PAR YANN GUERCHANIK
Mercredi, du matin au soir, les péripéties de l’Hôpital fribourgeois se faisaient tangibles d’un seul coup. Annoncé en novembre dernier, le déménagement du service de médecine et réadaptation gériatriques de l’HFR Châtel-Saint-Denis à l’HFR Riaz passait du discours à l’acte. En plus des cartons et des camionnettes pleines de matériel, 85 membres du personnel et 23 patients ont plié leurs bagages pour rejoindre le site de Riaz.
«Le déménagement du service représente 34 lits, explique le chef de projet Stéphane Brand. En passant à 118 lits, l’HFR Riaz sera à présent rempli.» Du point de vue humain, les enjeux sont multiples. D’abord, il y a ceux qui restent. Une trentaine d’employés dévoués à l’unité de soins palliatifs voient «leur» hôpital se vider.
Ensuite, il y a ceux qui s’en vont. Les 85 employés sur le départ – des médecins, des aides-soignants, mais aussi du personnel de cuisine ou de nettoyage – représentent 60 équivalents plein-temps. Parmi eux, les réactions sont partagées. «Pour moi qui suis là depuis peu, ce n’est pas vraiment un souci, explique le chef physiothérapeute Sébastien De Vargas. Au contraire, c’est assez stimulant. A Riaz, j’aurai l’occasion d’être actif non seulement à la réadaptation, mais aussi aux soins aigus par exemple.»
La situation tient davantage du crève-cœur pour les employés qui quittent un navire sur lequel ils ont vogué pendant vingt ou vingt-cinq ans. Des motifs de satisfaction sont toutefois bien présents: «Leur nouveau lieu de travail sera beaucoup plus ergonomique, relève Stéphane Brand. Cela paraît fou, mais la majorité des toilettes sur le site de Châtel-Saint-Denis ne sont pas accessibles aux fauteuils roulants!»
Ambiance «bon enfant»
Dans son communiqué délivré mercredi, l’HFR le précise d’ailleurs: «Au final, la qualité de la prise en charge s’en trouve améliorée.» Car, au centre de l’attention, il y a bien sûr les patients. Le transfert de 23 d’entre eux en véhicule de transport ou en ambulance s’est fait dans une ambiance «bon enfant», selon Stéphane Brand. «D’un côté, ce sont des personnes très fragiles, mais d’un autre côté, elles ont derrière elles huitante, voire cent ans d’expérience... elles ont un certain recul sur les choses.»
Enfin, le changement concerne également le personnel de Riaz qui voit arriver en masse de nouveaux collègues. «Les espaces de travail ont dû également être réorganisés. Dans certaines salles inoccupées, des bureaux avaient été installés par exemple», explique le chef de projet.
Stéphane Brand se dit surpris en revanche par le peu de problèmes sur le plan matériel. Il aurait pu craindre les doublons ou du matériel qui viendrait à manquer. «Dans l’ensemble, on profite de la bonne synergie qui existe entre les deux sites. L’électrocardiogramme, par exemple, restera à Châtel qui en aura besoin tandis que Riaz est suffisamment équipé pour absorber la nouvelle demande.»
Quant au vide laissé à l’HFR Châtel-Saint-Denis, la Veveyse s’organise pour le combler. «Nous avons des pré-arrangements, explique le préfet Michel Chevalley. L’idée est de maintenir une activité dans le domaine médical sous la forme d’un centre de soins, pour autant que cela ne perturbe pas l’activité maintenue sur le site.» Si pour les 85 employés de l’HFR Châtel-St-Denis, il s’agissait d’un «couper-coller» vers Riaz, 30 membres continueront à assurer les soins palliatifs et ses douze lits. Pour le moment.
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