Renforcer l’aspect bien-être de l’unité de soins palliatifs

| sam, 26. avr. 2014
Les patients de l’unité de soins palliatifs seront transférés de Châtel-Saint-Denis à Villars-sur-Glâne. Ils emménageront mercredi prochain à la villa Saint-François. Un hôpital de jour et une résidence palliative seront créés.

PAR ANGELIQUE RIME

«Il s’agit d’un grand moment de vie.» Président du conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois (HFR), Philippe Menoud n’a pas caché son enthousiasme hier, au moment de l’inauguration officielle des nouveaux locaux de l’unité de soins palliatifs. Mercredi prochain, les patients seront transférés de l’hôpital de Châtel-Saint-Denis à la villa Saint-François, à Villars-sur-Glâne. Un déménagement qui marquera la fin d’un cycle pour le site hospitalier veveysan.
«Châtel-Saint-Denis reste une porte d’entrée de l’HFR, a rappelé Stéphane Brand, chef de projet, en conférence de presse. Des consultations en orthopédie, en chirurgie et des examens de radiologie continueront d’y être pratiqués.» Initialement prévu en décembre dernier, le transfert a été retardé en raison de la découverte d’amiante sur le site sarinois.
Les nouveaux locaux se trouvent à une encablure de l’Hôpital cantonal. «Une situation géographique qui permet de répondre aux critères demandés par l’Association suisse pour la qualité des soins palliatifs, notamment», a expliqué le professeur  Bernard Vermeulen, directeur médical de l’HFR.
Le bâtiment compte quatorze chambres individuelles, réparties sur deux étages. Pour l’instant, le nombre de lits de l’unité est cependant maintenu à douze, comme à Châtel-Saint-Denis. «Mais le but est de l’augmenter, commente le docteur Boris Cantin, médecin adjoint. Dès que nous disposerons de la dotation nécessaire.» Dix-sept chambres sont également aménagées pour le personnel de l’HFR.
Différents travaux, pour un total de 1,8 million, ont été effectués pour adapter la villa Saint-François à sa nouvelle mission: ajustements architecturaux, salles de bain mises aux normes, installation d’un monte- lit. «L’aspect bien-être a été mis en avant», ajoute Stéphane Brand. Ainsi, une pièce destinée aux massages, aux drainages lymphatiques, aux bains et aux soins a été aménagée.
Des prestations qui répondent à l’approche pluridisciplinaire voulue par les soins palliatifs, mais qui ne sont pas toujours remboursées par les assurances maladie. Ainsi l’HFR a décidé de créer la fondation Serenitas. La structure, qui verra officiellement le jour d’ici à quelques mois, aura notamment pour mission de trouver des fonds pour financer ses soins. Elle sera présidée par le syndic de Bulle, Yves Menoud.


Consultations ambulatoires
Dans les prochains mois, voire années, le site de la villa Saint-François sera amené à se développer. Un pôle ambulatoire va y voir le jour.  «Des consultations seront possibles afin d’intervenir plus tôt dans la maladie», indique le docteur Boris Cantin. Un hôpital de jour sera également créé. «Dans un premier temps, l’idée est que la structure accueille entre quatre et six patients, deux journées par semaine, précise le médecin. L’offre pourra être étendue par la suite.»
Dernière nouveauté, la mise en place d’une résidence palliative, avec au minimum six lits, pour les moyens et longs séjours. Actuellement, les patients restent en moyenne vingt et un jours dans l’unité. Passé ce délai, certains problèmes se posent avec les assurances.

 

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«Une page se tourne à Châtel-St-Denis»


Infirmière cheffe des soins palliatifs depuis 2012, Sylvie Ferreira et sa collègue infirmière Salomé Wicht reviennent sur le transfert de l’unité de Châtel-Saint-Denis à Villars-sur-Glâne, le 30 avril. Entre pincement au cœur et nouveaux défis. Interview.
 
Combien de patients sont encore hospitalisés à Châtel-Saint-Denis?
Sylvie Ferreira: Cinq, mais il se peut qu’il y ait encore une ou deux entrées d’ici le jour du transfert. Depuis le
1er avril, les admissions ont toutefois été restreintes, ce qui a permis à certains collègues de se libérer pour aider à l’installation des locaux de Villars-sur-Glâne.
Dès la mi-avril, nous avons aussi essayé d’éviter d’hospitaliser des patients qui sont en toute fin de vie, pour leur épargner un transfert.

Comment les patients prennent-ils ce déménagement?
Salomé Wicht: Certains se posent beaucoup de questions sur le «comment». Est-ce que les familles doivent les accompagner, payer le transport? Ils se font également du souci par rapport à la distance, car beaucoup de patients viennent de la région de la Veveyse. Ils ne redoutent pas une diminution des visites, mais s’inquiètent pour leur famille qui mettra davantage de temps pour venir les trouver.
SF: Ils ne sont pas trop stressés. Nous avons essayé de nous y prendre vraiment à l’avance, il y a un mois et demi, pour les préparer et les intégrer à ce déménagement. Certains craignaient aussi que l’équipe soit différente. Or, 90% du personnel restera le même. Que des choses soient pérennes les a sécurisés.  

Et leur famille?
SW: Beaucoup reviennent sur la décision politique concernant la fermeture du site de Châtel-Saint-Denis. Ils la regrettent. Ils nous demandent souvent notre avis. Je leur dis que des décisions ont été prises et que maintenant, il est important d’avancer.
SF: Les personnes qui connaissent la villa Saint-François se réjouissent que le transfert soit fait dans ce cadre-là et que l’unité ne se soit pas retrouvée dans un milieu hospitalier cloisonné.   

Une page se tourne avec la fermeture définitive des soins palliatifs à Châtel-Saint-Denis, qu'est-ce qui va vous manquer de cet endroit?
SW: Le fait qu’on ne soit plus sur un même étage. A la villa Saint-François, l’unité sera sur deux niveaux. A Châtel, nous avions une bonne vision d’ensemble des dix chambres, ce qui permettait une collaboration optimale. Nous garderons des souvenirs de moments extraordinaires vécus dans le bâtiment.   
SF: Il y a eu plusieurs phases de deuil, ce qui a été bénéfique. Cela fait plus d’une année que les soins palliatifs sont seuls dans le bâtiment. Nous n’avions déjà plus accès à certains lieux, comme la cafétéria.
 
Dans quel état d'esprit est le personnel?
SW: D’un côté, on se réjouit de déménager à la villa Saint-François. Ce bâtiment inspire la tranquillité, le confort et le bien-être. Les jardins sont magnifiques, sans oublier la vue sur les montagnes. A Châtel-Saint-Denis, les locaux sont plus rustiques. Lorsqu’on sort, on est directement dans la ville, avec la circulation. Alors qu’ici, tout est plus calme.
De l’autre, on prend la mesure que les soins palliatifs ont été créés à Châtel-Saint-Denis et que c’est fini.
SF: Comme dans tout changement, il y a des appréhensions. Dans l’équipe, il y a des collaboratrices qui travaillent depuis vingt-cinq ans à Châtel-Saint-Denis. Elles ont vu tous les changements de l’hôpital. Pour elles, c’est un pincement au cœur. Mais elles veulent tout de même tenter l’expérience ici.

Les conditions de travail seront-elles meilleures à Villars-sur-Glâne?
SF: Il y a de gros points positifs: nous disposerons d’une chambre des familles par étage, et les chambres des patients seront toutes individuelles et lumineuses.
Un espace enfants sera créé. La salle à manger est plus spacieuse, c’est presque une salle de bal! Souvent, nous sommes près de vingt-cinq personnes à midi. Un cuisinier sera aussi sur place et pourra ainsi mieux répondre aux demandes des patients.
SW: Il y aura également un espace bien-être, alors qu’à Châtel, c’était une salle de bain sans fenêtres. Le bureau des infirmières est plus spacieux et plus ergonomique.

Le fait d’être proche de l’Hôpital cantonal est-il un avantage?
SW: Cela va changer pour les patients. Ceux qui habitent la région de Fribourg viendront plus facilement aux soins palliatifs qu’auparavant. Le mot en soi fait déjà peur et la distance jusqu’à Châtel-Saint-Denis était souvent un frein. En fait, nous avions beaucoup de patients des environs de la Veveyse.
Nous pourrons aussi nous procurer plus facilement des médicaments. A Châtel-Saint-Denis, lorsque les deux étages du dessous ont fermé, nous devions vraiment tout anticiper pour le week-end. Avoir un plateau technique tout près est rassurant.
SF: J’espère aussi que grâce à ce transfert, nous aurons davantage de bénévoles qui viendront visiter les patients. C’est une grosse ressource. Parfois, Châtel-Saint-Denis était un facteur limitant. Même s’il y en a de très engagés. Actuellement, cinq bénévoles viennent régulièrement, au moins une fois par semaine. Certains ne vont pas nous suivre et pour l’instant, il en reste trois.

 

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