PAR SOPHIE ROULIN
Son nom était connu depuis début juillet, mais c’est mercredi soir que les actionnaires l’ont élu. L’avocat Bruno Charrière porte désormais officiellement la casquette de président de Télécabine Charmey-Les Dents-Vertes, en Gruyère S.A. Les sept autres membres du conseil d’administration ont été élus en avril dernier, à la suite de la démission en bloc du conseil précédent. En cause, l’étude globale sur le tourisme commandée par la commune. S’appuyant sur cet audit, Charmey s’est donné trois ans pour redresser la barre.
Quels sont les premiers objectifs du nouveau conseil d’administration (CA)?
Notre job, c’est de mettre en place des moyens pour limiter le déficit sur la comptabilité annuelle des remontées mécaniques. Nous devons rendre acceptable et raisonnable le soutien de la commune.
Faute de quoi elle pourrait le remettre en cause en 2016…
Charmey s’est donné trois ans pour améliorer la situation. Mais aussi pour faire un bilan, pour pouvoir dire à la population: voilà où on en est, voilà les options possibles, voilà combien ça coûte, combien ça coûtera. Le but étant de demander aux Charmeysans s’ils sont d’accord de continuer et à quel prix.
Quel est votre rôle à ce niveau-là?
Dans une première phase, il s’agit d’assurer le bon fonctionnement des installations. Nous travaillons donc dans l’urgence pour préparer la saison d’hiver. Dans une deuxième étape, notre mandat est d’analyser tous les scénarios possibles pour l’avenir. Est-ce qu’on maintient l’exploitation estivale et hivernale? Quel accent met-on sur l’été? Toutes les questions doivent être posées, sans tabou.
Aucun des membres du nouveau conseil d’administration n’a d’expérience en la matière. N’est-ce pas déstabilisant?
L’avantage, c’est que nous partons avec un regard nouveau, même si nous nous inscrivons dans la stratégie du tourisme de Charmey, de la région et du canton. Nous voulons proposer un modèle qui tienne la route en nous basant sur l’expérience que nous acquerrons durant les trois prochaines années. Nous ne procéderons pas à une analyse critique de ce qui s’est fait dans le passé. Nous partons avec la structure et les installations existantes, en nous appuyant sur les conseils de Fischer & Partner, le bureau mandaté par la commune pour l’étude sur le tourisme.
Ce dernier prône notamment une centralisation dans la direction opérationnelle des différents secteurs, l’Office du tourisme (OT), les remontées mécaniques, le centre sportif…
Elle est en train de se mettre en place. Pour les remontées mécaniques, la direction opérationnelle sera confiée à Christophe Valley, directeur de l’OT, par un mandat de prestation. Le contrat est en préparation, mais il ne pouvait pas être signé avant la constitution officielle de notre CA et les modifications d’usage dans le Registre du commerce.
C’est un peu le retour à la situation qui prévalait avant avril 2012, avec Charmey Tourisme Services?
Sur le papier, l’idée était la même, mais je n’ai pas analysé pourquoi ça n’a pas fonctionné. Reste que l’objectif est d’assurer une gestion commune, professionnelle, avec une vue d’ensemble, et d’aboutir à des économies. Nous espérons notamment une meilleure gestion du personnel.
Y a-t-il d’autres idées qui se mettent en place pour améliorer la situation de la société?
Sur le plan financier, on doit voir comment la structure de l’entreprise peut être améliorée au niveau des coûts, mais également au niveau des recettes.
De nouvelles offres en perspective?
Ça passe d’abord par un travail sur la qualité des produits et par l’amélioration de l’accueil pour que les habitués continuent de venir. Mais aussi par de nouvelles offres, en effet. Qu’est-ce qu’on peut faire pour amener des gens à Vounetz en dehors des manifestations ponctuelles comme la réunion des patoisants ou le cinéma open air? Il faudra proposer des activités permanentes, peut-être autour du vélo, peut-être s’ouvrir davantage à l’organisation de concours de ski… Mais les discussions n’ont pas encore eu lieu à ce niveau-là. Ce sera le cas dans la deuxième phase, une fois la saison hivernale mise en route.
De telles offres existent déjà avec Charmey Aventures…
Sauf que la société des remontées mécaniques n’en est pas propriétaire. Il s’agit d’une entreprise privée avec qui nous devrons rediscuter les conditions de notre partenariat. Actuellement, elle bénéficie de prestations qui ne correspondent pas aux frais qui lui sont facturés. Je ne nie pas la nécessité économique de collaborer, mais les conditions doivent être meilleures pour la télécabine.
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En hommage aux pionniers
Installé à Riaz depuis quelques années, Bruno Charrière reste un Charmeysan de cœur. Il a passé la plus grande partie de sa vie dans le village de la vallée de la Jogne et les pistes de ski de Vounetz n’ont pas de secrets pour lui. S’il a accepté de devenir président de la société Télécabine Charmey-Les Dents-Vertes, en Gruyère S.A., c’est «pour ces Charmeysans ont eu le courage de créer la télécabine, qui ont permis de développer le tourisme. Même si ça fait un peu vieux jeu de le dire comme ça.»
Depuis début juillet, l’avocat s’est déjà penché de nombreuses heures sur les dossiers de la société. «Je ne connaissais rien au fonctionnement interne d’une telle entreprise. Il a aussi fallu se familiariser avec le fonctionnement des différentes entités qui entourent les remontées mécaniques au niveau fribourgeois et avec le financement du tourisme.» Et de rappeler que les membres du conseil d’administration s’engagent bénévolement. «On est tous skieurs, fans de montagne, et on a tous à cœur de faire quelque chose pour la collectivité.»
«La vocation touristique va rester»
Bruno Charrière ne prétend par réinventer le tourisme charmeysan. «Les Bains ont été le deuxième virage important. Il y en aura peut-être un autre dans quinze ans, mais la vocation touristique du village va rester. Et, par respect pour les pionniers, nous devons assurer le maintien de ce qui existe.» SR
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