Ngoy: «Il ne faut pas croire qu’on est au fond du bac»

| mar, 16. avr. 2013
Mené 3-2 dans la série finale, Gottéron doit s’imposer à Berne pour prolonger sa saison. Michaël Ngoy positive: «Il y a un million de raisons d’y croire.» L’entraîneur Sylvain Rodrigue évoque le face à face Conz-Bührer.

PAR THIBAUD GUISAN

L’acte VI de la finale sera haletant. Une défaite fribourgeoise ce soir et Berne fêtera son 13e titre de champion. Battu samedi à domicile 3-2, Fribourg-Gottéron est dos au mur.
Menée 3-2 ans la série, l’équi­pe d’Hans Kossmann doit s’imposer pour espérer décrocher le premier trophée de l’histoire du club. Sinon, ce sera un cinquiè­me titre de… vice-champion de Suisse. Comme en 1983 (sans play-off) et lors des finales de 1992, 1993 et 1994. A quel­ques heures du coup d’envoi d’une rencontre capitale (20 h 15), Michaël Ngoy se confie. Particularité du défenseur: il est un des trois seuls joueurs – avec Beni Plüss et Alain Birbaum – à avoir disputé tous les matches de la saison.

Michaël Ngoy, dans quel état d’esprit aborde-t-on un match où on n’a pas le droit à l’erreur?
Il ne faut pas croire qu’on est au fond du bac. On va à Berne pour l’exploit. Toutes les autres équipes nous regardent. N’importe qui aimerait être à notre place. Il y a aussi tellement de séries qui ont été retournées cette saison. L’année dernière, Berne menait 3-1 dans la série en finale face à Zurich avant de perdre 4-3. On a notre destin en main. Rien ne change dans l’approche du match. Notre système est bon. Il faut éliminer les petites erreurs.


Tout de même. Berne aura l’occasion de fêter le titre devant son public…
Jouer à domicile n’est plus tellement un avantage. A Berne comme à Fribourg, si l’équipe adverse marque, l’ambiance se calme très vite. Evidemment, on n’est pas dans une situation favorable, mais Berne aura aussi de la pression. Trois quarts des joueurs pensent qu’ils sont déjà champions. Ils préparent déjà la fête.

Vous êtiez menés 2-0 dans la série et vous êtes revenu à 2-2 jeudi dernier à Berne. Y a-t-il eu un excès de confiance avant la partie de samedi?
Non, mais peut-être un excès d’euphorie. On était conscients du danger. Le soir de notre victoire à Berne, nous avons encore eu un meeting dans le vestiaire à minuit à Fribourg pour faire le point. Mais on pensait peut-être que les choses allaient venir toutes seules, que, après être revenus à 2-2, la victoire était logique. Nous, comme n’impor­te quel Fribourgeois, pensions à la victoire. Mais, sur l’ensemble du match, les Bernois en voulaient plus.

Quelles sont les raisons de croire à un succès fribourgeois lors de l’acte VI?
Il y a un million de raisons d’y croire! On est une bonne équipe. On n’a pas terminé premiers de la saison régulière pour rien. En demi-finale contre Zurich, nous avons bien joué. De même, on domine Berne quand on joue notre meilleur hockey. On est même meilleur que notre adversaire. Et on l’a déjà battu. Défensivement, on n’éprouve pas trop de problèmes. On a un bon box-play. Samedi, Berne n’a eu que cinq et six shoots lors des deux premiers tiers-temps. Franchement, on n’est pas loin.

A quel match faut-il s’attendre?
Ce sera sans doute une rencontre très fermée, du genre de l’acte III (n.d.l.r.: remporté 1-0). Berne risque d’aborder le match de manière très solide et replié derrière. Après, tout dépendra des dix premières minutes. Après, ça peut s’emballer. Il faudra savoir être patient et attendre les bonnes occasions. Si le score est de 0-0 après quarante minutes, il nous sera toujours favorable.  Défensivement, on a deux grosses équipes avec deux grands gardiens. Le pire, c’est de finir avec des regrets. La tactique est importante, mais maintenant les équipes se connaissent par cœur. C’est une ques­­tion d’énergie, de volonté, de cœur et de sens du sacrifice.
 
Sentez-vous le poids de l’histoire du club sur vos épaules?
On ne peut pas ne pas y penser. La chance de remporter le titre est là. Quand tu signes à Berne, à Zurich ou à Davos pour une durée de trois ou quatre ans, tu es quasi sûr d’être champion. J’ai eu l’occasion de rejoindre Zurich. L’année d’après, le club était champion. Mais, quand tu peux être champion avec ton club, c’est encore plus fort. Ça fait huit ans que je joue à Fribourg. J’ai connu les play-out et même un barrage pour le maintien en LNA. Ça, ça te lessive physiquement et moralement. En finale pour le titre, c’est zéro fatigue.

 

--------------------

 

«Comme le rôle du lanceur en baseball»
Ils sont l’une des clés de cette finale. Les gardiens seront sous pression ce soir pour l’acte VI. Le face à face indirect entre Benjamin Conz et Marco Bührer pourrait être déterminant. «Comme le lanceur en baseball, le gardien de hockey a un rôle clé», lance Sylvain Rodrigue, entraîneur des portiers de Fribourg-Gottéron. «Dans cette finale, on a deux athlètes très différents.»
A seulement 21 ans, son protégé Benjamin Conz a prouvé qu’il avait les épaules solides. «Benji est une personne très calme de nature. Il gère bien ses émotions», relève son entraîneur. Sur la glace, le gardien fribourgeois fait montre de placidité. L’expérimenté Marco Bührer, 33 ans, présente un autre style. «Il bouge beaucoup, note Sylvain Rodrigue. C’est un gardien très dynamique. Il est très agressif, mais pas dans le sens violent. Il dépense beaucoup d’énergie.»
La pression sera-t-elle plus importante ce soir? «Le match sera difficile, reconnaît Sylvain Rodrigue. Malgré ça, Benji est capable de nous livrer une grosse performance. Aux championnats du monde, il a sorti la Russie à lui seul!» C’était en 2010, lors des Mondiaux M20.


Peu de tirs, mais dangereux
Le technicien relève une spécificité de cette finale. «On voit un hockey très structuré. Les équipes sont très bonnes défensivement. Elles se créent assez peu de chances de but, mais ce sont des grosses occasions. L’an dernier, entre Berne et Zurich, il y avait plus de lancers, mais ces shoots étaient moins dangereux.»
Dans ce contexte, Benjamin Conz tire son épingle du jeu. «Malgré son jeune âge, c’est gardien très constant. On le voit depuis le mois d’août. Comme Julien (Sprunger) pour marquer des buts, Benji a beaucoup de talent pour réaliser le premier arrêt. J’essaie de lui donner des outils pour maîtriser les rebonds ou les déviations, difficiles à prévoir. On a bien travaillé.» Point faible du portier fribourgeois? Sylvain Rodrigue éconduit poliment la question.
Engagé par Fribourg-Gottéron depuis deux ans, le Québéquois suit Conz depuis le début de la saison. Durant les matches de finale, l’entraîneur prend place dans la galerie de la patinoire. Avec sa petite caméra, il filme toutes les actions offensives adverses. «Après, le match, je fais directement un montage. Ça peut me prendre deux ou trois heures.»


Les deux finales de Rodrigue
Après l’acte V de samedi, le duo Rodrigue-Conz s’est revu hier matin. «On se prend toujours quinze minutes avant l’entraînement collectif. On regarde la vidéo. On passe en revue les buts, les occasions, les arrêts. On fait aussi un bilan des derniers matches. Après l’entraînement de l’équipe, on prolonge aussi d’une quinzaine de minutes, avec le deuxième gardien Simon Rytz.»
Sylvain Rodrigue, 39 ans, a la particularité de s’occuper en parallèle des gardiens de deux clubs. Quand il n’est pas à Gottéron, il s’occupe des derniers remparts de Berlin. «En général, je reste dix jours en Suisse et sept en Allemagne. Je travaille aussi pour les Oilers d’Edmonton, en NHL. Il s’agit avant tout de scouting. Pour le gardien, c'est bien de ne pas toujours être avec l'entraîneur, et d’être aussi seul dans sa bulle.»
Cette année Sylvain Rodrigue vit deux finales. Après le match de samedi à Fribourg, il a passé la journée de dimanche à Cologne pour l’acte I de la finale du championnat allemand. Berlin s’est imposé 4-2. Lundi matin, l’entraîneur était de retour sur la glace de Saint-Léonard. «Quoi qu’il arrive mardi à Berne, à partir de vendredi, je suis en Allemagne pour la fin de la finale.» TG

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses