PAR VALENTIN CASTELLA

Une finale de play-off entre Fribourg et Berne: l’affiche ne pouvait être plus alléchante. Ce jeudi à 20 h 15, les deux meilleures formations du pays se retrouveront pour une confrontation  particulière. Rivalité historique, revanche de 1992, le petit devenu grand face à l’éternel favori… Tous les ingrédients sont au rendez-vous pour que cette finale atteigne des sommets, sportifs et émotionnels. L’entraîneur Hans Kossmann et les attaquants Sandy Jeannin et Beni Plüss présentent cette confrontation qui va forcément entrer dans la légende du club.

Face au rival
On l’a dit, une rencontre entre Fribourg et Berne est toujours spéciale. Pour les joueurs, se retrouver face aux Bernois a également une «saveur particulière», décrit Sandy Jeannin. Une rivalité qui n’a jamais cessé d’exister et qui fait de ces duels un classique du championnat: «L’année dernière, nous avons joué onze fois contre Berne, et à six reprises cette saison, explique Hans Kossmann. Nous connaissons parfaitement cette équipe. Après, nous sommes en finale. Donc ce sera forcément spécial.» Pour Beni Plüss, cette confrontation sera encore plus savoureuse, car il retrouvera son frère Martin. «Nous n’avons pas trop parlé ensemble ces derniers temps. On va peut-être se passer un coup de fil, mais sans plus. Car c’est la finale et c’est le hockey qui va primer.»

Un moral d’acier
Comme le démontre la réserve de Beni Plüss, les Fribourgeois sont uniquement concentrés sur la série qui s’annonce. Car ils ont conscience qu’ils vont faire face à un adversaire coriace qui ne renonce jamais. Menés 3-1 dans la série en quart de finale face à Genève et en demi-finale contre Zoug, les Ours ont, à chaque fois, inversé la tendance. Preuve d’une immense force de caractère: «Au niveau du jeu, Zoug a fait tout juste, reprend Hans Kossmann. Mais cela n’a pas été suffisant pour éliminer Berne.» Beni Plüss ajoute: «Les Bernois sont assez solides mentalement pour marquer quand il le faut. Ils ne tremblent pas lorsqu’ils doivent gérer les moments décisifs.»

Le fossé semble comblé
La saison passée en demi-finale, les Bernois avaient mis en lumière leur supériorité. En sera-t-il de même dès ce soir? Pour Hans Kossmann, le fossé a été comblé: «Je n’ai pas le sentiment que Berne est plus fort que l’année dernière. Par con­tre, de notre côté, nous avons progressé. En 2012, nous connaissions des problèmes avec nos étrangers. Rosa, Barinka et Heins n’étaient pas à 100%, tout comme Jeannin.
Aujourd’hui, Mauldin, Heins, Kwiatkowski ou Gamache sont en forme.» Il ajoute: «Physiquement, grâce par exemple à
un joueur comme Schilt, nous sommes aussi plus solides.» De son côté, Dubé a patiné mardi. De quoi soulever quelques espoirs de retour? La question reste sans réponse.

Un système à déjouer
Si les Dragons semblent mieux armés, il leur faudra toutefois trouver une solution pour contrer le système tactique bernois, qui avait été si efficace l’année dernière. Sandy Jeannin décrit le jeu que les Bernois vont certainement présenter: «Ils évoluent en 1-3-1, un système qui leur permet d’attendre à la ligne rouge. Ils forment un petit mur en milieu de patinoire pour forcer leurs adversaires à mettre le puck au fond. Ensuite, le défenseur qui est resté en retrait est bien placé pour récupérer la rondelle.»
Le Neuchâtelois poursuit: «Pour les contrer, nous devrons utiliser notre vitesse et tenter d’aller récupérer le puck au fond avant eux. Le tout en ne le perdant pas avant d’entrer dans leur zone. Car les Bernois poussent leurs adversaires à commettre des fautes pour, ensuite, évoluer en contre-attaque. A nous de trouver le bon mélange et de dénicher les solutions.» D’où le huis clos observé hier matin lors de l’entraînement.
De son côté, Beni Plüss n’oublie pas de mentionner les nombreuses individualités qui permettent à ce système de fonc­tionner. «Berne peut se reposer sur plusieurs joueurs très dangereux. Je pense notamment à Byron Ritchie, très efficace durant les play-off, à Ryan Gardner, à mon frère ou au défenseur Travis Roche.» Hans Kossmann conclut le chapitre tactique en affirmant que la clé de la réussite sera «la prudence et la patience».

Gérer l’émotion
Sandy Jeannin aime parler tactique. Mais l’attaquant précise que «cela ne reste que des schémas.» Il s’explique: «Il ne faut pas oublier l’instinct du joueur et le déroulement du match. Un puck ou quelques centimètres peuvent tout chambouler.» D’où l’importance d’avoir les ressources mentales nécessaires pour rebondir: «Depuis le début de la saison, je laisse le vestiaire se gérer tout seul, commente Hans Kossmann. Car il y a assez de leaders pour prendre le groupe en main.»
Beni Plüss confirme les dires de son coach: «Nous sommes bien dans notre tête.» Sandy Jeannin continue: «Bien sûr, il faut profiter de ces instants.
Ce n’est pas tous les jours que nous jouons une finale. Mais il faut être conscients que nous n’avons encore rien gagné. Les émotions seront grandes ces prochains jours. Mais il faut absolument que les joueurs se concentrent uniquement sur l’instant présent, et non sur ce qui va peut-être arriver après. Si on regarde trop loin, on va perdre notre concentration.»

Finale des play-off, acte I, FR-Gottéron - Berne, jeudi à 20 h 15
 

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«Un autre calibre que Zoug»
De 2005 à 2009, Caryl Neuenschwander a défendu les couleurs fribourgeoises. Ce soir, le Neuchâtelois (29 ans) défiera ses anciens coéquipiers. Le citoyen de Belfaux, qui évoluera la saison prochaine à Langnau «si le club se maintient en LNA», revient sur cette confrontation.

Caryl Neuenschwander, vous avez à chaque fois été menés 3-1 face à Genève en quart de finale et contre Zoug en demi-finale. Votre équipe fait preuve d’une force de caractère impressionnante. Comment l’expliquez-vous?
Nous pouvons nous reposer sur de nombreux joueurs d’expérience. Ce qui nous permet de nous transcender lorsque la situation devient délicate. Maintenant, j’espère que nous n’attendrons pas d’être menés 3-1 face à Fribourg pour nous réveiller. Car Gottéron est d’un tout autre calibre que Genève ou Zoug.

Justement, quelles sont les qualités de votre prochain adversaire?
Fribourg est une équipe complète. Son attaque est percutante et prône le beau jeu. Sans oublier que les quatre lignes sont capables de marquer. Ensuite, défensivement, elle est très solide. Les défenseurs et surtout le gardien Benjamin Conz font du bon travail.

Vous n’avez bénéficié que de deux jours de repos avant le premier acte de la finale, alors que Fribourg est qualifié depuis une semaine. Cela aura-t-il une incidence?
En play-off, il y a obligatoirement de la fatigue. Mais je ne pense pas que Fribourg sera avantagé. Tout le monde se sent bien. On peut aussi tourner la question en disant que Gottéron va manquer de rythme. A ce stade, je pense que c’est le mental qui prend le dessus. Il faut arrêter avec les spéculations et juste attendre de se retrouver sur la glace.

Autre point mis en exergue ces derniers jours: le manque d’expérience des hommes d’Hans Kossmann…

C’est clair que Berne a davantage d’expérience. Mais Fribourg peut aussi se reposer sur des joueurs qui ont de la bouteille, à l’image de Jeannin ou Gamache. Et même des Fribourgeois comme Sprunger ou Bykov, qui ont joué en équipe nationale, ont passablement d’expérience.

Cette finale sera-t-elle particulière du fait qu’elle sera aussi un derby?
Cette notion de derby a perdu un peu de sa valeur depuis que nous avons adopté le nouveau système qui nous oblige à jouer six fois contre Fribourg, Genève et Bienne. Il y a moins d’émotions qu’auparavant. Maintenant, nous allons disputer une finale et je pense que l’éternelle rivalité entre les supporters va resurgir. Ce qui va mettre une grosse ambiance dans les deux patinoires. vac