Par Thibaud Guisan
«Le lion n’est pas encore mort.» L’entraîneur Hans Kossmann et ses joueurs ne veulent pas vendre la peau de l’ours (ou des ZSC Lions) avant de l’avoir tué.
N’empêche, après son succès de samedi (5-4 après tirs au but), Fribourg-Gottéron se retrouve à une victoire de la finale, en menant 3-0 dans sa série de demi-finale. Première balle de match, ce soir à Zurich lors de l’acte IV (20 h 15): une rencontre pour laquelle le défenseur Shawn Heins est incertain. En attendant, analyse de quelques clés pour ouvrir les portes de la finale.
Les émotions
Entraîneur et joueurs assurent qu’ils ne tomberont pas dans le piège de l’euphorie. «Le sentiment qui prédomine, ce n’est ni de l’euphorie ni de la pression, mais de la sérénité», résume Alain Birbaum.
Le défenseur et ses coéquipiers sont conscients d’avoir la réussite avec eux. Samedi, le gardien Conz a été sauvé par sa latte à une seconde de la fin du temps réglementaire, avant de réaliser un arrêt miracle de la botte sur le dernier penalty zurichois. «Certains diront que c’est la chance du champion, sourit Alain Birbaum. Mais il faut rester humble. Le chemin est encore long. Zurich est très solide, avec plusieurs joueurs d’expérience qui ont gagné des titres.» L’année dernière, les ZSC Lions avaient été sacrés champions, après avoir été menés 3-1 dans la série finale par Berne.
En quart de finale, Fribourg-Gottéron menait aussi 3-0 contre Bienne, avant de se faire peur et de l’emporter 4-3. «Cette série nous a peut-être fait du bien. Elle nous a rappelé que, avec du cœur et de l’envie, on peut aller loin. Et Zurich, c’est un autre morceau que Bienne. Parfois, on se laisse dominer, mais sans offrir trop de chances à notre adversaire. Défensivement, il faudra tenir son homme dans sa zone. Des joueurs comme Wick et Ambühl peuvent faire des misères.»
Pour le match de ce soir, l’entraîneur Hans Kossmann en appelle d’ailleurs à un «jeu plus compact et discipliné que samedi». «Les trois premiers matches auraient pu tourner d’un côté comme de l’autre», rappelle le technicien.
La SBP-dépendance
La ligne Sprunger-Bykov-Plüss – la fameuse SBP – est la grosse arme offensive de Gottéron. Gare toutefois à la SBP-dépendance. Car qu’en sera-t-il lorsque la triplette connaîtra un jour sans? «Sans ces trois joueurs, je ne sais pas si nous mènerions 3-0 dans la série, concède Alain Birbaum. Cette ligne est imprévisible. Mais le mérite de notre succès revient à tout le monde. Chacun a son rôle. Notre force est de ne pas nous exciter quand les choses tournent mal. Et toutes les lignes sont capables d’être dangereuses.»
En effet, depuis le début des play-off, quinze joueurs ont inscrit les 34 buts fribourgeois. Avec sept réussites, Gamache est d’ailleurs le meilleur buteur. «Par contre, la première ligne (n.d.l.r.: avec Dubé) est trop souvent sur la glace lorsqu’on encaisse, peste Hans Kossmann. Cette ligne doit faire plus de boulot défensif.»
Le power-play
C’est là où le bât blesse. Depuis le début des play-off, Gottéron peine à exploiter ses situations de supériorité numérique. Deux buts (sur neuf) ont été marqués à cinq contre quatre en demi-finale. En quart de finale, les Fribourgeois, souvent tétanisés, n’avaient inscrit que quatre de leurs 25 réussites en power-play. «On est en progrès, commente Hans Kossmann. Le puck circule assez bien, mais j’aimerais qu’on soit plus efficaces.»
Non préposé à l’exercice, Alain Birbaum assiste au développement du jeu de puissance depuis le banc. «Le power-play, c’est la chose à améliorer. On doit être meilleur, particulièrement à cinq contre trois. Les équipes font du bon job en box-play. Zurich, qui avait inscrit huit buts en power-play en quart de finale, n’en a mis qu’un seul contre nous. On peine à marquer, mais on arrive mieux à s’installer. On a des shoots et on provoque des rebonds.»
Le poids de l’histoire
L’attente est grande. Fribourg-Gottéron n’a plus atteint la finale depuis 1994. Les joueurs ont une lourde responsabilité sur leurs épaules. «On essaie de ne pas penser à la finale, même si c’est parfois difficile, glisse Alain Birbaum. Après, on ne veut pas cacher notre objectif. On a le trophée dans un coin de la tête, mais on est conscients qu’il y a beaucoup de travail. L’ambition ne doit pas nous bloquer.»
En 2009, Gottéron avait aussi été à une victoire de la finale. Après avoir éliminé Zurich 4-0 en quart de finale, les Fribourgeois menaient 3-1 en demi-finale contre Davos, avant de plier 4-3. «On planait après nos victoires, se souvient Alain Birbaum. C’était la fête en ville. L’équipe n’avait pas trop l’expérience des play-off. On comptait moins de joueurs qui avaient gagné des titres. Depuis, on a gagné en maturité. On a appris à gérer l’euphorie.» n
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