S’arrêter ou retenter l’aventure olympique?

| sam, 24. aoû. 2013
Lundi, Ludovic Chammartin participera aux championnats du monde de Rio. Blessé au genou gauche, le vice-champion d’Europe ne sait pas s’il pourra rivaliser avec les meilleurs.

PAR VALENTIN CASTELLA

Lundi, Ludovic Chammartin se retrouvera sur le tatami de Rio pour y disputer les championnats du monde. Quatre mois après sa médaille d’argent aux championnats d’Europe de Budapest, le judoka de Romont devait débarquer au Brésil avec des ambitions dignes de son nouveau statut. Sauf que, ces deux dernières semaines, le Glânois a été handicapé par une malheureuse blessure au ménisque du genou gauche et il s’avancera face à son futur adversaire en n’ayant pas la totalité de ses moyens. Lui-même ne savait pas encore la semaine passée s’il serait du voyage. C’est finalement mardi qu’il a pris la décision de tenter sa chance, même s’il n’est «de loin pas à 100%», a-t-il avoué.
Cette situation difficile, Lu­dovic Chammartin l’avait déjà connue en avril à Budapest. Ce qui ne l’avait pas empêché de réaliser un magnifique exploit en Hongrie. Le Glânois, domicilié à Treyvaux, ne pouvait donc pas déclarer forfait sans tenter sa chance, d’autant plus que ces Mondiaux représentaient, avec les championnats d’Europe, ses deux seuls objectifs depuis sa défaite au premier tour des jeux Olympiques de Londres. C’est pour prendre part à ces deux compétitions qu’il avait décidé de poursuivre sa carrière, qui commençait enfin à décoller après plusieurs années de frustration et de blessures.
Il l’avait dit: cette saison 2013 serait sa dernière. Au sortir de sa défaite à Londres, il avait prévu d’arrêter après les Jeux. Mais qu’il ne pouvait finalement pas le faire maintenant qu’il était enfin parvenu à s’immiscer parmi les meilleurs spécialistes de sa catégorie. Cette situation s’est à nouveau reproduite après son podium européen. Aujourd’hui, il hésite de nouveau à ranger ses ambitions internationales pour commencer une nouvelle vie.


Le temps de changer de vie?
La semaine dernière lors de l’interview, le souvenir d’un entretien effectué sous le porche d’un pub londonien après son combat olympique a resurgi. «D’un côté, je sens que mon corps commence à être usé. Les efforts consentis à l’entraînement sont de plus en plus lourds à porter. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Parfois, je me dis qu’il est temps d’arrêter. Cela fait depuis dix ans que je vis uniquement pour le judo. Physiquement et surtout mentalement, c’est difficile à supporter, car j’ai galéré pendant des années pour tenter de boucler mes budgets et pour m’entraîner dans de bonnes conditions. A bientôt 30 ans, il serait peut-être temps de penser à autre chose. Certaines personnes de mon entourage ont maintenant une maison, des enfants. Moi, je vis toujours chez maman. Quelquefois, je rêve d’avoir la chance d’être autonome.»


Satané destin
Une remise en question douloureuse, car les récents résultats ne plaident pas en faveur d’un retrait. Comme si le destin se faisait un malin plaisir à torturer l’esprit du judoka. «D’un autre côté, je me dis que ce serait stupide d’arrêter maintenant que je parviens à faire de bons résultats. Actuellement, je fais partie des judokas les plus solides et puissants de ma catégorie. A 26 ans, je réussissais enfin à réaliser une belle performance en Coupe du monde. A 27 ans, je participais aux Jeux. Et, à 28 ans, je décroche une médaille d’argent aux championnats d’Europe. Plus je vieillis et plus les résultats sont bons. Alors pourquoi arrêter maintenant, d’autant plus que je parviens désormais à boucler mes budgets?»
Cette reconnaissance tardi­ve, Ludovic Chammartin, qui fait figure d’ancien dans sa caté­­gorie –60 kg (24 ans de moyen­ne d’âge), l’explique: «C’est logique que ce n’est que main­tenant que je réalise de bonnes performances. Les jeunes espoirs des grandes nations du judo s’entraînent tous les jours dans d’excellentes conditions depuis l’âge de 15 ans. Moi, je me suis lancé à fond à 21 ans et ce n’est qu’à 25 ans que je me suis rendu compte que je n’en faisais pas assez. Je pensais que je m’entraînais dur, mais c’était faux. Cela ne fait que trois ans que mes préparations sont bonnes et, depuis, les résultats ont suivi. C’est peut-être parce que j’ai commencé plus tard que les autres que je suis compétitif seulement maintenant.»
S’il affirme ne pas avoir de regrets concernant ces années de disette, Ludovic Chammartin conserve une grosse soif de judo. Va-t-il poursuivre sa carrière et suivre ses envies ou écouter la voie de la raison? «Si je repars, c’est pour trois ans et pour participer aux Jeux de Rio. Si j’avais deux ans de moins, je le ferais sans hésiter. Maintenant, je ne sais pas encore si je suis prêt à refaire autant de sacrifices. Je vais y réfléchir après les Mondiaux.»

 

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L’adrénaline, la chance et un état d’esprit
Ludovic Chammartin, comment vous sentez-vous avant votre premier combat à Rio?
Cela faisait depuis les championnats d’Europe que je me préparais pour ces Mondiaux. J’ai d’abord effectué un travail de fond axé sur la condition physique et la musculation, sans oublier, bien sûr, le judo. Et puis, il y a un mois, j’ai ressenti une douleur à mon genou après une compétition à Miami. Comme j’ai maintenant l’habitude d’avoir quel­ques douleurs un peu partout, j’ai continué en allant faire des stages à Kiev et à Sotchi, pour finir à Brugg. C’est finalement il y a deux semaines que mon ménisque a dit stop. J’ai alors observé une période de pause, avant de reprendre tranquillement l’entraînement cette semaine. Cette blessure a grandement perturbé ma préparation et je ne sais pas dans quel état de forme j’arriverai
à Rio.

Quels sont vos objectifs au Brésil?
Cela va dépendre de mon genou. A Budapest, j’imaginais déclarer forfait une semaine et demie avant le début de la compétition. Mais, avec l’adrénaline, j’ai réussi à passer par-dessus mes douleurs aux adducteurs. Donc on verra si je parviendrai à en faire de même. Dans ce genre de rendez-vous, seules les médailles comptent. Je veux donc m’en approcher si j’en ai les moyens. Trois favoris se dégagent. Ensuite, trois ou quatre judokas se situent au-dessus de moi et je pense figurer dans le troisième groupe, qui compte six ou sept athlètes. Si nous sommes dans un bon jour, chacun d’entre nous peut rêver d’une médaille.  L’idéal serait que je rencontre un adversaire pas trop expérimenté au départ, car je commence toujours gentiment les compétitions.


Votre médaille d’argent aux championnats d’Europe a-t-elle changé votre appréhension des grands événements?
C’est aux Jeux que tout a changé pour moi. A Londres, ma seule envie était de ne pas mal faire. Ensuite, j’ai pris conscience qu’il fallait avant tout se faire plaisir, sans se poser trop de questions. Cette nouvelle philosophie m’a aidé. Ce n’est qu’en demi-finale des championnats d’Europe que j’ai ressenti une grosse pression. Avant, j’avais l’esprit plus ou moins libre et cela m’a beaucoup aidé. Je vais essayer d’adopter le même état d’esprit à Rio.

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