«Nous faisons tout pour éradiquer l’épizootie»

| sam, 13. avr. 2013
photo prétexte
Des traces de tuberculose bovine ont été découvertes dans cinq exploitations. 57 exploitations fribourgeoises seront testées par précaution. Le district pourrait abriter un deuxième foyer secondaire. Sept vaches supplémentaires euthanasiées.

PAR JEROME GACHET

La tuberculose bovine n’a qu’à bien se tenir. Repérée au tout début du mois de mars lors d’un contrôle, elle est désormais traquée et sera, espère-t-on, définitivement éradiquée.
L’affaire n’est pas simple. Comme l’a souligné vendredi devant la presse le vétérinaire cantonal Grégoire Seitert, la bactérie avance masquée. Cela faisait d’ailleurs trois ans, au moins, qu’elle parasitait un troupeau du Gibloux (côté Sarine). D’ailleurs, la première vache à avoir été contrôlée positive – une red holstein – ne l’a été qu’après son abattage. Agée de onze ans, elle se portait bien.


4500 bêtes contrôlées
Concernant la propagation, il y a la bonne et la mauvaise nouvelle. Commençons par la mauvaise: la tuberculose bovine s’est répandue au-delà de ce troupeau initial. Elle a été détectée avec certitude dans quatre  foyers ayant hébergé des animaux en provenance de la première exploitation: une se trouve autour du Gibloux, mais du côté glânois, deux dans le canton de Vaud et une en Valais.
Le vétérinaire cantonal ajou-te qu’un nouveau troupeau, se situant également dans la Glâne, est suspecté d’infection. Selon des informations de La Gruyère, plusieurs bêtes ont déjà été tuées. «Sept, confirme Grégoire Seitert. Nous avons dû prendre cette décision justement pour confirmer ou infirmer la suspicion.» Il a également édicté une interdiction de couler.
La question est désormais de savoir jusqu’où la maladie s’est répandue. C’est ainsi que toutes les bêtes qui ont été en contact avec un des bovins infectés font l’objet de vérification. Ce qui représente, pour l’ensemble du pays, 4500 animaux, répartis dans 120 troupeaux, dont 57 se trouvent dans le canton de Fribourg. Au total, dix cantons sont concernés.


Un travail considérable
Grégoire Seitert attend les résultats pour la mi-mai environ. Jusque-là, ce sera le silence radio, annonce-t-il. Il précise que ce dépistage va donner un travail considérable à son service: après injection de l’antigène dans le cuir de l’animal, trois mesures doivent être effectuées en l’espace de cinq jours afin de constater s’il y a présence ou non de la bactérie recherchée.
La bonne nouvelle, c’est qu’un seul foyer souche a été découvert à ce jour. Toutes les bêtes testées positives ont en effet été en contact avec l’exploitation giblousienne. Ce qui permet de confiner le problème à une zone déterminée, pour l’instant du moins.
Pour se donner toutes les chances, le Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires du canton a pris des mesures radicales: les 87 bêtes (dont 60 étaient positives) du premier troupeau initial et les quatre d’un deuxième troupeau ont toutes été euthanasiées et brûlées. «Nous faisons tout pour éradiquer l’épizootie et garder le pays indemne au niveau du cheptel de rente», poursuit le vétérinaire cantonal.


Coup dur financier
En Suisse, une centaine de bêtes ont dû être sacrifiées. La situation n’est pas catastrophique, mais elle peut se détériorer. Rien à voir, pour l’heure, avec ce qui se passe en France, en Allemagne, en Autriche et en Espagne, pays qui doivent faire face à un taux endémique pouvant aller jus-qu’à 5%.
Pour les propriétaires des vaches mises à mort, le coup est rude. Sur le plan émotionnel, mais aussi sur le plan financier. Ils seront certes indemnisés en fonction de la valeur de la bête, mais pas, en principe, pour la production du lait.


Risques quasi inexistants
Les propriétaires de l’exploitation giblousienne qui ont vu leur troupeau être exterminé vont pouvoir reprendre la production de lait dans trois semaines, quand ils auront reconstitué un troupeau et que les travaux de nettoyage et de désinfection seront terminés. Un délai de trois semaines qui serait bien plus long si l’exploitation avait été mise sous séquestre (115 jours environ au minimum).
Si les risques pour l’homme sont pratiquement inexistants (lire ci-dessous), les conséquences de ce retour de la tuberculose bovine peuvent s’avérer lourdes sur le plan financier. Pour les producteurs concernés bien sûr, mais aussi, pour les exportations. S’il s’avère que la tuberculose bovine fait l’objet d’une épizootie endémique, certains pays pourraient bloquer l’entrée des produits suisses. Un scénario dont on est encore loin.

 

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Plusieurs personnes seront testées
L’être humain peut attraper la tuberculose bovine. Reste que pour l’homme, les risques sont limités. Tour d’horizon.


La tuberculose bovine est-elle transmissible à l’homme?
Oui, elle l’est, mais de manière très rare. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la transmission peut intervenir en cas de consommation de lait cru contaminé. Or, en Suisse, il est pratiquement toujours pasteurisé. Après vérification, il s’est d’ailleurs avéré qu’aucun lait cru provenant de l’exploitation du Gibloux touchée n’a été mis sur le marché. La consommation de produits laitiers est donc sans risque. La transmission à l’homme est également possible en cas de contact étroit avec l’animal infecté, particulièrement s’il tousse. Mais là aussi, les cas sont rarissimes. Dans l’épisode fribourgeois, les quatre personnes travaillant avec le troupeau concerné durant plus de trois ans n’ont pas été infectées pour autant. Médecin cantonal adjoint, Thomas Plattner indique que plusieurs autres personnes seront testées, notamment les bouchers qui ont été en contact avec la viande. Tout comme les collaborateurs du Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires cantonal qui ont effectué les contrôles.


Quels sont les symptômes?
L’Office vétérinaire fédéral (OVF) insiste sur le fait que la période d’incubation peut durer des mois, voire des années. Les poumons constituent généralement la porte d’entrée de la bactérie dans l’organisme chez l’animal, indique-t-il. La tuberculose bovine a disparu en Suisse depuis une cinquantaine d’années, à l’exception de quelques épisodes isolés comme celui qui touche actuellement le canton de Fribourg.
Pour ce qui est de l’être humain, les symptômes mettent également beaucoup de temps à se manifester. «Et dans 90% des cas, il ne se passe rien», ajoute Thomas Plattner. Toux, fièvre, dégradation de l’état général sont des symptômes de la tuberculose bovine… et de bien d’autres maladies. Donc pas de raisons de s’affoler.
L’OFSP note que sur les 500 cas de tuberculose recensés chaque année en Suisse, seuls 1 ou 2% concernent la tuberculose bovine. En 2011, le nombre de cas s’est élevé à 13, spécialement des individus de plus de 65 ans ou issus de l’immigration.

Comment traiter la tuberculose bovine?
Les êtres humains se voient proposer un traitement d’antibiotiques qui règle généralement le problème. Les animaux infectés ont moins de chance: par crainte d’une propagation, ils sont euthanasiés. JG

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