PAR ANGELIQUE RIME
L’aviculture a le vent en poupe dans l’Intyamon. Après Dominique Borcard et Jacques Raboud, à Grandvillard, Jacques et Fabienne Pharisa ont également construit une halle de ponte, à Estavannens. Les poules sont arrivées mercredi dernier. La bâtisse est impressionnante tant de l’extérieur que de l’intérieur. D’une superficie totale de 2170 mètres carrés, elle est recouver-te de 2000 m2 de panneaux photovoltaïques et abrite 12000 volailles, qui produiront quelque 4 millions d’œufs par année.
Réparties dans des volières à plusieurs étages, les poules peuvent, durant la journée, sortir dans un jardin d’hiver ou à l’extérieur. «Nous les rentrons vers 18 h. Une heure plus tard, la lumière s’éteint progressivement. Elle se rallume vers 4 h du matin. A ce moment-là, elles vont pondre dans des nids prévus à cet effet», explique Jacques Pharisa, 46 ans. Chaque année, l’élevage est intégralement remplacé. «Nous devons payer pour qu’il soit emmené à la boucherie. La viande est alors transformée en charcuterie ou en saucisses», note encore Fabienne Pharisa.
Grâce à un système de tapis roulants, les œufs sont emmenés vers une trieuse, puis posés sur des plateaux. Si l’installation est presque entièrement automatisée (lire encadré), la présence de l’homme reste néanmoins indispensable. «Une personne contrôle la qualité ainsi que la taille des œufs. Selon les critères établis par l’entreprise qui nous les achète, ils doivent peser environ 52 grammes», expose la Gruérienne de 44 ans. Et son époux d’ajouter: «Nous entrons deux fois par jour dans les volières pour contrôler que tout fonctionne correctement et qu’il n’y a pas d’animaux morts. En moyenne, on compte 4000 heures de travail par année pour une telle structure.»
Construction à 1,6 million
Et du travail, c’est exactement ce que Jacques et Fabienne Pharisa cherchaient. «Nos deux fils sont intéressés à s’investir sur le domaine. Sans cette nouvelle structure, nous n’aurions pas pu les engager», décrit l’agriculteur. La relève, c’est Loïc et Jérémie, 19 ans en novembre. Titulaires d’un CFC d’agriculteur, les jumeaux effectuent actuellement une année de spécialisation en aviculture à Zollikofen pour le premier et un apprentissage de mécanicien pour le deuxième. Dans le cadre de sa formation, Loïc travaille déjà sur l’exploitation familiale. Quant à Jérémie, il rejoindra l’équipe en juillet, une fois son apprentissage terminé.
Pour Jacques et Fabienne Pharisa, lancer cette halle de ponte est «un sacré défi. On prend quelques risques.» Et pour cause, le coût de la nouvelle infrastructure, y compris la construction d’un atelier mécanique et d’un abri pour ranger les machines, s’élève à 1,6 million.
Jacques Pharisa n’est toutefois pas étranger au milieu de l’aviculture. En 2004, il avait déjà construit, en collaboration avec son frère Philippe, une poussinière où sont élevées 12000 poulettes jusqu’à 19 semaines. A noter que les deux frères exploitent également un domaine de 54 hectares avec 50 vaches laitières. «Une expansion dans ce secteur était impossible. Il n’y a plus de terrains disponibles», commente Jacques Pharisa, qui travaille également en tant qu’employé communal à mi-temps pour la commune de Châtel-sur-Montsalvens.
Zone spéciale agriculture
Voir cette halle de ponte en fonction est aussi synonyme de la fin des longues procédures administratives entreprises par la famille Pharisa. «Cela fait trois ans que nous avons lancé le projet, déclare Fabienne. Nous avons dû demander une zone spéciale agriculture.» Selon la législation, un domaine doit produire 75% de matières sèches, foins, aliments, etc., utilisées sur l’exploitation. «Avec la nouvelle halle et les 12000 poules supplémentaires, cette condition n’était plus remplie, expose Jacques Pharisa. Au final, tout s’est bien déroulé. Mais le contrat que j’ai signé avec une firme lucernoise pour la vente des œufs a bien failli me filer sous le nez. Dans le privé, on n’attend pas.»
----------------------
Plusieurs tonnes d’aliment
A l’extérieur de la volière, au calme, Loïc Pharisa décortique les informations données par le tableau électronique qui commande l’ensemble de l’installation. Première donnée, la consommation journalière d’aliment. «Hier, c’était 89 grammes par poule, mais elles sont encore jeunes. Cela peut monter jusqu’à 120 grammes.
En une semaine, elles avalent à peu près 12 tonnes d’aliment, soit environ l’équivalent d’un des deux silos dont nous disposons.»
Le tableau de commande permet également de contrôler la consommation d’eau des volailles. «Hier, c’était 1549 litres. Là aussi, ce n’est pas le maximum.» Sont aussi réglables la ventilation de la halle, l’ouverture des fenêtres, ou encore l’heure de l’extinction des feux ou du réveil des poules.
Quant à la fiente, elle tombe sur un tapis qui l’emmène jusqu’à la fosse, située au fond du jardin d’hiver. «L’odeur d’ammoniaque est assez forte, plus que pour les vaches», commente Jacques Pharisa. AR
Commentaires
Danielle Auderset (non vérifié)
sam, 12 oct. 2013
Ajouter un commentaire