PAR VALENTIN CASTELLA

Certaines bandes de copains se réunissent en sortie, grâce à une société villageoise, où elles se retrouvent quelques fois par semaine dans un garage, pour tenter de concrétiser un rêve musical. Le Team Friski n’a pas cette ambition. Cette équipe n’a, elle, qu’une seule envie: s’éclater sur les plus belles places de freeride d’Europe.
Pratiquement chaque week-end, Noé Caille, Lucas Gre-maud, Arthur Morand, Alexandre Schou­wey, Alan Jordan, Quentin Hoffer, Jean Gremion et Raphaël Huber se retrouvent pour pratiquer le freeride. Une activité qui leur plaît tellement qu’ils ont décidé de se lancer dans une aventure qu’ils n’oublieront pas de sitôt: le Freeride World Tour.
C’est la semaine dernière dans la station de Chamonix que la bande, dont les membres sont âgés de 15 à 17 ans, s’est alignée sous l’égide du Team Friski. Ensemble, elle a côtoyé la plupart des meilleurs spécialistes du moment. Une expérience qu’elle va renouveler ce week-end en Autriche et à la fin du mois de mars à Verbier.
Avant de s’élancer sur les pentes vertigineuses européen­nes, chacun a appris de manière différente comment apprivoiser le freeride. Pour certains, tout est parti d’une histoire de famille, alors que d’autres ont commencé par le ski de compétition avant de s’orienter vers cette discipline. Mais tous ont un point commun: celui de goûter ensemble au plaisir du ski hors-piste. «Certains d’entre nous avaient déjà pris le départ de concours européens, explique Arthur Morand. Comme nous nous connaissions tous depuis plusieurs années, il nous est venu l’idée de nous regrouper pour former une équipe et participer tous à cette compétition internationale.»
Alan Jordan complète: «C’est toujours plus sympathique de skier ensemble. On se motive mutuellement à s’entraîner davantage, le tout dans une bonne ambiance. En plus, on peut se coacher, se donner des conseils.»

La meilleure ligne
Comme pour tout bon amateur de freeride, c’est la sensation de liberté qui plaît au groupe: «Il y a l’adrénaline, les sensations», décrit premièrement Noé Caille. Puis, il y a «la recherche de la plus belle pente, de la meilleure ligne», explique Quentin Hoffer. C’est d’ailleurs avant même de grimper au sommet d’une pente qu’ils effectuent leurs repérages: «On étudie la ligne avec des jumelles, décrit Raphaël Huber. Puis, on grimpe et on essaie de réaliser ce qu’on avait envisagé. Tracer une ligne imaginaire est une chose. La réussir en est une autre.»
S’élancer hors des pistes est dangereux. Des événements malheureux l’ont encore démontré durant les vacances de Noël. Pour le Team Friski, «le risque existe, c’est sûr, concède Alexandre Schouwey. Mais nous nous informons à chaque fois que nous partons skier. L’effet de groupe ne nous pousse pas à tenter n’importe quoi.»
Bien conscients des dangers, les jeunes freeriders ont tous déjà suivi des cours avalanche. Sur leur page Facebook, ils émettent même des messages de prévention selon les conditions météorologiques. Une prudence que certains skieurs lambda n’observent pas. «Il existe des préjugés concernant notre sport, admet Jean Gremion. Mais, grâce à internet, le freeride commence vraiment à se faire connaître du grand public.»

«Les cuisses en feu»
Dans la région, les amateurs de ski ont peut-être déjà croisé la bande à Moléson, à Bellegarde, à La Videmanette ou à Gstaad. «L’hiver, pour nous entraîner, nous sommes sur les skis le plus souvent possible», décrit Lucas Gremaud. Car dévaler des couloirs, même durant quelques minutes, n’est pas une sinécure. «Physiquement, c’est très éprouvant, reprend Alexandre Schouwey. On croit que c’est très court, deux minutes. Mais, à la fin, les cuisses sont en feu. C’est tellement intensif.»
Intensité, sensations fortes et goût de la compétition: autant de raisons qui ont poussé la joyeuse bande à rendre l’effet de groupe fructueux.

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Un Tour, trois compétitions
En s’inscrivant au Freeride World Tour, les membres du Team Friski s’étaient engagés à disputer trois épreuves. La première a eu lieu le week-end dernier à Chamonix. La deuxième se déroulera samedi et dimanche en Autriche, avant la finale, prévue à Verbier à la fin du mois de mars.
Engagés en catégories 14 - 15 et 16 - 17 ans, les jeunes Sudistes ont déjà réussi à s’illustrer. Notamment Raphaël Huber, qui s’est hissé sur la troisième marche du podium de la classe 14-15 ans. Troisième l’année dernière du classement général final, il espère «gagner le Tour cet hiver». Une tâche pas évidente pour l’un des membres les plus expérimentés du groupe, qui figure dans une catégorie qui regroupe une vingtaine de participants venus principalement d’Autriche, de Suisse et de France. Alan Jordan a, lui, terminé 4e de cette même catégorie, Jean Gremion 6e.
Cette compétition de freeride se déroule chaque année. Elle permet ainsi aux jeunes skieurs de tenter leurs chances et de pouvoir participer à des compétitions dans de bonnes conditions. «Avant chaque épreuve, nous devons suivre un briefing en compagnie de tous les autres participants, décrit Jean Gremion. Les organisateurs nous présentent l’endroit.»

Encadré par des guides
Raphaël Huber poursuit: «Le matin avant la compétition, nous sommes suivis par des guides, qui nous encadrent pendant la montée.»
Pour participer à ce championnat: rien de plus simple: il suffit juste de s’inscrire (370 francs pour les trois épreuves). En effet, aucun contrôle n’est effectué avant le début de la compétition. «C’est étrange, oui, mais ceux qui ne savent pas skier ne viennent pas dans ce genre de concours», sourit Alexandre Schouwey.
En effet, à voir les pentes, les rochers et les sauts à effectuer lors d’une descente, il est préférable de s’abstenir en cas de doute. VAC