PAR LAURENT MISSBAUER
Le rêve du Tourain Benoît Morand et du Châtelois Joe Genoud – respectivement team manager et manager de Morand Racing – est devenu réalité dimanche, sur le coup de 15 heures. Après 320 tours de circuit, soit plus de 3100 km, c’est aux avant-postes que la Morgan-Judd numéro 43 est passée sous le drapeau à damiers, bouclant ainsi, pour la première fois, l’historique épreuve des 24 Heures du Mans. Devant 245000 spectateurs, c’est Natacha Gachnang qui a franchi la ligne d’arrivée à la 6e place de la catégorie LMP2 (sur 14 concurrents classés) et au 12e rang (sur 43) du classement général, remporté par les pilotes d’Audi Motorsports Allan McNish, Loïc Duval et Tom Kristensen. La joie de toute l’équipe Morand Racing en dit long sur l’émotion qui régnait au sein du team.
«A ce moment-là, je suis d’abord tombé dans les bras de nos deux autres pilotes Franck Mailleux et Olivier Lombard, raconte Joe Genoud. Ils ont fait une course formidable et ont suivi nos consignes à la lettre alors que les conditions étaient particulièrement difficiles cette année. Ensuite, c’est dans les bras de Benoît (n.d.l.r.: Morand) que je suis tombé. Ce que nous avons accompli ensemble en à peine neuf mois est tout simplement formidable.» Et l’ancien syndic de Châtel-Saint-Denis d’imager: «Il ne faut pas oublier que notre écurie n’a été “fécondée” qu’au mois de novembre et que le baptême n’a eu lieu qu’à la mi-avril, à Silverstone. Aujourd’hui, au Mans, c’était la confirmation.»
Le Morand Racing a en effet confirmé qu’il était en mesure de porter à terme une des courses non seulement les plus célèbres de la planète, mais également une des plus difficiles. «Et l’édition de cette année était, aux dires des anciens, l’une des plus dures, précise pour sa part Benoît Morand. Jamais, en effet, il n’y avait eu autant de phases de neutralisation avec la voi-ture de sécurité. Onze en tout!»
Les conditions météorologiques très changeantes – obligeant bien souvent les concurrents à tourner sous la pluie avec des pneus prévus pour le sec – ont en effet provoqué de nombreuses sorties de route, dont une, sans gravité, pour Morand Racing, et une autre fatale au pilote danois Allan Simonsen.
Joie, tristesse, adrénaline, les concurrents de cette 90e édition des 24 Heures du Mans sont passés par tous les états. Au niveau fribourgeois, on retiendra la liesse qui a prévalu à l’arrivée au sein du Morand Racing. «Le premier mot qui me vient à l’esprit, c’est fierté, souligne Benoît Morand. Fier du résultat, de nos pilotes et de notre équipe. Natacha, Franck et Olivier ont été fantastiques, tandis que nos ingénieurs et nos mécaniciens ont pris les bonnes décisions au bon moment. Depuis quatre mois, nous travaillons sans relâche, sans jour de repos. Ce qui nous arrive aujourd’hui nous fait tout oublier. C’est une victoire d’équipe.»
Joe Genoud poursuit: «Cette 6e place, c’est une victoire qui a nettement plus de valeur que notre 3e place obtenue en mai à Imola. Là-bas, c’était le championnat d’Europe. Ici, c’est le championnat du monde. Nous n’avons été précédés que par des équipes qui disposent d’un budget beaucoup plus important que le nôtre, à commencer par les deux Morgan-Nissan de l’écurie officielle Oak, qui ont réalisé le doublé en LMP2.» A noter, pour le prestige uniquement, que la Morgan-Judd fribourgeoise termine meilleure représentante du championnat European Le Mans Series et voiture motorisée par Judd la mieux classée.
La fierté du grand-papa
Un homme était également très fier sous l’auvent Morand Racing: il s’agit de Georges Gachnang, grand-papa de Natacha et pilote au Mans en 1960 sur une AC Bristol. «Ce que Natacha a fait, c’est tout simplement formidable, souligne-t-il. Réussir à gérer le stress, tourner à plus de 300 km/h au milieu d’une meute de furieux et rallier l’arrivée en commettant un minimum de fautes, ce n’était pas facile et elle l’a fait! Je suis vraiment très fier de ma petite-fille.»
Et, pour le grand-papa, la joie était double: «Je suis également très fier de mon petit-fils Sébastien Buemi, qui a terminé 2e avec sa Toyota hybride officielle et qui a été phénoménal de bout en bout. Il a été le seul à menacer les Audi de tête.»
Extrêmement fatiguée après ses quelque huit heures de course – les seize heures restantes ont été réparties équitablement entre Franck Mailleux et Olivier Lombard – Natacha Gachnang ne boudait pas son plaisir: «Les conditions météorologiques ont été particulièrement difficiles. Il pouvait pleuvoir dans la ligne droite des Hunaudières et faire beau à l’autre bout du circuit. A chaque virage, il fallait faire attention à ne pas attaquer de façon trop impulsive. Dès lors, passer sous le drapeau à damiers a été une sensation superbe, mêlée de satisfaction et de soulagement énorme.»
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Abandon d’Imperatori
Très en vue en début de journée (9e samedi à16 h) au sein de la première équipe chinoise inscrite aux 24 Heures du Mans, Alexandre Imperatori a dû finalement abandonner dans la 19e heure de course. «Une fuite d’essence au niveau du cockpit nous a contraints à renoncer, la mort dans l’âme», déplorait le pilote né à Châtel-Saint-Denis et domicilié à Shanghai. A 4 heures du matin, il pointait en 17e position, alors que le Morand Racing figurait à la 16e place. «Les abandons font partie de la course. Il faut les accepter. Avec toute l’équipe, nous sommes néanmoins fiers d’avoir écrit une page d’histoire du sport automobile en ayant été les premiers à représenter la Chine au Mans.» LM
Commentaires
deillon bernard... (non vérifié)
mer, 26 juin. 2013
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