre des photos et de filmer, nous suivra dans notre descente. Nous avons décidé de réaliser une démonstration à la hauteur de l’événement.» Elle poursuit: «Ce genre de saut nous permet de démontrer que le vol en wingsuit est un sport magnifique. Malheureusement, on entend davantage parler de notre activité lorsqu’il y a un accident. Et c’est dommage. Car elle nous permet de voler, de réaliser le rêve de chacun d’entre nous.» vac

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