PAR VALENTIN CASTELLA
Il y a deux ans à cette même période de l’année, les joueurs de Fribourg-Gottéron préparaient leur valise pour Davos et la Coupe Spengler en sifflotant. A cette époque, ils terminaient la plupart de leurs prestations par une Kiwi Dance enjouée, devant un public heureux de voir son équipe triompher au sommet du classement. Le club pouvait penser au titre. Et, même après la finale perdue face à Berne, chacun se disait que ce ne serait que partie remise.
Sauf que les Dragons sont passés d’un état euphorique à celui de normal lors de l’exercice 2013/2014, avant de frôler la déprime cette saison. Actuellement dixièmes à deux points de la barre, les hommes de Gerd Zenhäusern ne sont pas encore perdus et peuvent espérer un dénouement positif. Sauf que plusieurs facteurs n’encouragent pas à l’optimisme.
Des résultats décevants
L’arrivée de Gerd Zenhäusern était synonyme de renaissance. Cela s’est vérifié d’entrée, avec plusieurs succès encourageants. «Ces victoires nous ont permis de reprendre confiance, confirme l’attaquant Tristan Vauclair. Sauf que nous sommes ensuite retombés dans nos travers. Nous avons recommencé à perdre trop facilement le puck. Le dernier match face à Lausanne est un bon exemple.»
«Parfois trop nerveux», comme le dit le Jurassien, les Fribourgeois n’ont jamais pu totalement gommer leur départ catastrophique, la faute notamment à des points perdus face aux adversaires directs. La pression que dégagent ces rencontres est-elle trop forte? «Je ne pense pas, reprend Tristan Vauclair. Le week-end dernier face à Ambri et Lausanne, nous avons simplement manqué notre affaire. Il n’y a pas de différences entre les grosses équipes et nos adversaires directs. C’est juste qu’il faut parvenir à effacer ces erreurs, notamment sur le plan défensif et en situation spéciale.»
Un effectif décimé
Si Fribourg-Gottéron est en mauvaise posture, les nombreuses blessures en sont, selon les protagonistes, la principale raison. «Une fois que je pourrai compter sur un effectif plus ou moins complet, peut-être que nous pourrons parler de progression, lance l’entraîneur Gerd Zenhäusern. Depuis que je suis arrivé, j’ai accueilli dix nouveaux joueurs. C’était du bricolage.»
Selon lui, les blessures peuvent expliquer la baisse de régime qu’a observée son groupe ces dernières semaines. «A un certain moment, il me manquait six attaquants. Toujours les mêmes joueurs se retrouvaient sur la glace. Ils ont fini par s’user.»
Le bal des pigistes de LNB, venus dépanner à la dernière minute, n’a également pas permis à l’équipe de construire une base solide. «Ils nous ont beaucoup aidés, mais ils n’ont pas eu l’influence des joueurs blessés.»
Un public moins présent
Ce manque de résultats a d’abord surpris, avant d’agacer les supporters. A tel point que certains ne viennent plus à la patinoire. Le président par intérim Michel Volet estime la baisse entre «300 et 400 spectateurs par match». «On ressent qu’il y a moins d’ambiance, admet Tristan Vauclair. Comme nous, les gens sont nerveux. Et, lorsque les choses ne fonctionnent pas sur la glace, on l’entend dans le public. Qu’on se fasse huer ne me dérange pas. Car nous ne lui offrons pas de belles prestations et il a le droit d’être mécontent.» L’ailier poursuit, sur une note d’espoir: «A nous de lui montrer qu’on va se battre pour les play-off.»
Des finances en berne
Des spectateurs moins présents, c’est également des rentrées financières qui s’évaporent, tant au niveau du ticketing que de la restauration. «Nous connaissons actuellement quelques soucis, confirme Michel Volet. Car nous avions établi un budget sur un taux d’occupation plus grand. Mais il n’y a rien de dramatique non plus. Nous avons souvent joué le mardi et beaucoup de matches ont eu lieu, notamment en raison de la Ligue des champions. J’espère que nous parviendrons à corriger quelque peu cette baisse après les fêtes.» Le président par intérim poursuit: «Ce qui me fait mal au cœur, c’est que nous devons refuser des places assises et qu’il reste 300 à 400 places debout la plupart de temps.»
Michel Volet l’admet: le club traverse une période délicate. Mais le Gruérien rassure: «Oui, ce sera une saison difficile. Mais Fribourg-Gottéron n’est pas en danger financièrement. Ces dernières années, nous avons effectué les amortissements qu’il fallait.»
Des finances en berne impliquent forcément une probable baisse de l’attractivité sur la glace: «Nous ne pouvons pas nous reposer sur un mécène pour combler les déficits, comme c’est le cas dans d’autres clubs, reprend Michel Volet. Nous pouvons juste dépenser ce que nous possédons. Il faudra donc être malin et travailleur.»
Gerd Zenhäusern confirme: «Nous avons déjà signé deux excellents joueurs étrangers (n.d.l.r.: Mauldin et Pouliot. Le club a également prolongé mardi le contrat du défenseur Marc Abplanalp et engagé l’attaquant Nathan Marchon et le défenseur Mathieu Maret). Il faudra trouver le bon équilibre et avoir aussi un peu de chance. Que les nouveaux éléments s’intègrent rapidement.»
Une direction ad interim
Pour dénicher les derniers pions qui manquent pour compléter l’effectif, soit un ou deux défenseurs et deux ou trois attaquants, le club doit faire avec les moyens du bord. A son arrivée, Gerd Zenhäusern avait dit ne pas vouloir endosser le rôle de directeur sportif. Sauf que le Valaisan a dû s’impliquer, faute de combattants: «Je le fais parce qu’il le faut et que nous devons préparer l’équipe pour l’année prochaine.»
A quand la nomination d’un directeur sportif qui déchargerait l’entraîneur? «Nous travaillons actuellement sur la création d’une commission technique et non pas sur l’engagement d’un seul homme», se projette le président par intérim. Enfin, dernier détail
à régler, et non des moindres: nommer un nouveau président. Une décision qui n’est pas une priorité pour les dirigeants, qui disent se concentrer principalement sur l’aspect sportif et une qualification pour les play-off.
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