PAR DOMINIQUE MEYLAN
Il s’agit d’un des projets les plus aboutis du parc technologique blueFACTORY. Le centre de compétence en santé humaine a franchi plusieurs étapes en vue de sa concrétisation. L’Université a créé une société anonyme à but non lucratif. Le nom de la structure a changé: il faut désormais parler de Swiss integrative center for human health (SICHH), en anglais pour viser un public international.
L’enthousiasme était palpable au moment de présenter ce projet et ses avancées jeudi en conférence de presse. Selon le recteur de l’Université de Fribourg Guido Vergauwen, la création d’une telle SA est une première pour l’alma mater. «Le SICHH se démarque par son originalité. Vous ne trouvez cela nulle part ailleurs actuellement», estime pour sa part Stéphane Bernard, directeur associé de Debiopharm, une entreprise intéressée à acheter les services du centre.
Le SICHH fournira aux entreprises des scientifiques, des cliniciens, un matériel de haute technologie et des compétences de pointe dans le domaine des sciences de la santé humaine. L’idée est de créer un lieu physique, où chercheurs et industriels pourront se rencontrer. Le SICHH devra servir de catalyseur à l’innovation. Quelque 1200 m2 lui seront dévolus sur le site de blueFACTORY, dans l’ancienne usine Cardinal. Le centre y emménagera progressivement dès ce printemps.
Une entreprise intéressée
Le groupe Debiopharm est typiquement une société susceptible d’utiliser les services du SICHH. «Nous ne faisons pas de recherche, explique Stéphane Bernard. Nous essayons de trouver des molécules à travers le monde pour les amener sur le marché.» La société assure un pont entre ces découvertes et l’industrie pharmaceutique, à qui elle vend des produits prêts à être commercialisés.
«Ce nouveau centre, qui s’ouvre à Fribourg, va nous apporter des solutions», se réjouit Stéphane Bernard. Debiopharm a besoin d’experts pour comprendre certaines données et en sortir les informations pertinentes. Dans le futur, la société mise sur une médecine personnalisée, avec des traitements adaptés à chaque patient. «Le génome a été décrypté, mais nous sommes tous spécifiques: une molécule ne peut traiter onze cancers du poumon», explique Stéphane Bernard.
Dans le domaine académique, l’Institut suisse de bioinformatique (SIB) se déclare également intéressé à s’installer au SICHH. Les presque 600 collaborateurs du SIB se répartissent dans les principales universités et hautes écoles helvétiques. Leur mission est double: fournir à la communauté internationale des sciences de la vie des ressources bioinformatiques de base et coordonner ce domaine en Suisse.
Encyclopédie à décrypter
Le SIB met notamment à disposition une base de données d’environ un demi-million de protéines. «Il s’agit de l’encyclopédie la plus complète au monde aujourd’hui», avance le professeur Ron D. Appel, directeur exécutif du SIB. Sans décryptage, difficile d’utiliser cette masse de données. L’institut souhaite créer une antenne à Fribourg, où il pourra intensifier sa collaboration avec l’industrie. Il compte développer le domaine de la bioinformatique translationnelle et clinique, autrement dit la médecine personnalisée. «Il faut pouvoir utiliser ces données directement au bénéfice des patients», estime Ron D. Appel.
Le SICHH ne se limitera toutefois pas à ces deux sociétés. A ce jour, quelque trente entreprises ont confirmé leur intérêt. Différents partenaires académiques se sont annoncés. Quatre domaines seront approfondis: le séquençage du génome et l’étude des protéines, la microscopie et la caractérisation des matériaux, l’interaction homme-machine et la visualisation simplifiée de résultats complexes, ainsi que l’analyse et l’interprétation de résultats.
Un investissement de 10 à 12 millions de francs est prévu. Pour cela, le centre devra obtenir une garantie de la part du canton. Cette somme servira principalement à acheter l’équipement. A terme, le SICHH vise l’autofinancement. Une vingtaine de personnes y seront employées.
L’Université dispose de la majorité des actions de la SA. «Il est important que le centre garde une certaine indépendance face à l’industrie», explique son directeur général Diego Braguglia, pour qui il n’est pas question de brader le résultat des recherches scientifiques. Les translations vers le privé seront bien établies et contrôlées. Un secteur spécifique s’occupera de protéger la propriété intellectuelle.
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