Accroître les chances de survie en cas d’arrêt cardiaque

| jeu, 29. aoû. 2013
Un défibrillateur ainsi qu’une équipe de premiers répondants spécialisés pour les arrêts cardiaques seront mis en place à Grandvillard. La démarche est encore peu répandue et pourrait bien faire des émules.

PAR ANGELIQUE RIME

En cas d’arrêt cardiorespiratoire, chaque minute perdue diminue de 10% les chances de survie. Cette règle, Philippe Mercier la connaît bien. Plutôt que d’accepter cette dure réalité, le médecin, également conseiller communal à Grandvillard, a décidé d’agir. Avec l’aide de l’Exécutif, des pompiers et des samaritains, il a travaillé à l’installation d’un défibrillateur dans le hall d’entrée du bâtiment communal, ouvert 24 h/24 et 7j/7. Plus encore, Philippe Mercier a également mis sur pied un groupe de premiers répondants, soit des personnes capables d’intervenir avant l’arrivée de l’ambulance. «Depuis Vaulruz, il faut environ vingt minutes pour que les secours arrivent à Grandvillard. Quelqu’un qui fait un arrêt cardiaque a peu de chances de s’en sortir!»
Samedi, une journée de sensibilisation est prévue pour présenter le nouveau matériel, mais aussi pour familiariser les gens à l’utilisation de ces machines. «J’espère aussi que cela suscitera des vocations afin de renforcer l’équipe que j’ai déjà constituée», explique Philippe Mercier. Actuellement, douze personnes déjà formées aux mesures de base pour sauver la vie (BLS) et à l’utilisation de défibrillateurs (AED) se sont engagées pour assurer, selon le projet du docteur, une couverture du village en permanence. «Idéalement, il faudrait que nous soyons entre seize et dix-huit.» Cheffe de la centrale d’urgence sanitaire 144, Manuela Spicher salue l’initiative du docteur Mercier: «Beaucoup d’endroits dans le canton en auraient besoin. Je suis sûre que cela va se développer.»
Car la démarche est pour l’heure peu répandue. «Il existe déjà une équipe de premiers répondants dans la commune de Bellegarde, mais c’est différent. Les membres du groupe font également partie de la colonne de secours ou des samaritains. Ils sont appelés en cas d’alarme générale», détaille Manuela Spicher. Tandis qu’à Grandvillard, le groupe interviendra uniquement en cas d’arrêt cardiaque.


Faire des émules
Concrètement, le système d’alerte fonctionnera en collaboration avec la centrale 144. «Si quelqu’un trouve une personne en difficulté, il appellera la centrale, qui pourra identifier sa position. Un message d’alerte sera ensuite envoyé sur les téléphones de tous les membres de l’équipe de Grandvillard. Le premier disponible rappellera le 144, puis passera prendre le défibrillateur avant de se rendre sur les lieux de l’accident, détaille Philippe Mercier. Ce système est similaire à celui déjà en place pour les gardes des médecins, dont je m’occupe pour le Sud du canton.»
Le groupe créé dans l’Intyamon fonctionnera de manière autonome. «Je ne voulais pas que ce soit institutionnalisé ou dépendant d’une structure. Mais si cela peut faire des émules au-delà de ma commune, tant mieux. Et en cas de contact, je reste évidemment ouvert à toutes sortes de collaborations.»
Dans le canton, il existe par exemple une structure intitulée Fondation Fribourg Cœur, constituée en novembre 2012. Inspirée de Ticino Cuore, une association similaire en place au Tessin depuis 2005, le but de la fondation est de «créer et de coordonner avec la centrale 144 un réseau de premiers répondants sur tout le territoire du canton de Fribourg».
Afin d’atteindre son objectif, la fondation prodigue des formations. «D’ici à novembre, nous aurons enseigné les gestes de réanimation de base à près de 550 personnes. Le but étant ensuite que chacun d’entre eux devienne un premier répondant», espère Christophe Roulin, président. Mais pour que la fondation puisse mettre en place ce système dans l’ensemble du canton, il lui manque un système d’alarme uniformisé. «Nous travaillons, en collaboration avec le 144, à la mise sur pied d’une application pour smartphone. Chaque personne ayant suivi des cours valables serait inscrite comme premier répondant dans un registre. En cas de problème dans sa région, il recevrait une alarme sur son téléphone, puis indiquerait s’il peut intervenir ou non. Le 144 le localiserait et lui enverrait des informations concernant le défibrillateur le plus proche.» Un projet intéressant mais qui, selon Manuela Spicher, reste de «la musique d’avenir. Beaucoup de démarches sont encore à entreprendre, notamment pour vérifier qu’une telle application tient la route. De plus, nous sommes en train de changer de système informatique.»


Des policiers formés
Autre obstacle: aucun recensement officiel des défibrillateurs du canton n’est disponible. «Les seuls éléments dont nous disposons sont ceux récoltés par Evelyne Kropf, ambulancière, dans le cadre de son travail de diplôme (lire encadré)», explique Christophe Roulin. Les députés Eric Collomb et Marc-Antoine Gamba ont toutefois déposé une motion visant à obliger les revendeurs à annoncer tous les défibrillateurs qu’ils ont écoulés au 144.
Pour l’heure, la fondation s’est concentrée sur la formation de policiers et de pompiers. «Près de 130 agents ont déjà suivi des cours en 2012. Nous sommes également en partenariat avec le corps de sapeurs-pompiers de Châtel-Saint-Denis et Remaufens ainsi qu’avec celui de Glâne-sud.»


Grandvillard, bâtiment communal, journée de sensibilisation, samedi 31 août de 10 h à 16 h

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Créer un registre officiel
Dans le cadre de son travail de diplôme, Evelyne Kropf, aujourd’hui ambulancière diplômée, a recensé les défibrillateurs automatisés externes (DAE) que compte le sud du canton de Fribourg (voir infographie). En 2012, elle a donc sollicité les 53 communes du Sud et a obtenu un taux de réponses de plus de 85%. Elle s’est aussi adressée à 227 entreprises, avec un peu moins de succès (43% de taux de réponses). «Depuis une année, il est clair que les choses ont évolué. Il serait donc nécessaire de créer un registre officiel évolutif. Toutefois, on remarque que la plupart des machines se trouvent dans des entreprises. Avec les problèmes d’accessibilité, selon les heures d’ouverture, que cela pose. L’idéal serait évidemment que les défibrillateurs soient accessibles 24h/24 et 7j/7.»
Outre les défibrillateurs fixes, Evelyne Kropf a également pu établir que certaines machines étaient mobiles. «Groupe E en possède dans ses voitures. Notamment à Romont, Châtel-Saint-Denis et Riaz. La police est également bien équipée. Dans tout le canton, elle en possède 38, dont huit dans le Sud, entre autres à Charmey et à Romont.» Au total, l’ambulancière a donc recensé six défibrillateurs mis en place par les communes et 43 dans les entreprises, en tenant compte des machines mobiles. Elle n’a évidemment pas inventorié ceux se trouvant dans les hôpitaux. Elle estime également que la plupart des médecins en possèdent dans leur cabinet. AR
 

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