PAR SOPHIE MURITH
Dix ans, déjà. Le 1er janvier 2004 naissait de l’union de Porsel, Bouloz et Pont, la commune du Flon. Pour célébrer cet anniversaire, cette dernière convie vendredi ses citoyens à une réunion de famille. Près de 200 personnes sont attendues pour un repas qui se tiendra après une partie officielle où s’exprimeront, entre autres, le préfet Michel Chevalley et la conseillère d’Etat Marie Garnier.
«Ce n’était pas une nécessité, mais de la logique», se souvient l’actuel et unique syndic Raymond Dévaud, seul rescapé encore actif des exécutifs de l’époque. «Les trois communes faisaient déjà tout ensemble.» Cercle scolaire partagé, tout comme le corps des sapeurs-pompiers, la paroisse ainsi que les sociétés sportives et culturelles. «Pour un seul objet, il fallait trois discussions et trois votes. C’était compliqué.»
Les parchets communaux et le taux d’imposition avaient toutefois mis quelques gouttes d’eau dans le gaz. «Pont, qui avait un taux inférieur, avait demandé un délai pour s’adapter.» La fusion avait été repoussée d’une année.
Mais le facteur qui avait bien failli faire capoter toute l’opération au dernier moment, c’est le nom de la commune. Véritable porteur d’identité. Du sondage effectué auprès de la population étaient ressortis deux noms: Porsel (le centre de la nouvelle commune) et Le Flon (la rivière), qui représentait l’avantage de ne garder aucune dénomination existante.
La décision sur la convention de fusion fut adoptée le 10 juin 2003. Restait à choisir le nom de la future commune. La préfecture organisait le scrutin. Bouloz et Pont ont voté pour Le Flon, Porsel pour donner son nom à la nouvelle commune. «Le préfet nous a conseillé de faire un second vote, se remémore Raymond Dévaud. Certaines personnes ont quitté la salle. On m’a reproché d’avoir retourné ma veste.»
Tous à la même corde
Michel Chevalley se souvient qu’«il avait fallu retourner le char rapidement. Aujourd’hui, on peut raisonnablement sourire de cet événement. On va toujours à Bouloz, Porsel ou Pont. Ces villages existent toujours.» Le préfet se rappelle du travail intense fourni par la commission de fusion, dirigée par Gilbert Cardinaux. «Les conseils communaux avaient décidé de tous tirer à la même corde, malgré les récalcitrants. Ils sont parvenus à amenuiser les aspérités, en prenant les problèmes les uns après les autres.»
Firmin Dayer, pourtant habitant de Bouloz, n’était, à l’époque, pas emballé par l’utilisation du Flon. «Un quartier lausannois et un village valaisan s’appelaient déjà comme cela, explique-t-il. Et puis, cela avait aussi un petit côté sentimental de garder le nom de Porsel.» Elu à l’Exécutif en 2007 avec l’intention de mieux défendre les intérêts de Bouloz, Firmin Dayer est aujourd’hui conquis.
La fusion est aussi une réussite pour Raymond Dévaud. «On peut même dire, avec le recul, qu’on aurait dû fusionner avant.» Simplification des décisions, administration professionnalisée et plus disponible ainsi que des conseillers communaux davantage impliqués du fait de leurs charges plus importantes. De 850 habitants en 2003, la commune est, en effet, en passe d’atteindre les 1200 âmes.
«Je ne peux relever aucun point négatif, insiste le syndic. Mais durant les trois premières années, on entendait des réflexions comme “avant, on ne faisait pas comme ça”. Il y avait de la nostalgie. Ce n’est plus le cas. C’est la fusion la plus naturelle du canton.»
A l’heure de fêter l’anniversaire de la fusion, difficile pour Raymond Dévaud de ne pas évoquer l’avenir. «Nous sommes sous la pression de remettre l’ouvrage sur le métier. Le Flon n’a pas dit non à une fusion à neuf communes. C’était plus un “oui, mais il n’y a pas le feu”. Le Conseil communal a l’impression qu’il a fait le travail, mais que cela ne suffit pas.»
Les exécutifs veveysans doivent se prononcer sur un retour à la table des négociations jusqu’à la fin du mois. «Les expériences du Flon, de Saint-Martin et de La Verrerie devraient rassurer ceux qui hésitent à aller plus loin, estime le préfet. «Si les problématiques évoluent durant les dix prochaines années comme elles l’ont fait durant les dix dernières, les communes seront trop petites pour y faire face.»
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