Ces espoirs qui rêvent de devenir professionnels

| sam, 06. jui. 2013
Léo Seydoux et Victor Girod sont pensionnaires du centre de préformation ASF de Payerne. Ensemble, les deux Sudistes vont évoluer la saison à venir avec Young Boys. Ils racontent leur quotidien.

PAR VALENTIN CASTELLA

Tous les petits footballeurs ont rêvé un jour de devenir professionnels. Même les plus maladroits se sont une fois imaginé jouer avec le maillot d’une équipe nationale, dans un stade immense. Pour beaucoup, le temps a fait son œuvre et l’utopie s’est envolée, petit à petit. D’autres peuvent toutefois s’accrocher à cet objectif qui paraît un peu fou. Léo Seydoux et Victor Girod font partie de cette deuxième catégorie, eux qui joueront avec l’équipe M16 de Young Boys la saison à venir.
En effet, les deux jeunes Sudistes, âgés respectivement de 15 et 14 ans, ont intégré l’été dernier le centre de préformation de l’Association suisse de football à Payerne. Ils font désormais partie des dix-sept chanceux en Suisse romande à pouvoir suivre un programme qui allie football et école obligatoire. Une institution qui existe depuis le début des années 2000 et qui a déjà sorti quelques bons éléments, le plus connu étant le nouveau joueur de Hambourg Johan Djourou.
C’est l’été dernier que Léo Seydoux et Victor Girod ont été repérés. «Nous jouions tous les deux avec le Team AFF et des sélectionneurs sont venus nous observer à plusieurs reprises», explique le Bullois Victor Girod. «Puis, nous avons été convoqués pour effectuer des tests à Payerne, continue Léo Seydoux, des Paccots. Nous étions alors vingt-cinq. Finalement, dix joueurs ont été acceptés au centre.»


Un rythme soutenu
Une fois la porte du centre de préformation franchie, les jeunes adolescents ont alors été astreints à un régime plutôt strict. «Nous sommes au centre du lundi matin au vendredi soir, résument-ils en cœur. Nous logeons dans une famille d’accueil. Le lundi, mardi et jeudi, nous sommes à l’école avant de nous entraîner de 15 h 30 à 18 h. Le mercredi et le vendredi, nous suivons les premiers cours du matin avant d’aller au terrain de 9 h 45 à 11 h. Et le mercredi après-midi, pendant que les autres ont congé, nous rattrapons tous les cours que nous avons manqués la semaine. La saison prochaine, nous suivrons le même programme, en disputant les matches le week-end avec YB. Mais ce n’est pas certain.» Une formation intensive qui est, en grande partie, prise en charge par l’ASF. Seul un montant très raisonnable étant versé par les parents à la famille d’accueil.
Un rythme qui ne laisse que peu de repos à ces apprentis professionnels, qui doivent encore jouer le week-end avec leur équipe, qui était jusque-là le Team AFF: «Nous en avons l’habitude, explique Léo Seydoux. Lorsque nous jouions à Fribourg, c’était aussi foot, devoirs et au lit. A Payerne, nous avons l’avantage de tout avoir sur place, sans perdre de temps dans les déplacements. Et puis, nous n’allons pas nous plaindre. Nous adorons ça. Si ce n’était pas le cas, cela ne servirait à rien de venir ici.»
La semaine, les jeunes accumulent les heures d’entraînement et ne perdent pas une miette de ce que prodiguent leurs entraîneurs. Car, cette chance de pouvoir être accompagné des meilleurs éléments de Romandie de leur âge, ils ne l’auront que deux ans. Ensuite, ils devront se débrouiller.
Victor Girod et Léo Seydoux ont peut-être déjà trouvé un débouché. La saison prochaine en effet, ils évolueront sous les couleurs jaunes et noires de Young Boys, en M16. «Les entraîneurs sont venus voir plusieurs fois nos matches», lance Victor Girod. Avec un immense sourire, Léo Seydoux poursuit: «A YB, ça change de Fribourg. Les installations sont mieux, nous recevons plein de matériel. Et puis, nous aurons la chance de pouvoir jouer dans le premier groupe M16, face aux meilleures équipes du pays. Nous allons progresser.»


«Le foot, c’est tous les jours»
Progresser pour parvenir, un jour, à réaliser leur rêve, qui est de devenir footballeur professionnel. En bons milieux de terrain axiaux, Léo Seydoux rêve de Barcelone et d’imiter Andrés Iniesta, alors que, pour Victor Girod, c’est plutôt Arsenal, Santi Cazorla et Jack Wilshere. «Le foot, c’est tous les jours, tout le temps», sourit Léo Seydoux. Entourés de trois entraîneurs (Michel Mora, Régis Rothenbühler et Stéphane Chapuisat), d’un physio et d’un médecin, les jeunes espoirs de Suisse romande ont tout pour devenir grand.
Sauf que la route est encore longue et semée d’embûches. Combien d’adolescents sont sortis du centre le regard tourné vers la gloire et les stades immenses, avant de se retrouver sur un terrain pourri décoré de quelques spectateurs, bière à la main et appuyés sur une simple barrière? «On sait bien qu’il y a beaucoup de déchets, concède Léo Seydoux. On y pense. Peut-être que certains ont trop vite baissé les bras. Nous, nous allons toujours tout donner pour réaliser notre rêve.»

 

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Retrouver l’équipe de Suisse
Pensionnaires du centre de préformation de Payerne, joueur du Team AFF et désormais futur espoirs de Young Boys, Victor Girod et Léo Seydoux se retrouvent tous les jours ensemble. Sur le terrain également, les deux compères évoluent côte à côte, en tant que milieux offensif et défensif. «Nous adorons faire des une-deux», rigolent-ils.
Ensemble, ils ont également connu l’équipe nationale. C’était l’année dernière. «J’ai été convoqué en juillet 2012 pour un camp d’entraînement à Macolin, lance Victor Girod. J’ai ensuite disputé deux matches en Hongrie et j’ai encore joué une rencontre amicale face au Team AFF.»
Léo Seydoux a suivi le même parcours, avec deux rencontres supplémentaires face à l’Azerbaïdjan. «Au début, nous étions vraiment stressés, se souvient-il.  Se retrouver sur le terrain avec le maillot de l’équipe de Suisse, tout en écoutant l’hymne nationale, c’était incroyable. C’était un rêve qui se réalisait.»


Des joueurs costauds
Si les débuts ont été encourageants, l’entraîneur Dany Ryser, celui qui avait permis à la Suisse de devenir championne du monde M17 en 2009 au Nigéria, n’a, depuis, pas sélectionné les deux milieux de terrain du sud du canton. «Cet entraîneur apprécie le jeu très physique, analyse Léo Seydoux. Les joueurs plus costauds sont donc favorisés. Mais nous ne perdons pas espoir. Nous espérons toujours porter le maillot de l’équipe de Suisse. Le fait que nous jouerons avec Young Boys face aux meilleures équipes du pays pourrait nous permettre de retrouver une place.»
Là encore, faire partie du cadre national n’est pas un gage de réussite. Même les champions du monde M17 ont peiné à franchir le cap du football professionnel. Les responsables de l’Association suisse de football imaginaient posséder une génération en or avec les Ben Khalifa, Kasami, Kamber ou Chappuis… La plupart se sont perdus dans les méandres du football professionnel.
Comme quoi, rien n’est acquis et tout peut arriver. Ne pas figurer dans les plans d’un tel ou tel entraîneur ne signifie pas forcément qu’un joueur ne possède pas le niveau. Les «petits» ou les «techniciens» ne seront pas toujours mis sur la touche. Les exemples sont multiples, à l’image des Iniesta ou Cazorla, les modèles de Léo Seydoux et Victor Girod. VAC

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