Sereinement, il emprunte le chemin menant au succès

| jeu, 09. Jan. 2014
Cette saison, Pierre Bugnard a intégré le cadre C. Le Charmeysan revient sur son parcours, différent des autres jeunes skieurs régionaux. Demain et samedi, il se retrouvera en Coupe d’Europe sur la neige de Wengen.

PAR VALENTIN CASTELLA

Certains jeunes sportifs sont amateurs de coups d’éclat. De l’anonymat, ils se retrouvent en quelques instants sous les feux des projecteurs. Un destin qui peut faire des heureux et faire naître des champions, mais qui peut également briser les ailes de ces athlètes pas encore préparés à surmonter la pression du haut niveau. Pierre Bugnard est en passe de faire le chemin inverse. Longtemps, il est resté dans l’ombre, bien abrité par les murs du centre sport-études de Davos. Et puis, au fil des saisons et des bonnes performan­ces, le Charmeysan de 21 ans est parvenu à se distinguer parmi les centaines d’aspirants pour intégrer, au terme de la saison dernière, le cadre C de Swiss-ski.
Cette promotion était indispensable pour le Gruérien, qui devait franchir ce palier pour poursuivre sa progression. Mais elle n’est pas une fin en soi. Ce n’est, finalement, qu’une étape supplémentaire sur le chemin si piégeux du succès.
Un tracé qui a, pour Pierre Bugnard, commencé sur les pentes de Vounetz. Petit frère de Valérie Bugnard, qui a également tenté sa chance en courses FIS il y a quelques saisons, il a, tout petit déjà, été imprégné par cette ambiance de compétition. «Au départ, je skiais pour le plaisir. Puis, je me suis inscrit à quelques courses et cela m’a plu.»
D’entrée, Pierre Bugnard se distingue et figure parmi les cinq meilleurs Suisses de son âge en catégorie OJ I. «Comme je n’ai pas réalisé des résultats suffisants durant ma dernière saison en OJ II, je n’ai pas obtenu tous les critères de sélection pour intégrer le centre NLZ de Brigue.»
Contrairement aux nombreux autres jeunes skieurs de la région, le Gruérien n’a pas fréquenté l’usine à champions située en Valais. Souhaitant malgré tout tenter sa chance, il a donc choisi une option différente: celle d’un sport-études à Davos. «Je savais qu’il serait très difficile de concilier un apprentissage avec le ski. Et mes parents avaient déjà beaucoup donné pour ma sœur. L’école à Davos représentait la meilleure alternative. Je me suis dit que, si je ne réussissais pas dans le ski, j’aurais au moins appris l’allemand.»


L’école avant le ski
Le choix a été judicieux pour Pierre Bugnard. Mais, il ne le savait pas encore lorsqu’il a poussé les portes davosiennes. «Les trois premiers mois ont été très difficiles. Je ne connaissais personne et je ne maîtrisais pas la langue. Au début, j’ai vraiment eu de la peine. J’ai alors privilégié l’école en travaillant beaucoup.»
Logiquement, les résultats sportifs se sont fait attendre. Il aura fallu quatre ans au spécialiste de géant et de super-G pour retrouver son rang au sommet de la hiérarchie nationale. «Lorsque j’ai terminé mes études, je me suis dit que ce serait dommage de ne pas tenter ma chance encore une année. J’ai donc pris la décision de me consacrer uniquement au ski. Je me suis laissé une saison pour réussir à intégrer le cadre C.»
Un objectif que le Charmeysan a atteint grâce à d’excellents résultats obtenus l’hiver dernier, à l’image de sa médaille d’argent lors des championnats de Suisse juniors de slalom géant ou lorsqu’il a terminé quinzième Suisse des championnats nationaux de géant, à moins de deux secondes de Sandro Viletta.
Hors du circuit traditionnel pour un espoir romand durant quatre ans, Pierre Bugnard a finalement réussi son pari en retrouvant le chemin que les autres futurs champions ont emprunté. Reste maintenant à accomplir le plus difficile: conserver son rang dans la hiérarchie helvétique et progresser encore.


«Tout a changé»
Pour cela, deux seules choses à faire: travailler fort et réussir de bons résultats en courses. «Avec les nouveaux skis, il fallait absolument que je devienne plus puissant. Je me suis donc beaucoup entraîné et j’ai pris, finalement, plusieurs kilos de muscles. Cela m’a beaucoup aidé. Et puis, grâce à mon intégration dans les cadres nationaux, je bénéficie de nombreux avantages, que cela soit au niveau du matériel ou de l’encadrement. Tout a changé par rapport aux années précédentes.»
Soigné pour une infection cutanée cet automne, le Charmeysan a manqué quelques semaines de préparation. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser des résultats qu’il juge «corrects» en ce début d’hiver (voir son dernier résultat ci-contre) et de pouvoir participer, demain et samedi, aux deux descentes de Coupe d’Europe organisées à Wengen.


En profiter au maximum
Ensuite, Pierre Bugnard va sereinement poursuivre sa route. Car, même s’il sait que l’ascension vers le sommet que représente la Coupe du monde sera encore longue et difficile, lui ne semble pas se mettre trop de pression. «Cela ne sert à rien! Ce n’est pas parce que je porte la veste de Swiss-ski que je vais changer d’attitude. J’ai l’immense chance de faire partie des cadres. Il faut que j’en profite au maximum, sans trop me poser de questions. Ce n’est d’ailleurs pas bon de se poser des questions. Il faut simplement skier le plus vite possible et prendre du plaisir.»
Un credo simple, mais difficile à la fois lorsque vos performances sont analysées à la loupe et que des dizaines de concurrents piaffent d’impatience de prendre votre place.

 

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Intégrer la Coupe d’Europe
Agé de 21 ans, Pierre Bugnard participera, demain et samedi, à ses deuxième et troisième manches de Coupe d’Europe. On pourrait croire le Charmeysan en retard si l’on compare les trajectoires de certaines skieuses de la région, qui comptent, au même âge, plusieurs dizaines de départ à ce niveau. Sauf que le Gruérien n’est pas en retrait. Il concourt dans le monde masculin et la donne est différente, comme il l’explique: «Les filles sont toujours plus précoces à tous les niveaux, que cela soit en Coupe d’Europe et en Coupe du monde. Elles ont l’occasion de grimper les échelons plus rapidement que les hommes.»
Il poursuit: «De notre côté, la densité de concurrents est plus grande. Et puis, si on observe les meilleurs skieurs en Coupe du monde, ils sont rarement très jeunes et plutôt âgés entre 30 et 35 ans. C’est notamment le cas dans les disciplines de vitesse. Il faut bénéficier d’une grosse expérience pour s’en sortir. A 21 ans, je suis encore jeune dans ces disciplines.»
Si Pierre Bugnard a encore du temps pour progresser, il compte néanmoins évoluer cette saison pour ne pas «rester trop longtemps dans le cadre C» et pour pouvoir, ensuite, intégrer totalement l’univers de la Coupe d’Europe, lors de l’hiver 2014-2015. «Ce niveau est déjà élevé. Un top 10 européen correspond à une place parmi les trente meilleurs en Coupe du monde.»
Le Charmeysan n’est toutefois pas le seul à souhaiter participer de manière régulière à la coupe continentale. Ils sont une bonne vingtaine de jeunes skieurs du pays à se battre pour convaincre les décideurs de Swiss-ski: «La concurrence existe, c’est sûr. Mais il ne faut pas souhaiter du mal à un camarade d’entraînement. Il faut juste donner le meilleur de soi-même. Et puis, nous avons tous grandi ensemble. Cela fait depuis que nous sommes petits que nous nous côtoyons en course. Nous sommes pratiquement tous amis.» VAC

 

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