PAR PRISKA RAUBER
Après le chaste «appel des corps» du premier point du tractanda, vendredi soir à Bellegrade, lors de l’assemblée annuelle de la Fédération des corps de sapeurs-pompiers de la Gruyère (FGSP), le préfet Patrice Borcard a annoncé son intention de revoir le système de défense incendie du district. Son objectif: des économies pour les communes et une réduction du nombre de sapeurs-pompiers. «Le regroupement des corps, actuellement au nombre de quatorze, mais sans transiger sur l’efficacité du système.»
Une séance avec les différents Conseils communaux est agendée au 6 février afin de «lancer une radiographie de nos corps», avec l’évolution des besoins et des contextes en toile de fond. Mais avant d’esquisser ses intentions, Patrice Borcard a assuré les pompiers de sa reconnaissance. «Nous vivons avec l’assurance d’être secourus avec célérité et efficacité, le jour comme la nuit, grâce à votre engagement. Acceptez donc ces gerbes de mercis, que je vous transmets au nom des autorités et de la population.»
Malgré tout, pour beaucoup, la défense incendie est toujours trop chère. Quand on n’en a pas besoin. Pour limiter les coûts, une évolution est nécessaire, estime le préfet. «Les contextes ont changé. Le contexte politique, avec les fusions communales; le contexte économique, avec les sollicitations toujours plus grandes des communes pour absorber les effets de la démographie; le contexte technologique aussi et, enfin, le contexte sociologique, avec le recrutement toujours plus ardu de nouveaux sapeurs-pompiers. Sans oublier la difficulté de trouver des personnes disponibles en journée.»
Deniers publics
Intensifier les collaborations entre le Centre de renfort de la Gruyère et les corps locaux semble indispensable, juge le préfet. «Et envisager les prochains achats en fonction de la compatibilité avec les corps voisins.» Il le répète, sans affaiblir la mission des services du feu, il s’agit de veiller à une utilisation rationnelle des deniers publics, d’équilibrer les investissements. C’est l’objectif du groupe de travail qu’il va mettre sur pied, qui sera composé d’élus et de techniciens issus de l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB).
Des techniciens de l’ECAB dont le rôle sera de s’assurer que la défense incendie soit conforme aux principes FriFire, qui stipulent notamment que la première intervention doit avoir lieu dans les quinze minutes après l’appel, avec huit sapeurs au minimum. «Après, on laisse aux communes le soin de gérer l’organisation de leur système de défense incendie, donc de décider de fusions ou non», a indiqué le lieutenant-colonel Guy Wicky, inspecteur cantonal des sapeurs-pompiers.
A la FGSP, à chaud, on a accueilli l’intention du préfet avec bienveillance. «La fusion des corps est tout bénéfice», a confié son président Jean-Noël Mauron en aparté. «Pour vous donner un exemple: si les corps d’Echarlens, Marsens-Vuippens, Sorens et Pont-en-Ogoz fusionnaient, le nombre d’interventions se monterait à une cinquantaine par an, avec possibilité de monter des groupes de piquet, etc. S’il n’y avait pas fusion, on devrait demander à nos hommes d’intervenir en moyenne une fois par semaine. Qui le peut?»
Du matériel plus lourd
Le commandant du corps de Sorens indique toutefois que regrouper les corps nécessiterait la détention de matériel plus lourd. «Mais pour contrebalancer, le parc des machines diminuerait.» Pas sûr que de nouveaux frais entrent dans le concept économie. Reste que la question de la disponibilité des hommes et femmes du feu est réellement problématique. «De moins en moins de patrons sont prêts à laisser partir leurs employés durant leurs heures pour partir en intervention, confie Jean-Noël Mauron. Et c’est bien compréhensible, d’autant plus dans la conjoncture économique actuelle. Alors envisager des solutions pour s’attaquer au problème est positif.»
Parmi les gerbes de mercis lancés par les nombreux intervenants de cette soirée, aux membres, aux anciens, aux jeunes, aux responsables, à l’engagement bénévole, aux invités, les employeurs et les conjoints des pompiers n’ont d’ailleurs pas été oubliés.
Commentaires
Noth Stéphane (non vérifié)
mar, 04 fév. 2014
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