Des visites pour valoriser le travail des paysans

| sam, 13. jui. 2013
La zone XV, qui couvre la commune de Bellegarde, a reçu jeudi et vendredi la visite des inspecteurs d’alpages. Reportage.

PAR JEAN GODEL


Cette année, au programme de ses traditionnelles inspections d’alpages, la Société fribourgeoise d’économie alpestre (SFEA) avait la plus grande des 18 zones du canton, celle de Bellegarde (zone XV) avec ses 83 pâturages. C’est dire si la trentaine d’inspecteurs mobilisés avait du pain sur la planche au moment de se retrouver jeudi matin, à 7 h, au tea-room du village. Parmi les invités, le président du Grand Conseil Pascal Kuenlin ou encore le président de l’Union des paysans fribourgeois Fritz Glauser.
Traditionnelles, ces inspections, car elles ont lieu chaque année depuis 1932. Pourtant, elles constituent une spécificité du canton de Fribourg, unique en Suisse à les avoir systématisées à ce point, avec un passage sur chaque alpage tous les dix-huit ans.
«Ce ne sont pas elles qui donnent droit à des paiements directs», précise Céline Vial-Magnin, responsable du service des alpages auprès de l’Institut agricole de Grangeneuve. D’autres contrôles, plus fréquents, remplissent cette fonction. Mais les inspections sont un bon moyen de garder une vue d’ensemble sur l’état des alpages et des chalets. Par les rapports des inspecteurs, mais peut-être plus encore par les conseils que ceux-ci prodiguent aux teneurs et aux propriétaires, ces visites peuvent conduire à de réelles améliorations. Surtout, elles valorisent le labeur des paysans.


Rapport sur le capot
Jeudi matin, la commission présidée par Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d’agriculture, se retrouve sur les flancs de l’Underenegg, en face des Gastlosen, non loin d’Abländschen. Dans la douceur du matin, la beauté du site est à couper le souffle. En vingt minutes de marche, le groupe se retrouve au premier des huit chalets à inspecter durant la journée, l’Obere Welschweid. Son propriétaire, Hubert Röthlisberger, attend devant sa jeep. Les présentations faites, on remplit le rapport, sur le capot.
Nombre de bêtes et race, accessibilité de l’alpage, volume des fosses à lisier, durée de la saison, quantité et qualité de l’eau, de l’herbe, état du bâtiment, tout y passe. Sans oublier, le cas échéant, l’âge des enfants passant l’été sur l’alpage pour distinguer le plus jeune d’entre eux à l’issue de la saison.
Agriculteur à Schönried, Hubert Röthlisberger répond sans ambages aux questions que lui pose, en dialecte alémanique, Raphael Amrein, conseiller agricole. Le Bernois sexagénaire a acheté l’alpage en 1984. Dans le trintsâbyo rutilant, sa femme transforme le lait de leurs treize simmental en fromage à rebibes que leur achète une cave de Gstaad. Sur le mur, des photos de famille et un calendrier montrant des naïades fort peu vêtues posant au bord de la mer à côté de tronçonneuses rutilantes. Sur le buffet, une radio cassette et la pile de Schweizer Bauer, le journal des paysans.
Propre comme un sou neuf, l’écurie est double, avec écoulement central. A l’extérieur, le toit en plaques de fibrociment est en bon état. Logé dans une encoignure du chalet, le petit saloir contient déjà une vingtaine de meules. Fraîchement bétonnées, les sorties d’écurie, gris écarlate, brillent sous le soleil.
Plus loin, l’ancienne gare supérieure du câble, que la route a rendu inutile, a été rénovée et sert de dépôt. Un petit jardin potager tout propret et aux fraises prometteuses, donne la touche finale à cette image d’Epinal. On en oublierait presque le labeur que cache tout cela… Avec son pâturage d’excellente qualité, cette première halte place la barre très haut.


Sur Fribourg et Berne
La deuxième étape mène à l’Obere Niggi, une écurie située à dix minutes de marche en amont. Appartenant au même Hubert Röthlisberger, elle est du même tonneau. Une quinzaine de génisses accourent, peu farouches et bien curieuses. «C’est le signe qu’elles voient souvent leur propriétaire», analyse Frédéric Ménétrey. Et puis, elles ont des cornes: «C’est le signe que ce sont des Bernoises», sourit Céline Vial-Magnin. L’alpage est à cheval sur Fribourg et Berne: la frontière le traverse dix mètres derrière l’écurie.
Dernière étape sur ce versant, l’Untere Niggi, tout en bas, est exploité par Jules Sciboz, de Lussy, vingt-cinq saisons d’alpage. Avec sa femme, il séjourne pourtant à la Mosera, sur le flanc opposé. L’état général du chalet au toit de bardeaux, propriété d’un Buchs de Boltigen, est relativement bon. Jules Sciboz vient juste y traire ses 25 vaches. Le trintsâbyo dans lequel il répond aux questions n’est plus en fonction: l’âtre est froid depuis des décennies. Dans un coin pourtant, l’inretchà, la table où l’on mettait les fromages en forme, attend, prête à servir.
Jules Sciboz en profite pour suggérer deux ou trois recommandations. Notamment des planches plus planes à l’écurie: «Il n’y a rien de plat là-dedans, c’est difficile à racler. Des jeunes, il n’y en a pas beaucoup qui feraient le travail que je fais là!» Des fois que le rapport de la SFEA s’en irait jusqu’à Boltigen…

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