Jappeloup et Durand, un couple qui fascine encore

| sam, 20. jui. 2013
Médaillé d’or olympique à Séoul, Pierre Durand sera ce week-end à Vuadens. Avec son cheval Jappeloup, le Français est entré dans les mémoires collectives. En Gruyère, il racontera la «vraie histoire» de sa célèbre monture.

PAR FRANCOIS PHARISA


Vingt-cinq ans après le titre olympique individuel de sauts d’obstacles à Séoul, l’histoire du couple formé par Pierre Durand et son petit cheval ombrageux, Jappeloup-de-Luze, émeut encore les foules. Dans le cadre des «Rencontres équestres», association créée par trois amoureux des chevaux (lire ci-dessous), Pierre Durand dispense des cours d’équitation toute la journée, au manège de Marsens. Il donne également, ce soir à 19 h 30, à l’Hôtel de la Gare à Vuadens, une conférence autobiographique. L’occasion de revenir sur la folle chevauchée de ce duo légendaire.
Ensemble, tout au long des années 1980, Pierre Durand et Jappeloup entretiennent une relation fusionnelle. Indissociables l’un de l’autre, ils symbolisent l’harmonie cavalier-cheval. Leur romance commence par un rendez-vous manqué. La petite taille (1,58 m au garrot) de ce cheval français, né en 1975 en Gironde, rebute le jeune Durand. Il se ravisera quelques années plus tard.
Dès lors, Pierre Durand et sa monture connaissent une progression fulgurante, entrecoupée d’épiques rebondissements. Comme ce jour de juillet 1984, sous le soleil de Los Angeles. Caractériel, Jappeloup stoppe net devant un obstacle, envoie valser son cavalier et s’enfui tout droit au vestiaire. «Incontestablement le plus mauvais souvenir de toute ma carrière, estime Pierre Durand. Mais, je dois reconnaître que cet épisode constitue l’acte fondateur de notre notoriété.» Une légende était née.
«Malgré cette humiliation, j’ai persévéré et maintenu ma confiance en Jappeloup», explique le natif de Saint-Seurin-sur-l’Isle, en Gironde. Et ce dernier la lui a bien rendue. Les titres s’accumulent: champion de France, champion d’Europe et, récompense suprême, champion olympique. Le couple peut tirer sa révérence. Sa renommée est mondiale. Venue – avec Jappeloup! – en direct, sur le plateau du 13 h d’Yves Mourousi, jubilé au pied de la tour Eiffel… Rien n’est trop beau pour le médaillé olympique et son crack.


La «vraie histoire»
Après la mort de Jappeloup, en 1991, le mythe a perduré. Il continue aujourd’hui. «Les gens ont accroché, parce que nous formions un couple atypique, explique Pierre Durand. Jappeloup, de par ses origines modestes, de par le croisement hasardeux dont il était le résultat, entre un trotteur et un pur-sang, de par sa petite taille, a marqué les esprits. Il était également explosif, vibrant et fougeux. Ces qualités lui permettaient de franchir les obstacles de façon très spectaculaire. Ce cheval portait en lui-même des caractéristiques qui plaisent au public. Et, de mon côté, j’ai suivi un itinéraire bien différent de la majorité des cavaliers professionnels.» Tous les ingrédients étaient réunis pour écrire une belle histoire.   
Cette histoire romanesque, tissée de hauts et de bas, ne pouvait laisser de marbre l’industrie cinématographique. En mai dernier, sortait dans les salles Jappeloup, film réalisé par le Canadien Christian Duguay. Guillaume Canet, lui-même cavalier dans sa jeunesse, y interprète le rôle de Pierre Durand. En dépit du succès remporté au box-office, Pierre Durand avoue ne pas s’y reconnaître complètement.
«Ce film prend beaucoup, beaucoup de libertés avec la réalité, regrette-t-il. Par moments, il plonge carrément dans la fiction. Le scénariste a notamment décidé de faire mourir mon père, alors qu’à l’époque il était en vie. Cet aspect m’a énormément perturbé. Cela dit, c’est un beau film sur les chevaux.» Animé de la volonté de rétablir la vérité, Pierre Durand a écrit un récit autobiographique, paru récemment (Jappeloup, chez Michel Lafont). «Je voulais être en mesure de répondre aux générations de cavaliers et sympathisants de l’équitation, qui ne nous ont pas connus. Qu’ils ne restent pas seulement sur l’idée du film. Ce livre sanctuarise la vraie histoire de Jappeloup.»

 

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Promouvoir l’art équestre
Depuis 2004, l’association des «Rencontres équestres» donne la parole à des grands maîtres de l’équitation. Née de la volonté commune de trois écuyers professionnels, Alain Devaud, du centre équestre de Vuadens, Jean Blatti, du manège de Château-d’Œx, et Jean-Claude Chollet, du centre équestre de Curtilles, l’association développe l’équitation artistique. «Echanger des points de vues de divers horizons et partager les différents savoirs équestres. Telle est l’ambition de notre association», explique Alain Devaud.
A raison de quatre à six week-ends par année, l’association propose à sa centaine de membres, de tous niveaux confondus, de faire connaissance avec des personnalités du monde équestre et de progresser à leurs côtés. Les rencontres varient du séminaire de dressage au travail aux longues rênes, en passant par des visites de musée et des stages de sauts d’obstacles. L’équitation dans toute sa diversité. «L’accent est principalement mis sur l’aspect artistique, mais l’équitation de compétition n’est pas pour autant délaissée. Nous visons large», précise Alain Devaud.


L’équitation, une école de vie
Ce week-end, c’est justement l’équitation sportive qui est à l’honneur avec la venue de Pierre Durand. «Au-delà de la relation cavalier-cheval, il y a, surtout, un travail de dingue pour se hisser au sommet, insiste Alain Devaud. L’équitation est une école d’humilité et d’abnégation. Et cela, Pierre Durand l’incarne parfaitement.» FP

 

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