PAR KARINE ALLEMANN
Parce qu’il a vécu l’aventure il y a trente ans comme joueur, Jean-Yves Schwitz savait que participer au mythique tournoi Pee-Wee de Québec serait une expérience unique. Quand l’aubaine s’est présentée, le Veveysan n’a pas hésité à former une équipe. Ainsi, du 14 au 24 février, huit garçons de la région ont participé à la 38e édition du Tournoi international Pee-Wee, au Canada. Une compétition gigantesque qui réunit 118 équipes, soit presque 2000 enfants âgés de 12 à 13 ans.
Comment l’aventure a-t-elle démarré? «Une équipe se formait du côté de Monthey et l’entraîneur, un ami, a demandé à mon fils d’en faire partie», raconte Jean-Yves Schwitz, superviseur dans le domaine de la fibre optique, 43 ans. «Après discussion, je leur ai dit que, s’il y avait possibilité de monter une deuxième équipe, je m’en chargeais volontiers.» C’était en octobre 2011. Entraîneur des moskitos B de la Veveyse à l’époque, puis des minis du HCBG, le Veveysan a donc contacté des jeunes joueurs qu’il connaissait.
En plus de son fils Bastien, sept garçons de la région ont intégré cette deuxième équipe du Team Léman Suisse. Six jeunes évoluent au HC Bulle-la Gruyère (Rémy Balsiger, Noah Barbey, Sylvain Carrel, Fabien Gremaud, Bastien Schwitz et Harry Weale) et deux autres sont des anciens du HCBG, désormais à Fribourg-Gottéron (Elie M’Boyo et Alan Oberson). «Les organisateurs sont les Vaudois Sylvie et Juan Capdevila, de l’International hockey tours. Ils s’occupent de tout», explique l’entraîneur.
Il en coûte 2400 francs par enfant. Sur place, les joueurs sont logés par deux dans des familles d’accueil, tandis que le coach et ses deux assistants Christian Balsiger et Christophe Albanesi logent à l’hôtel. «Les familles s’occupaient des enfants comme si c’était les leurs. Et nous avons reçu une leçon de positivisme. Là-bas, il n’y a jamais de problème. Et, franchement, il n’y a eu aucun bug.»
Sportivement, l’équipe de Jean-Yves Schwitz s’est bien comportée. Alignée dans la catégorie Coupe du monde Amitié – il y a huit niveaux différents – elle a perdu son premier match 2-0 et remporté les deux suivants. «Nous avons manqué la finale d’un rien. Mais notre deuxième victoire, aux penaltys, restera dans nos mémoires. Dans la patinoire, c’était la folie!»
Comme les autres équipes éliminées, le Team Léman a ensuite participé à une nouvelle compétition sur le mode de l’élimination directe. «Nous avons été jusqu’en demi-finale. Elle s’est jouée le dimanche matin, le jour du départ. Si nous avions gagné, nous aurions dû disputer la finale juste avant de prendre l’avion.»
Mais les jeunes Suisses se sont inclinés, d’un tout petit but, encaissé à deux minutes de la fin. «Ils étaient tristes, mais je les ai félicités individuellement pour leur beau tournoi et leur ai offert à chacun un cadeau. La déception a vite laissé place à la joie d’avoir participé à quelque chose de fantastique.»
Pour l’entraîneur de Bossonnens, les hockeyeurs sont montés en puissance. «Ils ont vécu des trucs incroyables. Le premier match, c’était le show, avec les lumières éteintes pour la présentation des joueurs, l’hymne national… Ils étaient impressionnés. Mais ils se sont vite remis pour présenter un très beau jeu.»
Et le Veveysan de relever: «Là-bas, les Canadiens prennent tout ça très au sérieux. On ne pouvait pas entrer dans les couloirs de la patinoire sans badge. Et puis, tous les coaches portent une cravate! Moi, j’en ai acheté une le dernier jour, pour faire honneur à leur tradition.»
Une haie d’honneur
Les Canadiens prennent le hockey au sérieux, mais avec des valeurs qui plaisent à Jean-Yves Schwitz. «Cela se fait dans le respect de l’adversaire et de son niveau. Par exemple, après une défaite 8-0 en match amical, les vainqueurs nous ont fait une haie d’honneur. Quand, le lendemain, nous avons gagné 9-1, nous avons fait pareil. Pendant ce match, un de nos joueurs a même reçu deux minutes pour avoir manifesté trop de joie en marquant un but. A 7-0, ils estiment qu’on n’a pas à en rajouter. Je trouve que c’est bien de véhiculer ce genre de valeurs à des gamins de 12 ans. Ils ramènent une vision du hockey plus respectueuse et plus conviviale que celle perçue dans nos patinoires.»
S’il fallait noter un petit bémol: le Team Léman n’a pas joué dans le célèbre Colisée de Québec. «Moi, j’y avais disputé tous mes matches, se rappelle Jean-Yves Schwitz, un brin nostalgique. Aujourd’hui, seule la catégorie la plus relevée y joue et pour rester il faut gagner. Mais nous avons quand même pu aller au Colisée pour une rencontre U20 de l’équipe des Remparts.» Rencontre disputée devant 14000 spectateurs…
Le Canada est une terre de hockey et les Fribourgeois s’en sont même aperçus lors d’une visite dans un gigantesque centre commercial typique de l’Amérique du Nord. «Au milieu, il y avait une patinoire, sourit le Veveysan. Mais pas une petite, comme chez nous. Une vraie patinoire, avec de vrais matches!»
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