PAR JEAN GODEL
Le 11 janvier 2011, des pluies diluviennes et des glissements de terrain faisaient entre 700 et 800 morts ainsi que 10000 sans-abri à Nova Friburgo et dans ses environs. Deux ans jour pour jour après la catastrophe, la reconstruction des centaines de maisons détruites n’est de loin pas terminée. Mais pour ce qui est de l’école municipale Cécilia Meireles à Nova Friburgo, tout est quasiment fini. C’est ce qu’indique le communiqué de presse du groupe de danse folklorique Les Coraules de Bulle et de la Société de musique de Treyvaux (brass band).
Les deux formations avaient choisi d’aider cette école, en appui à la Fondation Waldorf, contributrice principale. Le 5 février 2011, elles avaient organisé des concerts à Semsales et Treyvaux qui avaient rapporté près de 20000 francs. La somme avait été directement versée sur un compte ouvert au Brésil par Marcel Auguste Schuwey, un Fribourgeois installé de longue date à Nova Friburgo. «Nous l’avions rencontré lors d’un voyage en 2009», explique Anne-Claire Vuichard, initiatrice du projet aux Coraules avec Christine Kolly, son alter ego à la Société de musique de Treyvaux. «Nous tenions à apporter une aide concrète, directe, par amitié pour nos correspondants sur place.»
Imbroglio politique
C’est Mauricio Pinheiro, directeur culturel de la Casa Suiça de Nova Friburgo, qui a fait le lien entre Marcel Auguste Schuwey et Mara Rubia, la directrice de l’école. L’argent des deux groupes fribourgeois n’a donc transité ni par l’Association Fribourg-Nova Friburgo ni surtout par les autorités locales.
Cette dernière nuance est importante: dans son communiqué, Anne-Claire Vuichard rappelle les craintes nées après la publication, le 9 août dernier dans La Liberté, d’un article évoquant la cohabitation surprenante de trois préfets à Nova Friburgo: le premier, ami de longue date de la Suisse, en congé maladie pour blessure, le deuxième (son adjoint) mis en examen pour détournement des fonds destinés à la reconstruction de la ville, enfin le troisième nommé ad interim. Un imbroglio qui ne contribuait pas à faire avancer la reconstruction.
Avec les deux marraines
«La direction de l’école Cécilia Meireles relève le sérieux avec lequel l’action de reconstruction a été menée», soulignent les Coraules et la Société de musique de Treyvaux dans leur communiqué. D’ailleurs, le 13 octobre dernier, lors du voyage d’une délégation fribourgeoise au Brésil, les conseillères d’Etat Isabelle Chassot et Anne-Claude Demierre ont dévoilé une plaque commémorative lors de l’inauguration officielle du bâtiment.
Ce, alors même que le canton de Fribourg n’a pas contribué à la reconstruction de cette école. «Dans ce vaste mouvement de solidarité générale entre Fribourg et Nova Friburgo, les deux conseillères d’Etat ont en quelque sorte joué les marraines de cette initiative sympathique», explique Pierre-André Sieber, responsable de l’information à la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS).
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Certains projets sont bloqués
L’Association Fribourg - Nova Friburgo (AFNF) cofinance, à hauteur de 250000 francs, six projets en lien avec la reconstruction de la ville dévastée en janvier 2011. Dans l’attente d’un point de la situation par le Conseil d’Etat dans les prochaines semaines (le canton a pour sa part versé 100000 fr.), le président de l’AFNF Raphaël Fessler indique que, pour l’heure, un seul projet a été mené à terme. Il s’agit de la reconstruction de la cuisine communautaire et des dépôts techniques de la Maison des Pauvres de la communauté Saint-Vincent-de-Paul. Là aussi, l’inauguration a eu lieu en octobre dernier en présence de la délégation fribourgeoise, notamment des conseillères d’Etat Isabelle Chassot et Anne-Claude Demierre.
Un autre projet est en cours: la formation postgrade offerte à une géologue brésilienne au Centre d’étude des risques géologiques de l’Université de Genève. Son cursus a été complété l’été dernier par un stage dans trois services de l’Etat de Fribourg. Un deuxième spécialiste sera sélectionné au Brésil le mois prochain pour une formation en Suisse en 2014.
Mais, pour ce qui est des autres projets, notamment la reconstruction d’une crèche, ils sont pour l’heure bloqués pour des raisons administratives locales, confirme Raphaël Fessler. L’Etat brésilien doit entre autres déterminer si les terrains concernés sont situés dans des zones à risque. «Cela ne dépend pas de l’AFNF, précise son président. L’argent n’a pas été dilapidé: il est débloqué par nos soins au fur et à mesure de l’avancement des travaux.»
Situation politique stabilisée
Quant aux autorités locales, la situation s’est décantée avec l’élection, le 7 octobre, d’un nouveau préfet, Rogerio Cabral. Isabelle Chassot et Anne-Claude Demierre l’ont d’ailleurs rencontré de manière informelle lors de leur déplacement au Brésil, indique Raphaël Fessler. Lequel se dit confiant sur la volonté de Rogerio Cabral de maintenir de bonnes relations avec Fribourg: «C’est un partenaire fiable, les premiers contacts ont été positifs. Mais c’est sûr que sa priorité ira à la reconstruction de sa ville, et ça lui prendra des années.» Rogerio Cabral est entré en fonction la semaine dernière. JnG
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