Valentin Castella
Le match tant redouté va bien se dérouler ce soir à Fribourg (19 h 45). Battus jeudi, les Dragons joueront leur survie en play-off face à Bienne. Un revers et les folles illusions s’envoleront. Une rencontre qui fait déjà frissonner tout un canton. De gentille petite équipe, Bienne, grâce à ses trois succès consécutifs, s’est transformée en adversaire redouté.
Certes, les Fribourgeois menaient 3-0 dans la série. Mais personne n’était dupe. Le jeu présenté n’a jamais été convaincant: «Dès le premier match, on a vu que les Fribourgeois ne parvenaient pas à se montrer dominateurs, lance l’ancien entraîneur fribourgeois Paul-André Cadieux. Leurs prestations étaient à l’image de la fin du championnat régulier.»
Lors des trois premières rencontres, le portier Benjamin Conz avait permis aux siens de l’emporter. Mais, par la suite, la baisse de régime du Jurassien a mis en exergue les errances de ses camarades, notamment en début de rencontre. Deux buts encaissés en moins de huit minutes samedi dernier, deux en deux minutes mardi et un dernier encaissé jeudi à la 5e minute. Une statistique qui peut effrayer lorsqu’on sait que, dans cette série, l’équipe qui a marqué en premier l’a toujours emporté.
«Durcir le jeu»
On a aussi beaucoup pointé du doigt le manque d’engagement fribourgeois: «C’est vrai que, mardi dernier, nous n’avons pas évolué à une motivation digne des play-off», concède l’attaquant Tristan Vauclair. Paul-André Cadieux complète: «Durant les séries, il est essentiel de se reposer sur un bon système. Mais les joueurs doivent être capables de durcir le jeu. Ce qui n’a pas été le cas.»
Autre carence dans le jeu fribourgeois depuis trois rondes: le manque d’efficacité offensive, avec seulement une ligne, celle de Bykov, Sprunger et Plüss, capable de faire la différence, même si la quatrième, dans son rôle, est à la hauteur des attentes. Doit-on alors tout bouleverser pour ce dernier match? «Jeudi, Hans Kossmann a dû faire face à l’absence de Jeannin, reprend Paul-André Cadieux. C’était le bon match pour tenter des choses. Mais pas samedi, car faire trop d’essais s’apparenterait à appuyer sur le bouton de la panique.» L’entraîneur des Dragons tentera-t-il l’option Sushinsky? «Peut-être, laisse planer le doute l’intéressé. Les Biennois le connaissent moins. Il peut surprendre.»
Ce soir, les Fribourgeois devront également retrouver une attitude de play-off, celle qui force les joueurs à batailler dans les coins, à se coucher devant les pucks. Une mentalité qui avait fait défaut avant de renaître en douceur jeudi. Oublier les déclarations malheureuses et peut-être même inconscientes de certains Fribourgeois qui se voyaient en demi-finale avant l’heure. «En play-off, la communication est très importante, note Paul-André Cadieux. Une fausse note peut faire décupler la motivation de l’adversaire.» Aujourd’hui, le discours est différent. «Un septième match ne se joue pas sur la vitesse ou le système, affirme Tristan Vauclair. C’est avec le cœur que tu gagnes ce genre de combat.»
Retrouver le momentum
Faut-il encore que les Fribourgeois parviennent, malgré leur bonne volonté retrouvée, à contrer l’enthousiasme biennois: «C’est vrai qu’on ne les sent pas capables de retourner une situation lorsqu’ils sont menés», analyse Paul-André Cadieux. Tristan Vauclair s’explique: «Nous devons absolument retrouver le momentum et évoluer de manière positive. Nous l’avons fait à un certain moment jeudi et nous avons mieux joué.»
Autre recette donnée par l’attaquant: «Etre capable nerveusement de conserver le puck et de dicter le rythme. Il faudra aussi particulièrement se concentrer sur le début de match et gérer la tension, notamment au niveau des pénalités.»
Paul-André Cadieux, qui a bien connu ce scénario de match couperet, notamment avec Fribourg, n’oublie pas non plus de mentionner le facteur réussite: «Dans ces moments-là, il ne faut jamais oublier la part de chance. Une déviation, un poteau. Tout peut basculer pour quelques centimètres.» En repensant aux dernières confrontations et à la baraka du portier biennois Reto Berra, il semble bien que les Fribourgeois devront se présenter sous leur meilleur jour pour convaincre la chance de revenir dans leur camp.
«Trouver les bons mots»
Un septième match de play-off est toujours un moment propice aux émotions fortes et surtout à une tension immense. Comment gérer de telles pointes d’adrénaline à bon escient? Pour Paul-André Cadieux, le rôle de l’entraîneur est primordial: «Il doit être capable, en tant que meneur d’hommes, de rassurer ses joueurs, de leur faire comprendre qu’il croit en eux. Durant la saison, un coach est obligé de faire preuve de psychologie. Dans ce genre de situation, il doit encore plus se concentrer pour trouver les bons mots et les dire de la bonne manière, en se montrant rassurant, tout en mettant les joueurs devant leurs responsabilités.»
Hier à l’entraînement, la tension était logiquement palpable. On l’a parfois vu en sport: la crispation, la peur de mal faire, peut devenir paralysante: «Dans ces moments-là, et même s’ils sont très importants pour nous, il faut toujours se dire que ce n’est que du sport, qu’il y a des choses plus graves dans la vie, réagit Tristan Vauclair. Mais c’est sûr que la pression sera au rendez-vous. Nous ressentons tous cette nervosité avant les gros matches. A chacun de transformer cette peur en énergie positive.»
«Les joueurs vont disputer le dernier match de la série et j’imagine qu’ils ont tous la boule au ventre, poursuit Paul-André Cadieux. Mais ce sentiment doit disparaître rapidement pour laisser place au désir de gagner à tout prix. Sinon, c’est perdu d’avance.»
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