Les journaux ne seront plus imprimés à Fribourg

| jeu, 31. Jan. 2013
Le groupe Saint-Paul supprimera son secteur de production de journaux (La Gruyère, La Liberté, etc.) à la fin 2014. La décision des Freiburger Nachrichten de ne pas prolonger leur contrat d’impression provoque cette fermeture.

PAR JEROME GACHET

La rotative du groupe Saint-Paul, au fond du boulevard de Pérolles, fait partie du patrimoine fribourgeois. Voilà plus de cent ans que ce monstre d’acier imprime La Liberté et les Freiburger Nachrichten. La Gruyère sort également de cette presse depuis 1981, tout comme Le Messager depuis 1997.
Des milliards de pages vont prochainement se tourner d’un coup. Le groupe fribourgeois a en effet annoncé hier la fermeture de son secteur d’impression de journaux. Avec pour conséquence la suppression de postes. Selon le directeur Thierry Mauron, une cinquantaine de personnes seront touchées. «Nous voulons limiter au maximum les conséquences sociales en encourageant les départs à la retraite anticipée, avec la reprise d’une partie du personnel par le futur imprimeur et avec un plan social. Mais des licenciements ne pourront cependant pas être évités.» Saint-Paul compte environ 300 collaborateurs, dont la moitié travaillent à l’imprimerie, tous secteurs confondus.
La rotative en question a fait l’objet d’un investissement de près de 15 millions de francs en 2006. Ces travaux devaient prolonger l’espérance de vie de la machine d’une quinzaine d’années, soit jusque vers 2020.
Aujourd’hui, la rotative est en parfait état. C’est sur le plan économique que le problème se pose. Le groupe Saint-Paul vient en effet de perdre son principal client «extérieur», les Freiburger Nachrichten(FN). Le conseil d’administration de ce journal a en effet décidé de privilégier une offre d’impression venant d’un groupe extérieur au canton et financièrement plus attractive. Or, avec ce journal en moins, la rotative n’est plus rentable. «Nous regrettons vivement cette issue», explique Martial Pasquier, président du conseil d’administration de Saint-Paul. Tout en précisant que, avec les temps difficiles que traverse la presse, il n’est pas possible pour le groupe de compenser les pertes.
Précisons que Saint-Paul est l’actionnaire unique de La Liberté et qu’il possède la majorité à La Gruyère et au Messager. Il ne détient en revanche «que» 20% du capital-actions des Freiburger Nachrichten.
Dans ce contexte, le groupe Saint-Paul va-t-il conserver ses actions dans le journal singinois? «Les FN perdent de leur importance stratégique», se borne à répondre Martial Pasquier, n’excluant pas une vente.
Au conseil d’administration des FN, le président Felix Bürdel motive la décision prise: «Nous avons choisi cette voie pour des raisons économiques. C’est une question de survie pour nous. Nous avons essayé de discuter avec le groupe Saint-Paul, mais il n’a pas pu s’aligner. En continuant à Fribourg, nous aurions payé les frais d’impression 38% de plus qu’ailleurs. D’ailleurs, nous aurions pu partir à Berne (n.d.l.r.: chez Tamedia) avant si nous n’avions pensé qu’à nous.»
Après négociation, les FN resteront en effet à Fribourg en 2013 et en 2014, à la faveur une réduction de la facture de 20% lors de cette année et de 40% lors de la suivante. A Saint-Paul, qui s’est en fait aligné sur l’offre concurrente pour 2014, on précise que l’impression des FN se fera à perte cette année-là.
Pour Felix Bürdel, la décision prise n’a fait que précipiter une issue inéluctable. Les germanophones ont-ils manqué de solidarité envers les francophones? «On peut interpréter ce terme comme on veut. Nous devons trouver des solutions pour produire ce journal à des coûts qui assurent notre survie. Si on meurt, la solidarité ne sert à rien.»


A Berne ou à Lausanne?
La suite? Les négociations sont avancées avec Tamedia (Tages Anzeiger, Berner Zeitung, 24 heures, Le Matin, etc.). Le groupe possède plusieurs centres d’impression, notamment à Lausanne et à Berne.
Saint-Paul précise que les autres activités du groupe se poursuivront normalement, à savoir les travaux de ville, la nouvelle régie publicitaire media f, les Editions La Sarine ou, pour ce qui concerne Bulle, la librairie du Vieux-Comté.

 

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«Assurer l’indépendance»
La décision de fermer le secteur d’impression des journaux n’aura pas d’incidence pour les lecteurs de la presse fribourgeoise. Pas de changement non plus en termes de propriété: Saint-Paul conservera les mêmes parts à La Liberté, à La Gruyère et au Messager. Mais on sait aussi que la Congrégation des sœurs de Saint-Paul, propriétaire unique de l’entreprise, est menacée de disparaître. Le directeur Thierry Mauron assure qu’il est toujours question de privilégier la solution fribourgeoise pour recapitaliser le groupe: «Nous voulons assurer l’indépendance des titres», affirme-t-il, précisant que, «pour l’heure, la recapitalisation est reportée». En reprenant l’impression, Tamedia ne prend-il pas une option sur les journaux fribourgeois? «L’option que Tamedia entre dans le capital n’est ni étudiée ni même envisagée», répond Thierry Mauron. JG

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