Berne augmente son soutien à l’alpage

| mar, 16. avr. 2013
En consultation, le projet de Politique agricole 2014-2017 prévoit une hausse sensible des contributions à l’estivage. Une bonne nouvelle donnée au monde alpestre fribourgeois lors des journées du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut.

PAR JEROME GACHET

Le printemps, enfin. A Allières, la lumière est pénétrante. Les cimes semblent s’être rapprochées. C’est dans ce village rattaché au monde par le chemin de fer et par une route improbable que les responsables du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut (PNR) ont mis sur pied les journées du parc autour de la question de l’avenir des chalets d’alpage.
Bien vu: il faisait, le week-end dernier, un temps à parler de montagne. Et après la visite de plusieurs chalets le samedi matin, place au débat à l’heure de la sieste digestive. Un échange entre différents acteurs marqué par un attachement indéfectible à ce patrimoine, même si les moyens de le préserver sont différents. Une septantaine de personnes y ont pris part ce qui, avec les participants aux autres activités des journées du parc, a fait le bonheur de Patrick Rudaz, coordinateur du PNR.
Ce fut aussi l’occasion de prendre du recul avec la présentation de Denis Morand. Ce Pâquiésan d’origine, collaborateur scientifique à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), a donné des nouvelles fraîches de la Politique agricole 2014-2017. Accepté par les Chambres, le projet est désormais en phase de consultation jusqu’au 28 juin. Si certains aspects font l’objet d’un référendum ou de vives bagarres (la prime à la vache dans le canton), d’autres sont passés inaperçus.
C’est le cas des mesures liées à l’estivage. De ce dossier vaste et complexe, Denis Morand a ainsi tiré les éléments qui concernent directement ce point. L’optimisme est de mise: «Le projet met un peu plus de moyens et un peu plus de mesures à disposition des exploitants. Il y a une claire volonté, politique et populaire, de soutenir l’estivage», résume-t-il.


De 330 à 400 francs
C’est ainsi que les contributions d’estivage devraient augmenter de 20% environ (100 millions de francs pour l’ensemble du pays actuellement). Si le projet est accepté, une bête qui passe cent jours au moins à l’alpage rapportera 400 francs dès 2014 contre 330 aujourd’hui à l’exploitant.
La grande nouveauté est l’introduction de la contribution d’alpage, qui tombera cette fois directement dans la poche des exploitations de plaine. «L’objectif est d’encourager la montée des bêtes à l’alpage», reprend-il. Cette subvention se montera à quelque 370 francs par bête.
Président de la Société fribourgeoise d’économie alpestre, Philippe Dupasquier s’en réjouit: «Ces mesures sont positives pour le monde alpestre. Berne incite toujours les agriculteurs à estiver, voulant éviter que les pâturages ne soient envahis par la forêt s’ils ne sont pas suffisamment utilisés.»
L’agriculteur de La Tour-de-Trême, fait néanmoins remarquer que les paysans gagneront sur un tableau, mais perdront sur un autre: cette contribution d’alpage est en effet compensée par la disparition, durant l’été, de l’aide pour les fourrages grossiers que consomme l’animal.


Fribourg gagnant
A cela, Francis Egger, responsable du Département économie, politique et relations internationales à l’Union suisse des paysans, répond que, l’un dans l’autre, la balance sera favorable aux paysans fribourgeois. «Oui, parce qu’ils estivent dans leur canton. Ce n’est par exemple pas toujours le cas en Valais ou dans d’autres régions», précise-t-il.
Ce n’est pas tout. Denis Morand, de l’OFAG, présente d’autres outils à disposition. Comme la possibilité, pour les exploitants, de solliciter une contribution de biodiversité, comme cela existe déjà en plaine. «Si un alpage possède des herbages riches en espèces, en particulier des fleurs, le paysan pourra s’annoncer au canton, qui, après étude du cas, décidera de lui accorder ou non un soutien.»
La Confédération propose également de subventionner des projets visant à conserver ou à améliorer la qualité du paysage. «C’est à la région elle-même, voire au canton, d’élaborer un projet. Cela a notamment été le cas dans le Jura pour les pâturages boisés», poursuit Denis Morand. «Une possibilité très intéressante pour une région comme la Gruyère où il y a de quoi faire», ajoute Francis Egger.
Si les temps sont durs pour le monde agricole et qu’il est difficile de conserver des chalets d’alpage, l’estivage n’est en soi pas dans une situation alarmante. «L’été, les pâturages sont bien remplis», constate Philippe Dupasquier. Ses chiffres le confirment: si le nombre de veaux a chuté (3330 en 2001 et 560 en 2011), celui des génisses a fortement progressé (20320 en 2001 et 24000 en 2011).

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