PAR YANN GUERCHANIK

«La fierté du Stabadin, la fierté du Gruérien capable d’organiser l’événement du genre le plus important de l’année en Suisse romande, voire en Suisse!» A trois semaines du début des festivités et après quelque 120 semaines de travail, le comité d’organisation de la Poya 2013 se dit fin prêt. Emmené par son président Edgar Schorderet, il a levé le voile, mercredi devant la presse, sur ce qui attend les 60000 visiteurs espérés du 8 au 12 mai prochain. Aperçu des réjouissances et autres faits marquants.

Nouveautés
Ce sera la plus longue Poya jamais organisée puisqu’elle commencera le mercredi soir et durera jusqu’au dimanche soir. Les quatre premières éditions (1956, 1960, 1966, 1976) ne duraient qu’une journée tandis que l’édition de 1989 s’étalait sur deux jours et que celle de 2000 durait trois jours. Autres nouveautés: des concerts donnés tous les soirs dans la grande tente (dont celui de DJ Ötzi et de Sonalp), un concours photo auquel ont participé 600 personnes et un pique-nique original.
Véritable tradition qui s’est constituée au fil des différentes Poyas, le pique-nique bénéficiera cette fois d’un espace spécialement aménagé pour les familles. On y trouvera notamment une basse-cour, des animations, des stands avec des produits du terroir. Le visiteur recevra un «kit» pour passer le plus bucolique des déjeuners sur l’herbe.

Spectacle-création
Pour la première fois, un spectacle entier sera créé de toutes pièces. Réveil, conte musical pour un matin de mai s’annonce comme un moment phare de la manifestation. Sans doute aussi comme le porteur de sens de cette Poya 2013. Entre 2000 et 3000 personnes sont attendues pour les représentations de mercredi et vendredi soir. Ce spectacle réunira 120 choristes et 18 musiciens emmenés par Michel Corpataux. Aux côtés du comédien professionnel Vincent Rime s’illustreront également, sur une mise en scène de Sylviane Tille, le baryton Michel Brodard et la mezzo soprano Marie-France Baechler. La partition est l’œuvre du compositeur Henri Baeriswyl. Le texte, lui, est signé de l’auteur et journaliste à La Gruyère Pierre Savary.

Les fondamentaux
 «Nous avons maintenu les fondamentaux des six précédentes Poyas», assure Edgar Schorderet. Ainsi, l’armailli devrait être au cœur de la fête. «Avec ses vaches, son savoir-faire, avec la montagne, la nature et les produits du terroir.» De même, une importance essentielle est accordée à la messe: «Le dimanche matin, ce sera beau! Avec le Chœur des armaillis et l’évêque. Si ce dernier ne parle pas le patois, l’homélie sera, elle, assurément en patois.» Deux éléments cardinaux encore: le cortège, qui finira de façon inédite par un concert rassemblant 100 cors des Alpes, mais également le bénévolat qui exprime «la mobilisation de toute une population».
A ce sujet, Edgar Schorderet a d’ailleurs profité de lancer un appel... sur les 1200 bénévoles espérés, seuls 750 volontaires ont été réunis jusqu’à présent. «Nous ne sommes plus à un stade où le manque de bénévoles pourrait mettre en danger la manifestation, mais il nous en faut encore.»

Le Thème
«Sacrées montagnes!», un thème qui a été «difficile à trouver» avoue volontiers Edgard Schorderet. «Au final, il correspond exactement à ce que l’on veut exprimer: “Sacrées montagnes!” pour signifier le dur labeur de l’armailli et de la population de l’Intyamon. “Sacrées montagnes!” pour signifier aussi l’ouverture et la liberté qui émanent de la notion de montagne sacrée.» S’il n’est pas évident de s’en faire une juste représentation encore, le président a assuré que le cortège et les animations illustreront le thème.

Objectifs visés
Le comité d’organisation souhaite d’abord montrer que la poya, dans le sens de la montée à l’alpage, est une réalité. Il veut de même travailler au «maintien de la tradition»: «Beaucoup de jeunes ne savent pas d’où vient le beurre ou le fromage. Nous voulons que les anciens leur fassent découvrir les traditions ancestrales.» Rapprocher la ville et la campagne, mettre en avant la richesse du savoir-faire et promouvoir les produits locaux comptent également parmi les buts visés. Autre ambition: Edgar Schorderet verrait bien la fête de la Poya entrer au patrimoine immatériel du canton de Fribourg, à l’instar de la Saint-Nicolas.

Parrainage
Outre une kyrielle de sponsors auréolés de plus ou moins de prestige suivant le montant de leur participation, la manifestation pourra compter sur le soutien d’une marraine et de deux parrains: la conseillère fédérale Doris Leuthard (présente au cortège le dimanche après-midi), le conseiller d’Etat Maurice Ropraz ainsi que le préfet Patrice Borcard.

Bénéfice escompté
Toutes les Poyas ont été bénéficiaires. Le comité d’organisation de cette 7e édition est d’ailleurs parti avec un capital de 65000 francs laissé par le comité de la fête de 2000. Comme de coutume, le tiers du bénéfice sera versé à l’Association gruérienne pour le costume et les coutumes (AGCC) qui commandite la manifestation. Cette dernière gère le montant qui servira à la prochaine Poya. Les deux tiers restant iront aux sociétés locales qui s’impliquent dans la manifestation.

Transport
Quelque 60000 personnes qui convergent à Estavannens, voilà qui nécessitait un plan de mobilité de grande envergure. Les TPF ont mis les grands moyens:
15 trains renforts sur la desserte habituelle, des cadences de 30 minutes entre Bulle et Grandvillard, des bus navettes jusqu’à Estavannens, des bus Pyjama de 23 h à 2 h 45 et même un train spécial pour que les fans de DJ Ötzi arrivent à Berne après 4 h. Les TPF proposeront des billets combinés valables sur tout le périmètre Frimobil. Le comité d’organisation s’attend malgré tout à voir débarquer bon nombre de véhicules. De peur de froisser les visiteurs adeptes de la voiture, le parking envisagé d’abord à 20 fr. ne coûtera finalement que 5 fr.

Poya 2013, Estavannens, du 8 au 12 mai, infos sur www.poya2013.ch