La conquête la plus noble de l’homme s’arrête pour brouter une touffe de fleurs jaunes. Faut-il la laisser faire? Tirer un coup sec et bref sur les rênes en aiguillonnant ses flancs des talons pour rattraper les autres? Un claquement de bouche peut-être? Ces interrogations jalonneront toute la randonnée équestre dans les pâturages boisés des Franches-Montagnes. Opaline sait quelle cavalière de pacotille se trouve sur son dos, en profite pour brouter encore. Le groupe s’éloigne.
L’agacement des premières minutes pour un moyen de locomotion d’une lenteur désespérante s’est dissipé. Le léger mal de mer aussi. Ne restent que le calme, l’écho des sabots qui butent sur l’asphalte et le bruit des crins d’une queue qui fendent l’air pour chasser une mouche.
Paître nuit et jour depuis un mois dans les parchets communaux avec la soixantaine de chevaux de l’élevage de Denis Boichat ne suffit pas, semble-t-il, à Opaline. Il faut dire que l’hiver a duré sept mois et demi au Peu-Péquignot. Le hameau de la commune du Noirmont culmine à 1000 mètres, comme l’indique la mention «Peu», pour village en hauteur. Mais Opaline connaît son métier. La jument reprend sa place dans la file, comme elle l’avait naturellement fait en quittant l’élevage du Peupé – le diminutif du Peu-Péquignot.
«Le franches-montagnes est gentil, assure Clémentine, la guide. Il apprend vite.» Elle ajoute «généreux» et «très confortable» à la liste de ses qualités. «Il est très polyvalent: il sait être calme et donner des sensations à ceux qui en demandent.»
Et même à ceux qui n’en demandent pas, en fait. Opaline, suivant l’exemple des chevaux en semi-liberté qui l’entourent, s’emballe et se lance dans un trot. La voix du propriétaire de l’élevage résonne dans les têtes protégées par une bombe. «Il n’y a jamais d’accident avec les débutants», avait assuré Denis Boichat. Les problèmes arrivent avec ceux qui croient qu’ils savent.» Retour au pas, retour sur la selle aussi.
Parmi les hameaux
Une petite bruine mouille les cavaliers, réconfortés par la chaleur de leur bête. Ici le soleil et la pluie se disputent le ciel, avait prévenu Clémentine (lire ci-dessous). «Il faut bien s’habiller pour ne pas avoir froid.»
Le Peu-Péquignot, Le Creux-des-Biches, Les Barrières, Les Esserts et Chanteraine et, pour boucler la boucle, Le Peu-Péquignot. Entrecoupée de «bovi-stops», la randonnée d’une heure chemine parmi les hameaux de fermes et de maisons au toit bas, surplombés des trois éoliennes du Peuchapatte.
La descente de la monture à peine effectuée, les douleurs au postérieur des novices leur font presque regretter de ne pas avoir choisi la balade en char attelé, le soleil revenu, l’autre itinéraire proposé dans la forêt, si «charmant quand il fait beau». na conquête la plus noble de l’homme s’arrête pour brouter une touffe de fleurs jaunes. Faut-il la laisser faire? Tirer un coup sec et bref sur les rênes en aiguillonnant ses flancs des talons pour rattraper les autres? Un claquement de bouche peut-être? Ces interrogations jalonneront toute la randonnée équestre dans les pâturages boisés des Franches-Montagnes. Opaline sait quelle cavalière de pacotille se trouve sur son dos, en profite pour brouter encore. Le groupe s’éloigne.
L’agacement des premières minutes pour un moyen de locomotion d’une lenteur désespérante s’est dissipé. Le léger mal de mer aussi. Ne restent que le calme, l’écho des sabots qui butent sur l’asphalte et le bruit des crins d’une queue qui fendent l’air pour chasser une mouche.
Paître nuit et jour depuis un mois dans les parchets communaux avec la soixantaine de chevaux de l’élevage de Denis Boichat ne suffit pas, semble-t-il, à Opaline. Il faut dire que l’hiver a duré sept mois et demi au Peu-Péquignot. Le hameau de la commune du Noirmont culmine à 1000 mètres, comme l’indique la mention «Peu», pour village en hauteur. Mais Opaline connaît son métier. La jument reprend sa place dans la file, comme elle l’avait naturellement fait en quittant l’élevage du Peupé – le diminutif du Peu-Péquignot.
«Le franches-montagnes est gentil, assure Clémentine, la guide. Il apprend vite.» Elle ajoute «généreux» et «très confortable» à la liste de ses qualités. «Il est très polyvalent: il sait être calme et donner des sensations à ceux qui en demandent.»
Et même à ceux qui n’en demandent pas, en fait. Opaline, suivant l’exemple des chevaux en semi-liberté qui l’entourent, s’emballe et se lance dans un trot. La voix du propriétaire de l’élevage résonne dans les têtes protégées par une bombe. «Il n’y a jamais d’accident avec les débutants», avait assuré Denis Boichat. Les problèmes arrivent avec ceux qui croient qu’ils savent.» Retour au pas, retour sur la selle aussi.
Parmi les hameaux
Une petite bruine mouille les cavaliers, réconfortés par la chaleur de leur bête. Ici le soleil et la pluie se disputent le ciel, avait prévenu Clémentine (lire ci-dessous). «Il faut bien s’habiller pour ne pas avoir froid.»
Le Peu-Péquignot, Le Creux-des-Biches, Les Barrières, Les Esserts et Chanteraine et, pour boucler la boucle, Le Peu-Péquignot. Entrecoupée de «bovi-stops», la randonnée d’une heure chemine parmi les hameaux de fermes et de maisons au toit bas, surplombés des trois éoliennes du Peuchapatte.
La descente de la monture à peine effectuée, les douleurs au postérieur des novices leur font presque regretter de ne pas avoir choisi la balade en char attelé, le soleil revenu, l’autre itinéraire proposé dans la forêt, si «charmant quand il fait beau».
Côté pratique
Situé à un jet de pierre du village du Noirmont et à 1000 mètre d’altitude, le hameau du Peu-Péquignot. Par la route, se rendre jusqu’à La Chaux-de-Fonds, puis prendre la route cantonale en direction de Delémont. Après le village du Boéchet et juste avant le Noirmont, il faut bifurquer à gauche pour Le Peu-Péquignot. Sur place, l’élevage du Peupé, une ferme aux volets rouges, est à gauche, une centaine de mètres après l’immanquable relais équestre. En train, le trajet prend près de trois heures. Se rendre à La Chaux-de-Fonds, puis monter dans le Regio direction Glovelier. L’arrêt le plus proche se trouve au Creux-des-Biches, à quinze minutes à pied du Peu-Péquignot.
Dans le hameau même, deux restaurants: l’auberge et le relais équestre du Peupé. L’ambiance est champêtre pour ce dernier avec ses rangées de cloches au plafond, ses jougs suspendus et ses colliers au mur. Une fresque à l’entrée rappelle la vocation équestre de l’établissement. La terrasse de l’auberge est tournée vers les prairies boisées des Franches-Montagnes. La spécialité de la maison: les roestis. Les deux restaurants possèdent également des possibilités d’hébergement.
Plaisir des gastronomes, le restaurant du chef Georges Wenger, deux étoiles au Guide Michelin et 18 points sur 20 au Gault et Millau se trouve à quelques kilomètres de là, au Noirmont. Réservations conseillées.
Pour prolonger la journée sur le même thème, l’exposition Equus s’interroge sur la représentation actuelle du cheval. Sept artistes suisses présentent leur réponse à l’ancienne église du Noirmont jusqu’au 8 septembre. Ouverture du jeudi au dimanche, de 14 h à 18 h.
De la philosophie au cheval, un pas
Clémentine est guide. Et ses «r» ne râpent pas comme ceux des Jurassiens. Depuis deux mois, elle emmène les groupes à travers monts et vaux. Clémentine a tout quitté pour l’équitation. «Une minute passée loin des chevaux est une minute de perdue.» Etudiante en philosophie le semestre dernier, Lyonnaise, elle vit jusqu’en octobre avec la famille Boichat au Peu-Péquignot. Son choix a surpris tout le monde, sauf ses parents. «J’ai aussi postulé en Espagne et en Angleterre.» La réponse positive vient du Jura. Moins exotique. «J’espérais pouvoir apprendre une langue étrangère. Mais il y a beaucoup de clients suisses alémaniques alors j’assimile quelques mots.»
Elle s’occupe des chevaux qui seront bientôt vendus pour l’attelage ou la monte, joue avec les poulains, emmène les clients dans une région qu’elle découvre et apprend à aimer en même temps qu’eux. «Les chevaux connaissent l’itinéraire mieux que moi», estime-t-elle, modeste au point de refuser d’être prise en photo. Clémentine parvient déjà à nommer chacun d’entre eux dans l’élevage de plus de 60 bêtes. «Il suffit d’observer», assure-t-elle. Le travail physique, la frêle jeune fille s’y habitue peu à peu. «Quand elle est arrivée, elle mangeait comme un oiseau, raconte Denis Boichat, son implacable patron. Je devrais pas dire ça en fait, vu que les oiseaux mangent le double de leur poids. En tout cas, ça a bien changé!»
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