PAR JEROME GACHET
La police cantonale s’est dotée de trois tasers. Confirmée par son porte-parole Gallus Risse, la nouvelle en surprendra plus d’un. En 2009, en réponse à une question de Stéphane Peiry (UDC), qui encourageait un tel achat, le Conseil d’Etat n’en voyait ni «le besoin ni la nécessité». Il se basait sur une analyse de la police s’inquiétant de la dangerosité de ces armes envoyant des décharges paralysantes, tout en estimant que leur utilisation serait très rare. Selon cette étude, le taser aurait pu s’avérer utile lors de deux interventions en 2008 et aucune en 2009.
Or, la police cantonale possède de tels appareils depuis le début de l’année déjà. Pourquoi ce revirement? Selon Gallus Risse, la situation a changé: les violences contre les fonctionnaires et d’autres interventions où le taser aurait été d’un précieux secours sont en recrudescence. «Ceci a donné l’impulsion pour acheter les tasers», explique-t-il.
A la Direction de la sécurité et de la justice (DSJ), Didier Page abonde dans le même sens. Tout en ajoutant que l’on peut «désormais s’appuyer sur l’expérience des nombreuses polices qui en ont fait l’acquisition, expose le conseiller scientifique. La DSJ a donc pris acte de cet achat et l’a approuvé. De plus, la prise de position du Conseil d’Etat de 2009 n’avait pas valeur de décision. C’était une appréciation à un moment donné.»
Cette acquisition ne grèvera quoi qu’il en soit pas les caisses publiques: entièrement équipé (enregistreur, caméra, lampe de poche et laser pour viser), un taser ne revient qu’à 2000 francs environ.
Les trois appareils ne seront pas à la disposition de tous les policiers, mais uniquement des seize agents de la force d’intervention (GRIF). Formés en février dernier, ils sont prêts à s’en servir. Ils n’attendent en fait plus que la finalisation des directives internes, qui doit intervenir très prochainement.
Conditions strictes
Le pistolet si controversé sera soumis à une utilisation restrictive, insiste la police. Pour résumer, il pourra servir à neutraliser une personne très dangereuse pour elle-même ou pour des tiers, un individu en situation d’excitation totale ou victime d’une crise de démence. «Cela dit, il est difficile de fixer un cadre clair. Tout dépend de la situation, qui doit être exceptionnelle», reprend le porte-parole, ajoutant que le commandant aura le dernier mot.
Pour lui, l’avantage du taser est clair: il permet de combler le vide existant entre la matraque télescopique, qui suppose de se trouver à 1,50 m de la personne, et l’arme de service. «Le but est bien sûr d’éviter l’usage de l’arme à feu», résume-t-il. Le taser, qui propulse deux électrodes, a une portée d’une dizaine de mètres.
50000 volts
Reste la question épineuse du danger pour la santé que représente ce pistolet qui immobilise momentanément un individu grâce à deux décharges paralysantes de 50000 volts. Selon une étude d’Amnesty International, 350 personnes sont décédées entre 2001 et 2008 après une électrocution au taser.
Sans minimiser le danger, Gallus Risse insiste sur la formation qu’ont reçue les agents. «Le laser permet aussi de viser avec précision et d’éviter les parties sensibles du corps comme le visage ou le cœur. Les risques d’accidents graves sont limités.»
Apparu d’abord en Suisse alémanique, le taser gagne du terrain en Suisse romande puisque plusieurs polices cantonales, comme celles de Genève ou de Vaud, se sont dotées de quelques appareils. Le Parlement valaisan, à qui cet objet a été soumis en mai dernier, l’a en revanche refusé d’une voix.
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