PAR ANGELIQUE RIME

Un monstre d’acier haut d’une trentaine de paliers et composé de milliers de barres. Rien qu’à la taille des gradins installés dans la halle centrale de Forum Fribourg, l’importance que revêt Eurholstein, la Confrontation européenne des races holstein et red holstein devient tout à coup évidente. Samedi prochain, 4500 personnes pourront s’y installer pour admirer 169 reines de la génétique venues de 18 pays.
L’air détendu, Francis Egger, président du comité de pilotage d’Eurholstein, observe l’avancement du montage des infrastructures. «Je suis content de voir que les installations prennent forme!» lance l’ancien directeur de l’Institut agricole de Grangeneuve. Quelques jours avant le coup d’envoi, le président revient sur l’organisation de ce concours, qui met en effervescence le monde agricole. Interview.

Fribourg n’est pas une ville qui accueille habituellement des foires bovines. Pourquoi avoir choisi cet endroit?
Cette décision en a étonné plus d’un et c’est effectivement la première fois que des vaches seront exposées à Forum Fribourg. A l’époque, quelques tensions sont apparues. Le palais de Beaulieu à Lausanne ou encore Espace Gruyère à Bulle étaient aussi sur les rangs.
Lors d’un concours européen, ce n’est pas la quantité de vaches qui est considérable – 1000 à Swiss Expo contre 169 lors de la Confrontation – mais les infrastructures mises en place, notamment les gradins et le ring. Il n’y aurait pas eu la place pour les installer à Lausanne ou à Bulle. De plus, il existe dans ce canton un savoir-faire en rapport avec les vaches qu’on ne trouve pas ailleurs dans le pays.

Quel a été le plus grand défi à relever dans l’organisation de ce concours?
L’aspect financier a été déterminant. Nous avons un budget de 1,3 million de francs pour organiser ce que je compare à la finale de la Champions League, mais pour les vaches laitières. Reste à savoir si Messi sera fribourgeois!
Concrètement, trouver des sponsors ne s’est pas fait sans efforts. Même si les quatre piliers de l’économie fribourgeoise ont répondu présent, j’ai été étonné par le refus de certains. Il faut savoir que la génétique touche un public de niche et n’entre pas forcément dans la stratégie marketing de certains, notamment des grands distributeurs. Il est plus facile de mettre en avant des produits du terroir!
Planifier les horaires de travail des 220 collaborateurs n’a pas non plus été une mince affaire. Sans oublier la gestion de la circulation et des camions contenant les vaches. Nous avons d’ailleurs obtenu une dérogation spéciale pour que les poids lourds puissent circuler le dimanche et rentrer directement après la manifestation.  

Et au niveau sanitaire?
Le travail a été énorme, mais c’est surtout le vétérinaire cantonal qui s’en est chargé. La législation étant plus sévère en Suisse que dans le reste de l’Europe, la seule solution était de faire de Fribourg un îlot européen le temps de la Confrontation. Nous avons donc obtenu une dérogation spéciale de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).
Les vaches ne pourront entrer en Suisse que par quatre postes de douane: Bâle, Genève, Chiasso et Sankt  Margrethen. Là, les camions seront plombés. Chaque délégation devra en outre faire part de l’itinéraire qu’elle empruntera pour rejoindre Fribourg, cela pour des raisons de traçabilité. A son arrivée, chaque bête sera contrôlée. Toutefois, le gros du travail se fait en amont. Les délégations ont dû remplir un nombre impressionnant de formulaires concernant les vaccinations et l’état sanitaire général de l’animal. Après la manifestation, les vaches suisses seront placées en quarantaine dans une ferme de Vuadens.

Y a-t-il un risque que le concours soit annulé?
Il existe, mais il diminue d’heure en heure. Si une vache tousse quelque part en Europe ou si une épizootie se déclare, nous pourrions avoir des problèmes. Dès le début, nous avons pris en compte ce risque en essayant d’assurer tout ce qui était possible.

Est-on conscient de l’importance de cette manifestation dans le canton?
Au sein du monde agricole, la frénésie est palpable. Pour le reste, c’est difficile à dire. Je relève pourtant l’esprit villageois qui est ressorti tout au long de la préparation de la fête. Les différentes associations, que ce soit des jeunes éleveurs ou des anciens chauffeurs militaires, ont répondu présent comme s’il s’agissait de l’organisation d’une fête des musiques.
Même si ce concours touche un domaine pointu – la génétique – nous avons réussi à garder l’aspect festif. Durant cette période de crise que traverse le monde agricole, s’arrêter deux jours et mettre en avant un secteur qui se porte bien est très apprécié.  

Avez-vous une favorite pour le titre de championne?
Je n’en ai aucune idée. Je ne suis pas spécialiste de l’élevage. Ce sont la Fédération suisse d’élevage holstein et Swissherdbook, pour les red holstein, qui ont procédé à la sélection des vaches. Je me réjouis cependant particulièrement du concours par pays, qui aura lieu samedi après-midi. Si les juges ont le sens du spectacle, l’émotion promet d’être au rendez-vous.
 

Infos: www.eurholstein2013.ch

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La sélection fribourgeoise
Douze vaches du canton de Fribourg ont été sélectionnées pour participer à la Confrontation européenne. Chez les holstein, trois sur sept – Excellence, Jennifer et Morgane – proviennent du Comex Currat-Papaux-Piller, à La Joux. Pour le reste, il s’agit de Jamelia, de François Morand, à Vuadens, Pastis, de Claude Charrière, à Epagny, Emeraude, de Cyrille et Joe Demierre, à La Joux, et de Nubya de Kristy’s Club, à Rossens. Du côté des red holstein, Athena du Comex En Agnière, à La Verrerie, Gémina d’Everdes Holstein, à Echarlens, Rénita, de Christian Menoud, à Romanens, ainsi que Sublime et Tina, toutes deux propriétés de Michel Clément, au Mouret, défendront les couleurs du canton. AR