Le quartier de la gare donnera à la ville un nouveau visage

| mar, 15. oct. 2013
Le voile se lève sur le futur quartier de la gare, ses 90000 m2 et ses plus de 2000 habitants prévus. D’ici une vingtaine d’années, Bulle sera tout simplement méconnaissable.

PAR YANN GUERCHANIK

C’est bien simple: en posant les yeux sur la maquette du futur quartier de la gare, même un Bullois ne reconnaît pas sa ville. En perdant sa vocation industrielle pour devenir un quartier résidentiel comptant entre 2000 et 2600 habitants, le plateau de la gare va donner au chef-lieu gruérien un nouveau visage. D’ici une vingtaine d’années, Bulle aura pour ainsi dire un deuxième centre-ville.
Hier, les TPF et la ville de Bulle ont levé le voile sur le projet pharaonique d’un coût global estimé entre 700 et 800 millions de francs (50 mio pour la partie ferroviaire). «Le plus grand projet actuel d’aménagement et d’urbanisme du canton de Fribourg», déclarait en introduction le syndic Yves Menoud. Il aurait sans doute pu pousser la comparaison jusqu’à l’échelle romande, tant il est rare qu’un pareil espace au centre d’une ville soit sujet à un projet d’aménagement.
Les chiffres donnent le tournis: près de 140000 m2 de plancher, 70000 m2 de surface constructible, sans compter quelque 20000 m2 pour la partie ferroviaire, entre 2000 et 2600 nouveaux habitants attendus, 600 emplois potentiels… Les huit bureaux qui ont participé au mandat d’études parallèles (MEP) ont connu des pages blanches plus étriquées.
Au final, c’est au bureau genevois groupe8 que l’on doit les grandes lignes du futur quartier de la gare. Le collège d’experts présidé par l’architecte et urbaniste Bruno Marchand a également retenu les propositions du bureau bullois Deillon Delley, notamment en ce qui concerne les quartiers d’habitation.


Logements et parkings
Ainsi, le quartier de la Colline du Moulin accueillera 210 appartements. Contrairement à ce qui est présenté dans l’image de synthèse, les nouveaux immeubles s’inscriront dans un prolongement géométrique par rapport aux bâtiments existants. Juste en dessus de l’actuelle gare routière, qui sera transformée en parking de 260 places. Signalons à ce propos que le projet, dans son ensemble, ne prévoit pas moins de 1300 places de stationnement souterraines.
Le deuxième pôle résidentiel se situe plus à l’est. Le quartier de la Remise (quelque 330 appartements et 360 places de parking) s’articulera autour de l’actuelle Remise de la voie étroite. Protégée par les Biens culturels, cette dernière représentait l’une des rares contraintes pour les architectes. Du côté de la ville comme des TPF, on lui prévoit volontiers une vocation socioculturelle.
Bordé d’espaces verts et accessible à pied par un passage sous la voie ferroviaire, le bâtiment de la Remise a les qualités pour devenir un nouveau poumon de la ville, pour peu qu’il soit mis en valeur. «Il y a des idées mais pas de projets concrets pour le moment», indique le directeur des TPF Vincent Ducrot.


Véritable place de la gare
Au-delà des nouveaux quartiers, c’est surtout une place de la gare flambant neuve dont Bulle disposera. Avec une nouvelle interface de gare qui regroupera de façon compacte les trois systèmes de transports en commun de la région: le train, les bus régionaux et les bus urbains. Ainsi, sur une large place piétonne qui borde le chemin des Crêts, on trouvera la plate-forme des bus Mobul et des taxis.
Les bus Mobul gagneront la plate-forme par une nouvelle rue qui passera le long de la gare actuelle et qui descendra le long de la nouvelle. Après quoi, ils emprunteront le chemin des Crêts pour se diriger soit vers le centre-ville, soit vers le secteur de Planchy.
Cette plate-forme sera entourée de deux complexes principaux. A l’est, la nouvelle gare avec notamment les guichets. A l’ouest, un bâtiment aux ouvertures latérales, au rez-de-chaussée duquel se trouvera la gare routière. Contrairement à celle de Fribourg, cette dernière sera très ouverte. «Elle sera complètement vitrée de manière à être un espace très agréable», précise Bruno Marchand.


Exemple de densification
Le Genevois, par ailleurs professeur d’architecture à l’EPFL, loue la densification de cette nouvelle place de la gare. «C’est un lieu qui concentre beaucoup de gens. Pour améliorer les conditions de mobilité de la population, c’est dans ce genre d’endroits qu’il faut construire davantage de mètres carrés par rapport au terrain.»
Et le président du collège d’experts d’ajouter: «Il faut surtout accompagner ces endroits de mixité. Ainsi, il faut des activités différenciées de façon à obtenir des mixités sociales, intergénérationnelles ou autre. Mais aussi afin d’avoir des lieux occupés toute la journée. Et ainsi éviter le problème qu’on a connu avec les quartiers de bureaux des années 1960: des lieux sans vie passé une certaine heure.»
Aussi, le projet a été conçu comme «un petit morceau de ville qui vit». En plus du millier d’appartements et des espaces administratifs, une large part est consacrée aux commerces et aux surfaces artisanales. De même, un hôtel et un EMS sont envisagés. Sans oublier des zones piétonnes qui contribueront elles aussi à changer le visage de la ville. Ainsi, on marchera le long de la rue Albert-Rieter pour se rendre à la gare. Et déjà on constate que, dans vingt ans, Bulle se pratiquera dans des directions tout à fait inédites.

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